Les refuges de pierre
l’engagement qu’ils prenaient,
répétant certaines phrases qu’elle avait dites à la réunion des femmes,
précisant ce qu’on attendait d’eux aux Matrimoniales. Plusieurs autres
Zelandonia leur montrèrent ensuite où ils devraient se tenir, leur expliquèrent
ce qu’ils devraient dire. Tous les couples répétèrent les mouvements et les
gestes de la cérémonie.
Avant qu’ils repartent, la Première leur parla de nouveau :
— La plupart d’entre vous le savent mais je tiens à le
redire pour que ce soit clair. Après les Matrimoniales, pendant une période d’une
demi-lune – quatorze jours en mots à compter –, les couples
nouvellement unis n’ont pas le droit d’adresser la parole à qui que ce soit d’autre
qu’eux-mêmes. Ce n’est qu’en cas d’urgence que vous pourrez parler à quelqu’un,
et uniquement à un doniate, qui jugera si c’est assez important pour enfreindre
l’interdiction. Je veux que vous compreniez bien pourquoi. C’est une façon d’imposer
aux membres d’un nouveau couple une solitude commune pour voir s’ils peuvent
vraiment vivre ensemble. A la fin de cette période, s’ils estiment qu’ils ne s’entendent
pas, ils pourront rompre le lien sans conséquences. Comme s’ils n’avaient
jamais été unis.
Celle Qui Était la Première savait que la plupart des jeunes
gens se réjouissaient à l’avance de cet interdit, ravis qu’ils étaient à l’idée
de se consacrer l’un à l’autre. Mais elle savait aussi qu’au bout du compte il
y aurait probablement un ou deux couples qui décideraient de se séparer. Elle
scruta chaque visage en essayant de deviner quels couples dureraient, et
lesquels ne tiendraient pas même quatorze jours. Puis elle présenta ses vœux de
bonheur à tous et annonça que les Matrimoniales auraient lieu le lendemain
soir.
Ayla et Jondalar ne craignaient pas que leur période de solitude
à deux révèle une incompatibilité. Ils avaient vécu près d’une année ensemble,
chacun avec l’autre pour seule compagnie, excepté pendant les brefs séjours
dans diverses Cavernes en chemin. Il leur tardait de savourer cette période d’intimité
forcée, d’autant qu’elle ne s’accompagnerait pas cette fois des inconvénients
du Voyage.
Après avoir quitté la hutte, les quatre couples marchèrent un
moment ensemble en direction des camps. Janida et Peridal furent les premiers à
partir de leur côté. Avant de se séparer du groupe, Janida tendit les deux
mains à Levela.
— Je te remercie de nous avoir aidés à trouver notre place
et à nous sentir les bienvenus, dit-elle. Quand nous sommes entrés dans la
hutte, j’ai eu l’impression que tout le monde nous lorgnait, je ne savais pas
quoi faire. Mais j’ai remarqué qu’au moment de repartir les autres regardaient
Joplaya et Echozar, Ayla et Jondalar, et même Jondecam et toi, avec curiosité.
Bref, tout le monde regardait tout le monde, mais c’est toi qui m’as fait
sentir que j’appartenais au groupe, que je n’en étais pas exclue.
Elle se pencha en avant, pressa sa joue contre celle de Levela.
— Janida est une jeune femme intelligente, remarqua
Jondalar après qu’ils eurent repris leur marche. Peridal a de la chance, j’espère
qu’il s’en rend compte.
— Il y a une réelle affection entre eux, observa Levela. Je
me demande pourquoi il rechigne à la prendre pour compagne.
— Les réticences viennent plutôt de sa mère que de lui,
supputa Jondecam.
— Tu as sans doute raison, dit Ayla. Peridal est très
jeune, sa mère exerce encore beaucoup d’influence sur lui. Janida elle aussi
est jeune. Quel âge peuvent-ils avoir ?
— Treize ans l’un et l’autre, je crois, répondit Levela.
Elle à peine, lui avec quelques lunes de plus.
— Je suis un vieillard comparé à eux, se lamenta Jondalar.
J’ai autant d’années en plus que de doigts aux deux mains. Peridal n’a même pas
encore eu l’occasion de vivre dans une « lointaine ».
— Et moi je suis vieille, dit Ayla. Je compte dix-neuf ans.
— Ce n’est pas si vieux, assura Joplaya. Moi, j’en compte
vingt.
— Et toi, Echozar ? s’enquit Jondecam. Combien en
comptes-tu ?
— Je n’en ai aucune idée. Personne ne me l’a jamais dit ni
n’a essayé d’en tenir le compte, autant que je sache.
— As-tu essayé de revenir en arrière et de te rappeler
chaque année ? demanda Levela.
— J’ai une bonne mémoire, mais mon enfance est
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