Les refuges de pierre
d’une Caverne importante et était encore une femme puissante, sans
parler de la séduction qu’elle exerçait toujours malgré son âge. Jerika avait
un aspect si étrange, si différent de ce que les Zelandonii connaissaient qu’ils
ne pouvaient s’empêcher de la détailler. Le fait qu’elle fût unie à Dalanar, qu’elle
eût fondé avec lui non seulement une nouvelle Caverne mais un nouveau peuple la
rendait encore plus exceptionnelle.
La fille de Jerika, Joplaya, la beauté brune mélancolique qui,
selon les rumeurs, avait l’intention de prendre pour compagnon un homme d’esprit
mêlé, était une femme mystérieuse qui suscitait maintes spéculations. La
magnifique blonde que Jondalar avait ramenée, qui voyageait avec deux chevaux
dociles et un loup, qu’on disait guérisseuse accomplie, devait être une sorte
de Zelandoni étrangère. Elle parlait bien leur langue, quoique avec un accent
insolite, et avait récemment découvert une grotte splendide sous le nez de la
Dix-Neuvième Caverne.
Chacune des quatre femmes qui traversaient le camp de la Réunion
d’Été avait quelque chose de fascinant et, tout en sachant qu’ensemble elles
attiraient encore plus l’attention, Ayla s’efforçait d’ignorer les regards et
de prendre plaisir à la compagnie des trois autres.
Beaucoup de femmes étaient déjà là quand elles arrivèrent à la
hutte de la Zelandonia. Elles furent examinées à l’entrée par plusieurs Zelandonia
hommes, ce qui surprit Ayla. Comme si elle devinait ses pensées, Marthona
expliqua :
— Les hommes ne sont pas admis à cette réunion, à moins d’être
membres de la Zelandonia, mais chaque année des jeunes gens des « lointaines »
tentent de s’introduire déguisés en femmes ou de s’approcher assez pour
entendre ce qui se dit. Les Zelandonia masculins les en empêchent.
Ayla remarqua plusieurs hommes, dont Madroman, qui semblaient
monter la garde autour de la vaste construction.
— Qu’est-ce que c’est, les « lointaines » ?
voulut-elle savoir.
— Des huttes d’été construites à la lisière du camp par des
hommes, en général des jeunes gens ou des hommes entre deux compagnes. Les
jeunes qui sont trop âgés pour avoir besoin d’une femme-donii mais n’ont pas
encore de compagne ne tiennent pas à rester avec leur Caverne, ils préfèrent la
compagnie d’amis de leur âge – sauf au moment des repas, précisa
Marthona avec un sourire. Leurs amis n’imposent pas de restrictions à leur
conduite comme le feraient une mère ou une compagne. Et aux hommes sans
compagne, en particulier de cet âge, il est strictement interdit d’approcher
des jeunes filles qui se préparent pour leurs Premiers Rites. Comme ils
essaient quand même, les Zelandonia les surveillent de près lorsqu’ils sont dans
le camp.
« Dans leurs huttes, ils peuvent brailler et se battre tant
qu’ils veulent, du moment qu’ils ne dérangent pas les autres. Ils se
réunissent, invitent d’autres jeunes gens, et des jeunes femmes, naturellement.
Ils savent soutirer de la nourriture à leurs mères et se débrouillent pour se
procurer du barma ou du vin. Je crois que c’est à qui fera venir les plus
jolies jeunes femmes.
« Il y a aussi les « lointaines » des hommes
mûrs. Généralement ceux qui n’ont pas de compagne pour une raison ou pour une
autre, ou qui veulent échapper à leur Caverne ou à leur famille. Pendant la
Réunion d’Été, Laramar passe plus de temps dans une « lointaine » que
dans sa propre hutte. C’est là qu’il troque son barma, mais ce qu’il fait de ce
qu’il obtient en échange, je ne sais pas. En tout cas, il ne rapporte rien à sa
famille. En outre, les hommes qui s’apprêtent à prendre une compagne passent un
jour ou deux dans une « lointaine » avec la Zelandonia avant les
Matrimoniales. Jondalar le fera bientôt, je pense.
L’intérieur de la hutte était sombre, à peine éclairé par la
lueur d’un foyer et quelques lampes. Une fois que les yeux des quatre femmes se
furent habitués à la pénombre, Marthona regarda autour d’elle et conduisit le
groupe vers deux femmes assises par terre sur une natte, près du mur situé à
droite de l’espace central. Celles-ci sourirent en les voyant approcher, se
poussèrent pour leur laisser de la place.
— Je crois que la réunion va commencer, dit Marthona en s’asseyant.
Nous procéderons plus tard aux présentations rituelles, ajouta-t-elle en se
tournant
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