Les refuges de pierre
gens aiment
apprendre une façon plus agréable ou plus rapide de faire les choses, mais cela
dépend quelquefois de la manière dont on le leur montre. Jondalar est resté
parti longtemps. Il a mûri, il a découvert beaucoup de choses, mais les gens qu’il
connaît n’étaient pas là pour assister à cette transformation, alors certains d’entre
eux le voient encore comme il était avant son Voyage. Maintenant qu’il est de
retour, il brûle de partager ses trouvailles, ce qui est louable, mais il
oublie qu’il n’a pas tout appris d’un coup. Même cette nouvelle arme, précieuse
pour la chasse, demande de la pratique. Ceux qui se sentent à l’aise avec leurs
armes habituelles n’auront peut-être pas envie de fournir l’effort nécessaire
pour savoir comment se servir de la nouvelle. Cela dit, je suis convaincue que
tous les chasseurs l’utiliseront un jour.
— Tu as raison. Le lance-sagaie demande de la pratique,
reconnut Ayla. Nous avons mis du temps à apprendre.
— Et ce n’est qu’un exemple, poursuivit la doniate. (Elle
prit une écuelle creusée dans une omoplate de cerf, y plaça quelques tranches
de viande.) Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle à la femme qui se tenait
à proximité.
— Du mammouth. Plusieurs chasseurs de la Dix-Neuvième
Caverne sont partis en expédition vers le nord et ont abattu un mammouth. Ils
en ont rapporté une partie à la Réunion pour partager. Je crois savoir qu’ils
ont tué aussi un rhinocéros laineux.
— Cela fait longtemps que je n’ai pas mangé de mammouth,
dit Zelandoni. Je vais me régaler.
— As-tu déjà goûté du mammouth ? demanda la femme à
Ayla.
— Oui. Les Mamutoï, le peuple chez qui je vivais avant de
venir ici, sont des chasseurs de mammouths réputés et ils chassent aussi d’autres
animaux. Moi non plus, je n’en ai pas mangé depuis longtemps.
Zelandoni songea à lui présenter Ayla, mais, si elle se lançait
dans les présentations, elle n’en finirait pas, et elle n’avait pas encore
convaincu Ayla de la nécessité d’une cérémonie pour faire connaître les pierres
à feu. Elle se retourna vers elle en ajoutant à son assiette des racines
blanches et rondes, des noix pilées, un peu de légumes verts – des
orties, sans doute – et des morceaux de têtes de champignons marron
et spongieux.
— Jondalar t’a aussi ramenée, Ayla. Toi et tes animaux. Tu
dois imaginer comme c’est stupéfiant pour eux. Ils ont chassé des chevaux, ils
ont observé leurs troupeaux, mais ils n’ont jamais vu de bêtes se conduire
comme les tiennes. C’est effrayant, au début, de voir ces chevaux aller là où
tu veux, de voir ce loup traverser un camp plein de gens et faire ce que tu lui
dis...
Elle eut un signe de tête en direction de Loup, qui lui répondit
par un jappement. C’était une habitude qu’elle et lui avaient prise, et qui
étonnait un peu Ayla. Zelandoni ne saluait pas toujours Loup quand elle le
voyait, et lui-même l’ignorait jusqu’à ce qu’elle le fasse, puis répondait
alors par un bref aboiement. Elle le touchait rarement, se contentait de lui
tapoter parfois la tête. Il prenait alors la main de la doniate entre ses crocs
sans jamais y laisser de marques. Elle l’acceptait en disant qu’ils se
comprenaient, et Ayla avait l’impression qu’ils se comprenaient effectivement,
à leur manière.
— D’après toi, tout le monde peut y arriver en commençant
avec un jeune animal. C’est peut-être vrai mais les Zelandonii l’ignorent. Cela
ne leur paraît pas naturel, alors ils pensent que ça doit venir d’un autre
monde, du Monde des Esprits. Je suis vraiment étonnée qu’ils aient aussi bien
accepté tes animaux, mais ils les ont acceptés au prix d’un gros effort. Et
nous voulons maintenant leur montrer quelque chose d’autre, que personne n’a
jamais vu. Ils ne te connaissent pas encore, Ayla. Je suis sûre qu’ils auront
envie d’utiliser la pierre à feu une fois qu’ils auront vu comment on s’en
sert, mais elle peut aussi les effrayer. Je crois qu’il faut qu’ils la
considèrent comme un Don de la Mère, ce qui est possible si elle est d’abord
comprise et acceptée par la Zelandonia, puis présentée selon un rituel
approprié.
Les explications de la Première semblaient logiques, mais, dans
un coin de son esprit, Ayla songea que la doniate pouvait être très persuasive.
— Je comprends, dit-elle. Je montrerai à la Zelandonia
comment se servir
Weitere Kostenlose Bücher