Les refuges de pierre
avait une dette envers eux. Pendant la réunion, Joharran avait
proposé que les chevaux participent à la chasse. Ayla et Jondalar les avaient
montés, et la maîtrise dont ils avaient fait preuve avait rendu la suggestion
de Joharran bien plus acceptable. Si la chasse était bonne, les Matrimoniales
se dérouleraient le lendemain mais, comme Dalanar et les Lanzadonii n’étaient
pas encore arrivés, les participants avaient décidé d’attendre quelques jours,
malgré l’impatience de certains.
Ayla passa un licou aux chevaux et les fit sortir de l’enclos
par une porte que Tormaden de la Dix-Neuvième Caverne avait conçue. En face d’un
des poteaux de la barrière, il avait enfoncé un piquet auquel la porte avait
été fixée par des cordes qui servaient aussi de gonds.
Lorsque Ayla amena les chevaux vers le groupe, Mardena eut un
mouvement de recul : ils semblaient plus grands, de près. Folara prit
aussitôt sa place.
— Je ne les ai pas vus autant que je l’aurais voulu,
dit-elle en tapotant la joue de Whinney. Il s’est passé tellement de
choses : la chasse au bison, la mort de Shevonar, l’enterrement, les
préparatifs pour venir ici... Tu avais promis que tu me laisserais monter sur
leur dos.
— Tu veux essayer maintenant ?
— Je peux ? fit-elle, les yeux brillant de plaisir.
— Le temps que j’aille chercher une couverture pour
Whinney, répondit Ayla. En attendant, vous pourriez leur donner à manger,
Lanidar et toi ? Il leur a apporté ce qu’ils aiment dans ce bol.
— Je ne sais pas si mon fils doit s’approcher autant d’eux...
bredouilla Mardena.
— Il est déjà tout près, souligna Denoda.
— Mais elle est là...
— Mère, je leur ai déjà donné à manger, ils me connaissent,
remarqua Lanidar.
— Ils ne lui feront aucun mal, garantit Ayla. Et je vais seulement
là-bas.
Elle tendit le bras vers une construction de pierre, proche de
la porte de l’enclos. C’était un cairn de voyageur que Kareja avait bâti pour
elle. Ayla n’avait qu’à enlever quelques pierres pour glisser la main à l’intérieur
de l’abri, où elle pouvait garder quelques objets, comme une couverture en
cuir. Les pierres étaient disposées de telle sorte que l’eau de pluie
ruisselait sur les côtés sans pénétrer à l’intérieur. Le chef de la Onzième
Caverne lui avait montré comment les replacer pour que les objets restent au
sec. Des cairns semblables jalonnaient plusieurs routes très fréquentées,
offrant au voyageur de quoi allumer un feu, et souvent une couverture chaude. D’autres
contenaient de la nourriture séchée. Parfois on trouvait l’un et l’autre dans
un même abri, mais les cairns à nourriture étaient pillés plus souvent, les
ours et les blaireaux éparpillant tout leur contenu. Ayla laissa les autres
avec les chevaux. Parvenue au cairn, elle jeta un coup d’œil discret par-dessus
son épaule. Folara et Lanidar donnaient à manger aux chevaux dans leurs mains,
sous le regard inquiet de Mardena. Ayla revint, attacha la couverture sur le
dos de la jument et l’amena près d’un rocher.
— Monte sur ce rocher, Folara. Ensuite, passe la jambe
pardessus le dos de Whinney et essaie de trouver une position confortable. Je
la tiendrai pour qu’elle ne bouge pas.
Folara se sentit un peu gauche, surtout quand elle se rappela l’aisance
avec laquelle Ayla montait sur la jument, mais elle réussit tant bien que mal à
s’asseoir sur Whinney.
— Je suis sur le dos d’un cheval ! s’exclama-t-elle
avec fierté.
Ayla remarqua que Lanidar observait la jeune fille avec un
regard d’envie. Plus tard, pensa-t-elle. N’en demandons pas trop à ta mère pour
le moment.
— Tu es prête ?
— Oui, je crois, répondit Folara.
— Détends-toi. Tu peux te tenir à sa crinière si tu veux
mais ce n’est pas nécessaire.
Ayla se mit à marcher, menant Whinney par le licou. Accrochée à
la crinière, le dos raide, Folara tressautait à chaque pas, mais au bout d’un
moment elle se laissa aller et anticipa les mouvements du cheval. Elle finit
par lâcher la crinière.
— Tu veux essayer seule ? Je te donne le licou.
— Tu crois que je peux ?
— Essaie. Si tu as envie de descendre, tu me le dis. Pour
aller plus vite, penche-toi en avant. Prends-la par le cou, si tu veux. Pour la
faire ralentir, rassieds-toi.
— D’accord.
Mardena parut se pétrifier quand Ayla plaça la corde dans la
main de Folara.
— Va, Whinney,
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