Les refuges de pierre
la
Zelandonia ? fit la Dix-Neuvième. Un murmure parcourut le groupe des
acolytes, qui prenaient rarement la parole.
— Pas cette fois. Je ne lui ai pas encore demandé si elle
souhaite poursuivre son apprentissage.
Ayla fut consternée. Bien qu’elle ne vît pas d’inconvénient à
discuter de remèdes et de soins avec certains d’entre eux, elle n’avait aucune
envie de devenir doniate. Elle désirait simplement s’unir à Jondalar, avoir des
enfants, et elle avait remarqué que c’était rare parmi les Zelandonia. Elles
pouvaient prendre un compagnon mais on eût dit que le service de la Grande
Terre Mère exigeait tellement d’elles qu’elles n’avaient plus le temps d’être
mères.
La Quatorzième revint à la charge :
— Alors, que fait-elle ici ?
Des cheveux gris et fins s’étaient détachés du chignon qu’elle
portait derrière la tête, plus d’un côté que de l’autre, ce qui lui donnait un
aspect négligé. Par gentillesse, l’un d’entre eux aurait pu lui suggérer avec
tact de remettre de l’ordre dans sa chevelure avant de sortir, mais la Première
ne s’y serait pas risquée. La Zelandoni querelleuse prenait tout ce qu’elle lui
disait pour une critique.
— Je lui ai demandé de venir parce que je voudrais qu’elle
vous montre quelque chose que vous trouverez très intéressant, je n’en doute
pas.
— Est-ce au sujet de ces animaux sur qui elle exerce un tel
pouvoir ? hasarda un autre doniate.
La Première sourit. Au moins quelqu’un était prêt à reconnaître
qu’Ayla possédait des capacités inhabituelles qui pouvaient être dignes de la
Zelandonia.
— Non, Zelandoni de la Partie Sud de la Vingt-Neuvième
Caverne. Cela fera peut-être l’objet d’une autre réunion, mais cette fois elle
a autre chose à vous montrer.
L’homme qui venait de parler était assistant de la Zelandoni
principale de la Vingt-Neuvième Caverne mais il ne lui était subordonné que
lorsqu’il s’agissait de parler au nom des Trois Rochers. Pour le reste, c’était
un Zelandoni à part entière et la Première le savait excellent guérisseur. Il
avait le même droit d’intervenir que n’importe quel autre doniate.
Ayla nota que Celle Qui Était la Première s’adressait aux
membres de la Zelandonia en leur donnant la totalité de leur titre, qui était
parfois long puisqu’il incluait le mot à compter de leur Caverne, mais
conférait de la solennité à ses propos. Il lui vint alors à l’esprit que ce mot
à compter était la seule façon de les distinguer, puisqu’ils avaient renoncé à
leur nom personnel et s’appelaient tous « Zelandoni ». Ils avaient,
conclut-elle, échangé leur nom contre un mot à compter.
Lorsqu’elle vivait dans sa vallée, elle avait gravé un trait sur
un bâton pour chaque jour écoulé. Quand Jondalar était entré dans sa vie, elle
avait déjà accumulé une bonne quantité de bâtons pleins de traits. A l’aide des
mots à compter, il avait pu lui dire combien de temps elle avait passé dans sa
vallée, et Ayla y avait vu une magie si puissante qu’elle en avait été presque
effrayée. Lorsqu’il lui avait appris à les utiliser, elle avait senti que ces
mots étaient très importants pour les Zelandonii. Elle se rendait maintenant
compte que, pour Ceux Qui Servaient la Mère, ils étaient plus importants que
des noms, et qu’en les utilisant la Zelandonia captait l’essence même de ces
puissants symboles.
La Première fit signe à Jonokol.
— Premier Acolyte de la Neuvième Caverne, pourrais-tu
utiliser le sable que je t’ai demandé d’aller chercher pour éteindre le
feu ? Premier Acolyte de la Deuxième Caverne, veux-tu souffler toutes les
lampes ?
Ayla reconnut ceux dont la Première avait sollicité l’aide :
ils l’avaient guidée dans la grotte profonde aux parois ornées d’animaux, aux
Rochers de la Fontaine. Des commentaires et des questions s’élevèrent du
groupe, qui devinait que la Première leur réservait une surprise spectaculaire.
Les plus âgés, pleins d’expérience, s’apprêtaient à critiquer. Connaissant les
techniques de présentation, ils étaient résolus à ne pas se laisser berner.
Quand la hutte fut plongée dans la pénombre, Ayla regarda autour
d’elle et remarqua que la lumière passait non seulement par les contours de l’entrée,
pourtant fermée, mais également par ceux d’un autre accès situé presque en
face. Elle se promit de faire plus tard le tour
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