Les refuges de pierre
demanda Dalanar, curieux de savoir qui
la compagne de Jondalar avait bien pu inviter.
— Tu te rappelles la femme de la Dix-Neuvième Caverne qui a
donné le jour à un garçon au bras déformé ? Mardena... La fille de
Denoda... dit Marthona.
— Oui, je me souviens d’elle.
— Ce garçon, Lanidar, a maintenant presque douze ans,
poursuivit-elle. Je ne sais toujours pas comment cela s’est passé au juste,
mais je crois qu’il est venu ici pour fuir la foule et sans doute les
taquineries des autres garçons. Quelqu’un lui a parlé des chevaux. Ils
suscitent la curiosité de tous, et Lanidar ne fait pas exception. Bref, Ayla
lui a demandé de garder un œil sur les chevaux. Elle craint qu’avec tant de
gens dans le camp quelqu’un ne les confonde avec un gibier ordinaire. Ce serait
facile de les tuer, ils ne s’enfuient pas.
— C’est vrai, dit Dalanar. Dommage que nous ne puissions
rendre tous les animaux aussi dociles.
— Ayla ne pensait pas que la mère de ce garçon y verrait
une objection, mais Mardena a, semble-t-il, une attitude très protectrice. Elle
ne laisse même pas son fils apprendre à chasser, elle croit qu’il en est
incapable. Ayla a donc invité Lanidar, sa mère et sa grand-mère à voir les
chevaux pour tenter de convaincre Mardena qu’ils ne feront aucun mal à son
enfant. Et elle a aussi décidé que, infirmité ou pas, elle lui enseignerait à
se servir du lance-sagaie de Jondalar.
— Elle a du caractère, je l’ai remarqué, dit Jerika.
— Elle ne craint pas de défendre sa cause ou celle des
autres, souligna Proleva.
— Les voilà, annonça Joharran.
Jondalar marchait en tête du groupe, Folara sur ses talons. Ils
avaient réglé leur pas sur celui du plus lent d’entre eux, mais, en découvrant
Dalanar et les autres, Jondalar se précipita en avant. L’homme de son foyer
alla à sa rencontre. Ils se prirent les mains puis s’étreignirent. L’homme plus
âgé passa un bras autour des épaules du plus jeune et ils firent quelques pas
côte à côte.
Leur ressemblance était tellement extraordinaire qu’on eût dit
un même homme à deux stades différents de sa vie. Le plus âgé s’était un peu
enrobé à la taille, il avait moins de cheveux sur le dessus du crâne, mais le
visage était identique, même si le front du plus jeune semblait moins ridé, et
les joues du plus âgé moins fermes. Ils étaient de même hauteur, marchaient du
même pas, avec la même allure. Leurs yeux étaient du même bleu glacier.
— On voit tout de suite de quel homme la Mère a choisi l’esprit
quand Elle l’a créé, murmura Mardena à sa mère en désignant Jondalar du menton,
au moment où leur groupe atteignait le camp.
Lanidar aperçut Lanoga et alla lui parler.
— Dalanar était exactement comme lui quand il était jeune,
et il n’a pas beaucoup changé, répondit Denoda. C’est toujours un très bel
homme.
— Tu le connaissais, mère ?
— Il a été l’homme de mes Premiers Rites. Après quoi, j’ai
imploré la Mère de m’accorder un enfant de son esprit.
— Mère ! Une femme ne doit pas avoir de bébé si tôt,
tu le sais.
— Je m’en moquais. Il arrive qu’une jeune fille tombe
enceinte peu après ses Premiers Rites, quand elle est devenue femme et peut
recevoir l’esprit d’un homme. J’espérais qu’il ferait plus attention à moi si
je portais un enfant de son esprit.
— Un homme n’a pas le droit de s’approcher d’une femme qu’il
a ouverte pendant un an au moins après les Premiers Rites, rappela Mardena,
presque choquée par les aveux de sa mère.
— Je sais, et il n’a pas essayé, mais il n’a pas cherché à
m’éviter non plus et il se montrait toujours aimable quand nous nous croisions.
Moi, je voulais davantage. Longtemps j’ai été incapable de penser à quelqu’un d’autre.
Et puis j’ai rencontré l’homme de ton foyer. Mon plus grand chagrin est qu’il
soit mort si jeune. J’aurais voulu d’autres enfants mais la Mère a choisi de ne
pas m’en accorder plus, et cela valait peut-être mieux. T’élever seule était
déjà assez dur. Je n’avais même pas de mère pour m’aider, encore que plusieurs
femmes de la Caverne m’aient secourue quand tu étais jeune.
— Pourquoi n’as-tu pas trouvé un autre homme à qui t’unir ?
demanda Mardena.
— Et toi ? répliqua sa mère.
— Tu sais pourquoi. J’avais Lanidar...
— Ne rends pas ce garçon responsable. Tu prétends
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