Les refuges de pierre
toujours
que c’est lui qui t’a empêchée de trouver un autre homme, mais tu n’as jamais
essayé. Tu avais peur de souffrir encore. Tu sais, il n’est pas trop tard
pour...
Elles n’avaient pas vu l’homme s’approcher.
— Quand Marthona m’a annoncé que la Neuvième Caverne avait
des visiteurs, ce matin, un de leurs noms m’a paru familier. Comment
vas-tu ?
Dalanar prit les deux mains de Denoda, se pencha pour presser sa
joue contre la sienne, comme si elle était une amie proche. Mardena vit le
visage de sa mère rougir un peu quand elle sourit à cet homme superbe. Elle eut
même l’impression qu’elle se tenait différemment et que son corps devenait plus
féminin, plus sensuel. Mardena vit tout à coup sa mère sous un autre
jour : quoique grand-mère, elle n’était pas si vieille, après tout ;
il y avait probablement des hommes qui la trouvaient encore attirante.
— Voici ma fille, Mardena de la Dix-Neuvième Caverne des Zelandonii,
et mon petit-fils est là quelque part.
Dalanar tendit les mains à la femme la plus jeune, qui les prit
et leva les yeux vers lui.
— Salutations, Mardena de la Dix-Neuvième Caverne des Zelandonii,
fille de Denoda de la Dix-Neuvième Caverne. C’est un plaisir pour moi de faire
ta connaissance. Je suis Dalanar, Homme Qui Ordonne de la Première Caverne des
Lanzadonii. Au nom de Doni, la Grande Terre Mère, sache que tu seras la
bienvenue dans notre camp. Et aussi dans notre Caverne.
Mardena fut troublée par la chaleur de ces salutations. Bien qu’il
fût assez âgé pour être l’homme de son foyer, elle se sentait attirée par lui.
Elle avait même cru déceler une certaine insistance sur le mot « plaisir »,
qui lui avait fait penser au Don de la Mère. Jamais un homme ne l’avait autant
impressionnée.
Dalanar regarda autour de lui, appela « Joplaya ! »
et dit à Denoda :
— J’aimerais te présenter la fille de mon foyer.
Mardena fut étonnée par la jeune femme qui approcha. Elle n’avait
pas l’air aussi étrangère que la toute petite compagne de Dalanar, mais leurs
traits communs la rendaient presque plus singulière encore. Ses cheveux étaient
aussi noirs, veinés cependant de mèches plus claires. Elle avait des pommettes
hautes, mais un visage moins rond, moins plat. Le nez ressemblait à celui de l’homme,
en plus délicat ; les sourcils noirs étaient lisses et finement arqués. D’épais
cils noirs frangeaient des yeux qui avaient la forme de ceux de sa mère, mais
non leur couleur. Les yeux de Joplaya étaient d’un vert chatoyant.
Mardena n’avait pas participé à la Réunion d’Été quand la
Caverne de Dalanar y était venue la fois précédente. L’homme de son foyer
venait de la quitter, elle n’avait pas envie d’affronter les gens. Elle avait
entendu parler de Joplaya mais ne l’avait jamais rencontrée. Maintenant qu’elle
était devant elle, elle réprimait mal une forte envie de la dévisager. Joplaya
était une femme à la beauté exotique.
Après les présentations, les échanges de salutations et de
plaisanteries, Dalanar et Joplaya laissèrent les deux femmes pour aller
bavarder avec quelqu’un d’autre. Mardena sentait encore la chaleur de la
présence de Dalanar et commençait à comprendre pourquoi il avait tellement
fasciné sa mère. S’il avait été l’homme de ses Premiers Rites, elle aussi
aurait succombé à son charme. La fille de son foyer, très jolie, avait
cependant quelque chose de mélancolique, un air abattu en contradiction avec la
joie d’une union proche. Mardena ne comprenait pas pourquoi une femme qui
aurait dû être heureuse semblait si triste.
— Nous devons partir, maintenant, dit Denoda. Il ne faut
pas abuser de l’accueil qui nous a été fait si nous voulons être réinvitées.
Les Lanzadonii sont très liés à la Neuvième Caverne, et cela fait de nombreuses
années que Dalanar et les siens ne sont pas venus à une Réunion d’Été. Ils ont
besoin de renouer contact. Allons récupérer Lanidar et remercier Ayla de son invitation.
Les camps de la Neuvième Caverne des Zelandonii et de la
Première Caverne des Lanzadonii, deux peuples différents, formaient en réalité
un seul et même camp de parents et d’amis.
Au passage des quatre femmes qui se dirigeaient vers la
hutte de la Zelandonia, les gens n’essayaient même pas de masquer leur
curiosité. Marthona attirait toujours l’attention, où qu’elle allât. Elle avait
été chef
Weitere Kostenlose Bücher