Les refuges de pierre
feu, qui contenait plusieurs compartiments
et des petites poches. De l’une d’elles, elle extirpa des excréments de cheval
séchés et broyés en poudre, d’une autre des fibres d’herbe à feu pelucheuses
qu’elle posa sur le crottin, d’une troisième des copeaux de bois.
Folara l’observait. Manifestement, Ayla avait appris pendant son
Voyage à avoir toujours sous la main de quoi faire un feu, mais Folara se
sentit intriguée quand Ayla prit deux pierres dans son sac. Se penchant
au-dessus de l’amadou, elle frappa les deux pierres l’une contre l’autre,
souffla, et une flamme s’éleva comme par magie.
— Comment as-tu réussi ? demanda la jeune fille,
interdite.
— Je te montrerai plus tard. Pour le moment, nourrissons le
feu pour chauffer l’eau.
— Comment sais-tu ce que je m’apprêtais à faire ? s’étonna
Folara, envahie d’un sentiment qui ressemblait à de la peur.
La journée avait été trop éprouvante, trop riche en
émotions : son frère rentré après une longue absence, accompagné d’une
inconnue et d’animaux apprivoisés ; l’annonce de la mort de son autre
frère ; la réaction inattendue de Willamar ; l’inconnue qui faisait
jaillir le feu comme par enchantement et semblait savoir des choses que
personne ne lui avait dites... Folara commençait à se demander si les rumeurs
sur les pouvoirs surnaturels de cette femme n’étaient pas fondées.
Voyant son trouble, Ayla chercha à la rassurer :
— J’ai rencontré Zelandoni, je sais qu’elle est votre
guérisseuse. C’est pour cela que tu es allée la chercher, non ?
— Oui, c’est la doniate.
— En général, les guérisseuses préparent une tisane ou un
breuvage pour calmer ceux qui sont perturbés. J’ai deviné qu’elle t’avait
demandé de faire bouillir de l’eau.
Folara se détendit : l’explication était sensée.
— Et je te montrerai comment allumer un feu avec ces
pierres. Tout le monde peut y arriver.
— Tout le monde ?
— Oui, même toi, dit Ayla en souriant.
La jeune fille sourit à son tour. Dévorée de curiosité depuis qu’elle
avait rencontré cette femme étrange, Folara s’était abstenue de l’interroger,
pour ne pas être impolie. Elle avait encore plus de questions à poser,
maintenant, et l’inconnue semblait moins inabordable. Elle paraissait en fait
plutôt gentille.
— Tu m’expliqueras aussi, pour les chevaux ?
Ayla se rendit soudain compte que, si Folara était à tous égards
une grande et belle jeune femme, elle ne l’était pas depuis très longtemps.
Elle demanderait à Jondalar combien d’années comptait sa sœur, mais elle
devinait que Folara était encore très jeune, sans doute à peu près du même âge
que Latie, la fille de Nezzie, la compagne du chef du Camp du Lion.
— Bien sûr. Je t’emmènerai même les voir, dit Ayla en
jetant un coup d’œil à la table où les autres étaient réunis. Demain,
peut-être, quand tout sera plus calme. Tu peux descendre les voir quand tu
veux, mais ne t’approche pas trop avant qu’ils te connaissent.
— Entendu.
Se souvenant de la fascination que les chevaux exerçaient sur
Latie, Ayla proposa :
— Tu aimerais monter sur le dos de Whinney ?
— Oh ! Je pourrai ? s’exclama la jeune fille, les
yeux écarquillés.
A cet instant, Folara lui rappelait la jeune Mamutoï qui
montrait une telle passion pour les chevaux qu’Ayla s’était demandé si Latie n’essaierait
pas d’élever elle-même un poulain, un jour.
Ayla reporta son attention sur le feu tandis que Folara prenait
une outre – la panse de quelque gros animal.
— Il faut que j’aille chercher de l’eau, elle est presque
vide.
Ayla souffla sur la flamme encore vacillante, ajouta des copeaux
puis le petit bois que Folara lui avait donné, et enfin de grosses branches.
Elle trouva les pierres à cuire, en mit plusieurs à chauffer dans le feu.
Folara revint avec l’outre remplie, et visiblement lourde, se dit Ayla quand la
jeune fille l’inclina pour verser de l’eau dans un grand bol de bois. C’était
celui avec lequel Marthona préparait ses tisanes. Quand les pierres furent
chaudes, Ayla se servit des pinces aux extrémités noircies que Folara lui avait
remises pour en saisir une. La pierre grésilla et provoqua un panache de vapeur
lorsque Ayla la laissa tomber dans l’eau. Elle en ajouta une deuxième, ôta la
première et la remplaça par une troisième.
Folara alla prévenir
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