Les refuges de pierre
Ayla, les
mains tendues. Je suis Ayla, naguère du Camp du Lion des Mamutoï, à présent de
la Neuvième Caverne des Zelandonii. Au nom de Mut, la Grande Terre Mère, aussi
appelée Doni, je te salue.
Janida parut un peu déroutée. Elle n’avait jamais entendu un tel
accent. Il y eut un silence gêné puis, comme si elle se rappelait soudain les
convenances, la jeune fille répondit :
— Je suis Janida de la Partie Sud de la Vingt-Neuvième
Caverne des Zelandonii. Au nom de Doni, je te salue, Ayla de la Neuvième
Caverne des Zelandonii.
Joplaya s’avança et tendit les mains à la jeune fille.
— Je suis Joplaya de la Première Caverne des Lanzadonii,
fille du foyer de Dalanar, fondateur et Homme Qui Ordonne des Lanzadonii. Au
nom de la Mère, je te salue, Janida. Voici mon promis, Echozar de la Première
Caverne des Lanzadonii.
Bouche bée, Janida fixait le couple. Elle n’était pas la
première à être étonnée mais semblait moins capable que la plupart des autres
de masquer sa surprise. Prenant soudain conscience de son attitude, elle
referma la bouche, devint cramoisie.
— Je... je suis désolée. Ma mère serait furieuse si elle
savait que je me suis montrée aussi grossière, mais je n’ai pas pu m’en
empêcher. Vous avez l’air si différents de nous, tous les deux... Mais tu es
très belle et lui... non. (Elle rougit de nouveau.) Pardon, je voulais dire...
— Tu voulais dire qu’elle est belle et qu’il est très laid,
acheva Jondecam, l’œil pétillant. (Il tourna vers le couple lanzadonii avec un
large sourire.) C’est vrai, non ?
Après un silence pesant, Echozar répondit :
— Tu as raison, Jondecam. Je suis laid. Je ne parviens pas
à imaginer pourquoi cette femme superbe peut bien vouloir de moi, mais pas
question de laisser passer ma chance.
Il eut un sourire qui illumina ses yeux.
Voir un sourire sur un visage du Clan étonnait toujours Ayla.
Les membres du Clan ne souriaient pas. Pour eux, une expression dénudant les
dents était considérée comme une menace ou une manifestation nerveuse de
servilité. Curieusement, cette expression modifiait la configuration du visage
d’Echozar, atténuait les traits durs du Clan et le faisait paraître plus
abordable.
— En fait, je suis content que tu sois là, Echozar, reprit
Jondecam. A côté de cette grande brute, dit-il en indiquant Jondalar, tout le
monde paraît laid, mais comparés à toi, le jeunot et moi, on a l’air pas trop
mal. Les femmes, en revanche, sont toutes belles.
La franchise de Jondecam fit sourire tout le monde et détendit l’atmosphère.
Levela tourna vers lui un regard amoureux.
— Merci, Jondecam. Tu dois cependant reconnaître que les
yeux d’Echozar sont aussi singuliers que ceux de Jondalar, et non moins
remarquables. Je n’ai jamais vu d’aussi beaux yeux sombres, et la façon dont il
regarde Joplaya me fait comprendre pourquoi ils vont s’unir. S’il me regardait
de cette manière, j’aurais du mal à l’éconduire.
— J’aime le visage d’Echozar, dit Ayla, mais c’est vrai,
ses yeux sont ce qu’il a de plus beau.
— Puisqu’on en est à dire ce qu’on pense, je trouve que tu
as une drôle de façon de parler, Ayla, avoua Jondecam. Il faut un moment pour s’y
habituer, mais ça me plaît. Tu dois venir de très loin.
— Plus loin que tu ne peux l’imaginer, renchérit Jondalar.
— Une chose encore, ajouta Jondecam. Où il est, ce
loup ? D’autres disent qu’ils l’ont rencontré, j’espérais en faire autant.
Ayla lui sourit. Cet homme était si franc et si direct qu’elle
ne pouvait s’empêcher de le trouver sympathique, si détendu et bien dans sa
peau qu’il amenait tout le monde à se sentir de même.
— Loup est avec Marthona. J’ai pensé que ce serait plus
facile pour lui et pour les autres. Si tu passes par le camp de la Neuvième
Caverne, je serai heureuse de te le présenter, et je crois que tu lui plairas
aussi. Vous êtes tous les bienvenus, dit Ayla en regardant les autres, y
compris le jeune couple, qui souriait maintenant avec naturel.
— Tout à fait, confirma Jondalar.
Ces couples lui plaisaient, et en particulier Levela, jeune
femme agréable, soucieuse des autres, et Jondecam, qui lui rappelait son frère
Thonolan.
La Première s’était avancée au centre de la hutte et attendait
en silence l’attention de son auditoire. Quand elle l’eut obtenue, elle s’adressa
à tous les couples, soulignant le sérieux de
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