Les refuges de pierre
donner
à manger ?
Lanidar acquiesça. Ayla ouvrit la main pour lui montrer deux
morceaux de racine blanche dont les chevaux étaient friands : de la jeune
carotte.
— Ta main droite est assez forte pour tenir quelque
chose ?
— Oui, répondit-il.
— Alors, tu leur donneras à manger en même temps. Tu leur
présentes le morceau en gardant la main ouverte, pour qu’ils puissent le
prendre. Ils sont jaloux quand on donne à manger à l’un et pas à l’autre.
Whinney chasserait Rapide. C’est sa mère, elle peut lui donner des ordres.
— Même les mères juments font ça ?
— Oui, même les mères juments.
Ayla se redressa, alla prendre les longes en disant :
— Je crois qu’il est temps de partir. Jondalar m’attend. Je
vais devoir les attacher de nouveau. Pour leur bien. Je ne veux pas qu’ils se
promènent partout en liberté avant que tout le monde au camp sache qu’il ne
faut pas les chasser. Je devrais leur construire un enclos plutôt qu’utiliser
des cordes qui se prennent dans les buissons.
La longe de Rapide était tellement emmêlée dans les broussailles
qu’elle dut aller prendre dans son sac la hachette que Jondalar avait fabriquée
pour elle. Pendant le Voyage, elle la portait sur elle, le manche passé dans
une boucle attachée à sa ceinture. Ce serait plus facile de démêler la corde si
elle brisait d’abord les branches des broussailles. Après avoir débarrassé les
longes des débris qui y demeuraient accrochés, elle rattacha les chevaux,
ramassa son sac et le lièvre, dont elle ferait cadeau à quelqu’un au camp de la
Neuvième Caverne, puis elle se tourna vers le jeune garçon.
— Si je t’apprends à siffler comme les oiseaux, tu feras
quelque chose pour moi, Lanidar ?
— Quoi ?
— Il m’arrive de devoir m’absenter presque toute la
journée. Pourrais-tu venir t’occuper des chevaux pendant que je suis
partie ? Tu les appelles en sifflant, tu vérifies que leur corde n’est pas
emmêlée, tu les caresses un peu. Ils aiment la compagnie. S’il y a un problème,
tu me préviens. Tu pourrais faire ça ?
L’enfant demeura ébahi. Il n’aurait jamais imaginé qu’elle lui
demanderait une chose pareille.
— Je pourrais aussi leur donner à manger ?
— Bien sûr. Tu peux toujours cueillir de l’herbe fraîche
pour eux, et ils adorent les carottes, ainsi que d’autres racines que je te
montrerai. Il faut que j’y aille. Tu veux venir avec moi voir Jondalar montrer
son lance-sagaie ?
— Oui.
Ils retournèrent au camp, imitant en chemin quelques chants d’oiseaux.
Lorsqu’ils parvinrent au lieu choisi pour la démonstration, Ayla fut étonnée de
découvrir d’autres propulseurs à côté de celui de Jondalar. Plusieurs Zelandonii
ayant assisté à la première démonstration, pour les Cavernes proches de la
Neuvième, avaient fabriqué leur propre version de l’instrument, qu’ils
utilisaient avec divers degrés de réussite. Jondalar la vit approcher avec
soulagement et alla à sa rencontre.
— Qu’est-ce qui t’a retardée ? Plusieurs chasseurs ont
fabriqué leur propre lance-sagaie, mais il faut beaucoup d’entraînement pour
acquérir de la précision, tu le sais. Jusqu’ici, je suis le seul qui touche la
cible qu’il vise, et les autres commencent à croire que c’est de la chance, que
personne n’arrivera jamais à se servir de cet instrument. Je n’ai pas parlé de
toi. J’ai pensé qu’ils seraient plus impressionnés en te voyant. Je suis
content que tu sois enfin là.
— J’ai étrillé les chevaux – l’œil de Rapide va
bien – et je les ai laissés courir un moment. Il faut trouver autre
chose que les cordes, elles se prennent dans les broussailles. Un enclos,
peut-être. J’ai demandé à Lanidar de surveiller les animaux quand nous serons
loin du camp. Il a fait leur connaissance, ils l’aiment bien.
— Qui est Lanidar ? marmonna Jondalar avec une pointe
d’agacement.
Ayla indiqua le jeune garçon qui, un peu effrayé par l’expression
irritée de l’homme, tentait de se cacher derrière elle.
— Je te présente Lanidar de la Dix-Neuvième Caverne. Quelqu’un
lui a dit qu’il y avait des chevaux dans le pré, il est venu voir.
Préoccupé par la démonstration qui ne se déroulait pas comme il
l’avait espéré, Jondalar chassait déjà l’enfant de son esprit quand il remarqua
le bras difforme et l’expression soucieuse d’Ayla. Elle essayait de lui
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