Les refuges de pierre
faire
comprendre quelque chose, probablement au sujet du petit garçon.
— Je crois qu’il pourrait nous aider, poursuivit-elle. Il
sait déjà siffler comme nous pour appeler les chevaux mais il a promis de ne
pas le faire sans raison.
— J’en suis heureux, assura Jondalar. Nous aurons besoin de
son aide.
Le jeune infirme se détendit un peu et Ayla sourit à son
compagnon.
— Il est venu assister lui aussi à la démonstration, reprit
Ayla. Quel genre de cible as-tu installé ?
Ils se dirigèrent vers la foule, composée essentiellement d’hommes,
qui les observait. Quelques-uns semblaient s’apprêter à partir.
— Un dessin de cerf sur une peau attachée à un ballot d’herbe,
répondit Jondalar.
Ayla prit son propulseur et une sagaie en approchant ; dès
qu’elle découvrit les cibles, elle visa et rabattit le bras. Le bruit sourd du
trait qui se planta dans l’herbe fit sursauter plusieurs Zelandonii. Ils ne s’attendaient
pas que cette femme lançât une sagaie aussi vite. Elle effectua d’autres
démonstrations, mais atteindre une cible fixe n’avait rien d’extraordinaire,
et, même si Ayla lançait plus loin que n’importe quelle femme, ils avaient déjà
vu Jondalar transpercer plusieurs fois le cerf. Cela ne les étonnait plus.
Lanidar parut le comprendre. S’approchant d’Ayla, il lui tapota
le dos et murmura :
— Tu devrais demander au loup de te trouver un lièvre, ou
quelque chose comme ça.
Elle lui sourit, adressa un signe à l’animal. Autour d’eux, l’herbe
avait été piétinée par la foule et le gibier avait dû s’enfuir, mais, s’il
restait une seule bête, Loup la trouverait. Certains Zelandonii éprouvèrent un
peu d’appréhension en voyant le prédateur courir loin d’Ayla. Ils commençaient à
s’habituer à sa présence près de cette femme, mais le voir filer seul comme
ça...
Avant l’arrivée d’Ayla, un homme avait demandé à Jondalar quelle
distance il pouvait atteindre avec son instrument et Jondalar avait répondu qu’il
le lui montrerait une fois qu’il aurait récupéré ses sagaies, toutes plantées
dans les cibles. Il se dirigeait vers les ballots d’herbe avec quelques Zelandonii
quand Ayla vit Loup prendre une posture l’avertissant qu’il avait débusqué
quelque chose. Soudain, un lagopède des saules surgit dans un bruit d’ailes,
au-dessus d’un bosquet à mi-hauteur d’une pente. Ayla se tenait prête, avec sur
le propulseur un projectile léger, l’un de ceux que Jondalar et elle
utilisaient pour les petits animaux.
Elle lança l’arme en un geste si prompt qu’on eût dit une
réaction instinctive. L’oiseau touché poussa un cri qui attira l’attention des Zelandonii.
Ils levèrent la tête, virent le lagopède tomber du ciel et considérèrent l’instrument
avec un regain d’intérêt.
— Elle peut lancer à quelle distance ? demanda à
Jondalar l’homme qui l’avait déjà interrogé.
— Pose-lui la question.
— Simplement lancer ou toucher la cible ? s’enquit
Ayla.
— Les deux.
— Si tu veux savoir quelle distance un lance-sagaie permet
d’atteindre, j’ai une meilleure idée, dit-elle en se tournant vers le jeune
garçon. Lanidar, tu leur montres ?
L’enfant regarda autour de lui d’un air timide, mais Ayla se
rappela qu’il n’avait pas hésité à répondre à ses questions quand elle lui
avait parlé. Elle savait que l’attention générale ne le gênait pas. Il la
regarda, hocha la tête.
— Tu penses pouvoir te souvenir de la façon dont tu as
lancé, la fois d’avant ?
Il acquiesça. Elle lui tendit le propulseur et un projectile
léger. Il eut un peu de mal à placer le trait sur l’instrument avec son bras
trop court, mais y réussit sans aide. Il s’avança ensuite au milieu de la
prairie, ramena son bras valide en arrière et lança la sagaie comme la fois
précédente, en laissant l’arrière du propulseur se relever. La sagaie se planta
deux fois moins loin que celles d’Ayla ou de Jondalar mais à une distance bien
supérieure à celle qu’on pouvait attendre d’un jeune garçon, surtout affligé d’une
telle infirmité.
Personne n’avait plus envie de partir, maintenant. L’homme qui
avait réclamé la démonstration s’approcha de l’enfant, remarqua les décorations
de sa tunique et le petit collier à son cou, et parut surpris.
— Cet enfant n’est pas de la Neuvième Caverne, il est de la
Dix-Neuvième, dit-il à Ayla. Vous
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