Les refuges de pierre
Zelandoni que l’eau était presque prête. A
la façon dont la femme obèse tourna brusquement la tête dans sa direction, Ayla
comprit que la jeune fille avait parlé d’elle. Elle regarda la doniate se lever
péniblement de son coussin et pensa à Creb, le Mog-ur du Clan. Boiteux, il
avait des difficultés avec les sièges trop bas, et l’endroit qu’il préférait,
quand il voulait se détendre, était un vieil arbre tordu dont une branche basse
avait juste la bonne hauteur pour qu’il puisse s’asseoir et se lever
facilement. Zelandoni s’avança dans la pièce à cuire en disant :
— L’eau est chaude, paraît-il. Et, si j’ai bien compris
Folara, tu vas lui apprendre à allumer un feu avec des pierres ? Quel est
ce tour ?
— Oui. J’ai des pierres à feu. Jondalar en a aussi. Il
suffit de savoir s’en servir, ce n’est pas difficile. Je te montrerai comment
quand tu voudras. C’était notre intention, de toute façon.
Zelandoni se tourna vers Willamar, et Ayla la sentit partagée.
— Pas maintenant, répondit-elle à voix basse.
D’une poche attachée à la ceinture nouée autour de son ample
taille, elle fit tomber au creux de sa main des herbes séchées, puis les jeta
dans l’eau fumante.
— Si seulement j’avais un peu d’achillée... marmonna-t-elle
pour elle-même.
— J’en ai, si tu veux.
— Quoi ? fit Zelandoni d’un ton distrait.
Concentrée sur sa besogne, elle n’avait guère prêté attention à
l’étrangère.
— J’ai de l’achillée, si tu en veux. Tu viens de regretter
de ne pas en avoir.
— Vraiment ? J’ai dû réfléchir à voix haute. Mais
pourquoi en aurais-tu ?
— Je suis une femme à médecines... une guérisseuse. J’ai
toujours les herbes les plus utiles sur moi, dont l’achillée. Elle apaise les
maux d’estomac, elle détend, elle aide les blessures à guérir proprement et
rapidement.
La mâchoire de Zelandoni lui serait tombée sur la poitrine si
elle ne s’était maîtrisée.
— Guérisseuse ? La femme que Jondalar a ramenée est
une guérisseuse ? (Elle faillit éclater de rire puis ferma les yeux et
secoua la tête.) Il va falloir que nous ayons une longue conversation Ayla.
— Quand tu voudras. Mais tu veux de l’achillée ?
Zelandoni réfléchit : l’étrangère ne peut faire partie de
Celles Qui Servent. Sinon, jamais son peuple ne l’aurait laissée suivre un
homme qui rentrait chez lui. Elle s’y connaît un peu en herbes, mais beaucoup
de gens ont quelques notions dans ce domaine. Si elle a de l’achillée, pourquoi
ne pas l’accepter ? Son odeur est aisément reconnaissait, je saurai si c’en
est vraiment.
— Oui, si tu en as.
Ayla retourna à son sac de voyageur, plongea la main dans une
poche latérale et en tira son sac à remèdes en peau de loutre. Il commence à
être usé, pensa-t-elle, il faudra bientôt le remplacer.
Lorsqu’elle revint dans la pièce à cuire, Zelandoni examina avec
intérêt l’étrange sac qui semblait fabriqué avec la peau de tout un animal.
Jamais elle n’avait rien vu de tel. Ayla souleva la tête de la loutre qui
servait de rabat, desserra le lacet noué autour du cou, regarda à l’intérieur,
s’empara d’une petite poche. Elle savait ce qu’elle contenait à la couleur du
cuir, à la fibre de la cordelette qui la fermait, au nombre et à la disposition
des nœuds de ses extrémités. Elle ouvrit la poche, la tendit à la doniate.
Zelandoni se demanda comment Ayla pouvait être sûre de ce qu’elle
contenait sans l’avoir reniflée, mais, quand elle la porta à ses narines, elle
sut que c’était la bonne herbe. Elle en versa un peu sur sa paume, l’examina
avec soin pour voir s’il n’y avait que les feuilles, ou les feuilles et les
fleurs, ou quelque chose d’autre. C’étaient uniquement des feuilles d’achillée,
semblait-il. Elle en mit quelques pincées dans le grand bol.
— J’ajoute une pierre ? s’enquit Ayla, qui se demandait
si la doniate voulait une simple infusion ou une décoction, de l’eau chaude ou
de l’eau bouillante.
— Non. Rien de trop fort. Il a seulement besoin d’une
infusion, il est déjà presque remis de son émotion. Willamar est un homme fort,
il se fait maintenant du souci pour Marthona. Je vais lui en donner aussi à
elle, mais il faut que je fasse attention à cause de l’autre remède.
Ayla comprit que la doniate devait administrer régulièrement une
autre médecine à la mère de
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