Les refuges de pierre
signes des femmes.
— Les signes des femmes ? Tu ne m’avais jamais parlé
de ça.
— La différence est subtile mais elle existe. Les premiers
signes que tous les bébés apprennent sont ceux de leur mère. Quand les enfants
prennent de l’âge, les filles restent avec leur mère et continuent à apprendre
auprès d’elle, tandis que les garçons commencent à accompagner plus souvent les
hommes et apprennent leurs façons de faire.
— Alors, qu’est-ce que tu m’as appris ? demanda
Jondalar.
— Le parler bébé, répondit Ayla en souriant.
— Tu veux dire que, quand je parlais à Guban, je m’exprimais
comme un bébé ? s’écria Jondalar, abasourdi.
— Encore moins bien, pour être franche, mais il comprenait.
Le simple fait que tu saches quelque chose et que tu essaies de parler de
manière correcte l’impressionnait.
— De manière correcte ? Parce que Guban pensait que c’était
lui qui parlait de manière correcte ?
— Bien sûr. Tu ne penses pas la même chose ?
— Si, dit Jondalar en souriant. Quelle est la manière
correcte, selon toi ?
— C’est celle à laquelle chacun est habitué. En ce moment,
pour moi, les façons de parler du Clan, des Mamutoï, des Zelandonii sont toutes
correctes, mais au bout d’un moment, quand j’aurai parlé uniquement Zelandonii pendant
quelque temps, je penserai sans aucun doute que c’est la manière correcte de
parler, même si je ne parle pas correctement cette langue. La seule que je
connaisse vraiment bien, c’est la langue du Clan, mais uniquement celle du Clan
où j’ai grandi, et ce n’est pas la même qu’ici.
En parvenant au petit cours d’eau, Ayla s’aperçut que le soleil
se couchait et fut une fois de plus captivée par le flamboiement des couleurs
du ciel. Ils s’arrêtèrent pour l’admirer.
— Zelandoni m’a demandé si je voulais être choisi pour les
Premiers Rites, demain, annonça Jondalar. Probablement pour Janida.
— Elle l’a précisé ? Pourtant, d’après Marthona, les
hommes ne savent jamais qui ils ouvriront.
— Pas exactement. Elle a dit qu’elle voulait quelqu’un qui
soit non seulement discret mais prévenant. Elle a dit qu’elle savait que tu
étais enceinte et que je saurais donc m’occuper d’une jeune femme ayant besoin
de la même sollicitude. De qui d’autre aurait-elle pu parler ?
— Tu vas le faire ?
— J’y ai songé. Il fut un temps où j’aurais été plus que
disposé à accepter, mais j’ai répondu que je ne l’envisageais pas.
— Pourquoi ?
— A cause de toi.
— Moi ? fit Ayla. Tu pensais que j’y verrais une
objection ?
— Tu en vois une ?
— Si j’ai bien compris, c’est une coutume de ton peuple, et
d’autres hommes qui ont déjà une compagne y participent.
— Et tu l’accepterais, que cela te plaise ou non, c’est
ça ?
— Je suppose.
— Si j’ai refusé, ce n’est pas parce que je pensais que tu
t’y opposerais, mais parce que je n’accorderais pas à Janida l’attention qu’elle
mérite. Je penserais à toi, je la comparerais à toi. Ce ne serait pas juste
pour elle. Comme je suis mieux pourvu que la plupart des hommes, je me
contiendrais, j’essaierais d’être délicat et tendre pour ne pas lui faire mal,
et en même temps je regretterais de ne pas être avec toi. Cela ne me dérange
pas d’être doux et prévenant, mais nous sommes bien assortis. Je n’ai pas à m’inquiéter
de te faire mal, du moins pas encore. Quand ta grossesse sera plus avancée, je
ne sais pas, mais nous trouverons un moyen.
Ayla ne s’attendait pas à être si heureuse qu’il eût refusé.
Elle avait entendu dire que la plupart des hommes trouvaient ces jeunes filles
attirantes et se demanda si elle était jalouse. Elle souhaitait ne pas l’être,
elle se rappelait ce que Zelandoni avait dit à ce sujet lors de la réunion des
femmes. Si Jondalar avait accepté la proposition, elle ne s’y serait pas
opposée mais se réjouissait qu’il ne l’eût pas fait. Ayla ne put s’empêcher de
sourire, un grand sourire presque aussi radieux que le coucher de soleil et qui
enveloppa Jondalar de sa chaleur.
Tous les couples qui devaient s’unir rencontrèrent la
Zelandonia le lendemain de la cérémonie des Rites des Premiers Plaisirs. La
plupart étaient jeunes mais certains étaient dans la force de l’âge ;
quelques-uns très vieux, plus de cinquante ans. Indépendamment de leur âge,
tous étaient excités
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