Les refuges de pierre
venez d’arriver. Quand a-t-il appris à se
servir de cette chose ?
— Aujourd’hui.
— Il peut lancer une sagaie aussi loin et il n’a appris qu’aujourd’hui ?
— Oui. Bien sûr, il n’a pas encore appris à viser, mais
cela viendra avec le temps et l’entraînement.
Elle jeta un coup d’œil au jeune garçon. Le sourire de Lanidar
resplendissait d’une telle fierté qu’elle ne put s’empêcher de sourire, elle
aussi. Quand il lui eut rendu le propulseur, elle prit un autre de ses traits
légers, le plaça dans la rainure et l’expédia bien au-delà des cibles que
Jondalar avait installées. Occupés qu’ils étaient à suivre la trajectoire du
projectile, les Zelandonii ne la virent pas armer de nouveau le propulseur. La
sagaie se ficha cette fois dans l’une des cibles avec un bruit satisfaisant, et
plusieurs hommes, surpris, découvrirent le long trait planté dans le cou du
cerf.
Dans le brouhaha qui s’ensuivit, Ayla regarda Jondalar, qui lui
adressa un sourire aussi épanoui que celui de Lanidar. Les hommes se pressèrent
autour d’eux pour examiner les nouveaux instruments, certains demandèrent à les
essayer. Quand ils voulurent emprunter celui d’Ayla, elle les renvoya à
Jondalar en prétextant qu’elle devait chercher Loup. Elle s’étonna de sa
réaction : elle n’avait jamais possédé grand-chose qu’elle considérât
vraiment à elle.
Elle trouva Loup assis près de Folara et Marthona, au pied de la
pente. La voyant se diriger vers elles, la jeune fille leva un bras pour
désigner le lagopède. Au moment où Ayla quittait la prairie, une femme s’approcha
d’elle et se présenta :
— Je suis Mardena de la Dix-Neuvième Caverne des Zelandonii.
Quand l’inconnue lui tendit les mains, Ayla remarqua Lanidar derrière elle.
— Nous sommes les hôtes de la Réunion, cette année,
poursuivit-elle. Au nom de la Mère, je te souhaite la bienvenue. Petite et
frêle, elle ressemblait à Lanidar.
— Je suis Ayla de la Neuvième Caverne des Zelandonii,
naguère du Camp du Lion des Mamutoï. Au nom de Doni, la Grande Terre Mère,
également appelée Mut, je te salue, répondit Ayla.
— Je suis la mère de Lanidar.
— Je m’en doutais. Il y a une ressemblance.
Un peu déroutée par l’étrange accent d’Ayla, Mardena
demanda :
— Comment se fait-il que tu connaisses mon fils ? Je
lui ai posé la question mais il peut être très secret, quelquefois.
— Les enfants sont comme cela, répondit Ayla avec un
sourire. Quelqu’un lui avait dit qu’il y avait des chevaux à notre camp, il est
venu voir, j’étais là.
— J’espère qu’il ne t’a pas dérangée.
— Pas du tout. En fait, il pourrait m’aider. Je m’efforce
de tenir les chevaux à l’écart, pour leur sécurité, jusqu’à ce que tout le
monde s’habitue à eux et sache qu’il ne faut pas les chasser. J’ai l’intention
de leur construire un enclos mais je n’en ai pas encore eu le temps. Alors,
pour le moment, je les attache à un arbre. Malheureusement, la corde se prend
dans les broussailles et cela limite trop leur liberté de mouvement J’ai
demandé à ton fils s’il pourrait venir les voir quand je dois m’absenter
quelque temps et me prévenir en cas de problème.
— Ce n’est qu’un enfant, et ces chevaux sont des bêtes
vigoureuses, non ? s’inquiéta la mère du garçon.
— Certes. Quand ils sont acculés ou qu’ils se retrouvent
dans une situation inconnue, il leur arrive de prendre peur. Alors ils se
cabrent ou ils ruent, mais ils ont fait bon accueil à Lanidar. Ils sont très
doux avec les enfants et les gens qu’ils connaissent. Tu peux venir le
constater toi-même, si tu veux. Enfin, si cela te préoccupe, je trouverai
quelqu’un d’autre.
— Ne dis pas non, mère ! implora Lanidar. Je veux le
faire. Elle m’a laissé les toucher, ils ont mangé dans mes mains, mes deux
mains ! Elle m’a montré aussi comment lancer une sagaie avec leur
instrument. Tous les garçons en lancent, moi je ne l’avais jamais fait.
Mardena savait que son fils mourait d’envie d’être comme les
autres, mais elle pensait qu’il devait comprendre qu’il ne le serait jamais.
Elle avait souffert quand l’homme qui avait été son compagnon était parti après
la naissance de Lanidar. Elle était sûre qu’il avait honte de l’enfant. En plus
de son infirmité, Lanidar était petit pour son âge, et elle faisait tout pour
le protéger. Le lancer
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