Les refuges de pierre
cousue, dans un coin sombre et
sec de son habitation. Elle avait disposé plusieurs lampes à l’intérieur de la
hutte afin que ses invités puissent admirer plus commodément la tenue d’Ayla.
Se penchant vers la couche, Marthona rectifia la position du vêtement pour
faire disparaître un pli qui cachait une broderie de perles particulièrement
réussie.
Ayla et Jondalar appréciaient leurs journées de « séparation »
des Zelandonii. C’était comme un recommencement de leur Voyage, sans la
pression d’un déplacement incessant. Ils passaient leur temps à chasser, à
pêcher et à cueillir juste ce dont ils avaient besoin, à se baigner et à faire
de longues chevauchées. Loup les accompagnait parfois, il manquait à Ayla
lorsqu’il n’était pas là. On eût dit qu’il n’arrivait pas à se décider entre
rester avec les êtres humains qu’il aimait et retourner à ce qu’il trouvait si
fascinant loin d’eux. Où que le couple installât son camp, il le retrouvait, et
Ayla était ravie chaque fois qu’il apparaissait devant leur tente. Elle le
caressait, le cajolait, lui parlait, chassait avec lui. Les attentions de la
jeune femme l’incitaient généralement à demeurer quelque temps avec eux, mais
il finissait par repartir, restant souvent absent une ou plusieurs nuits.
Ils exploraient monts et vallées. Jondalar croyait connaître la
contrée où il était né mais, juché sur le dos d’un cheval, il la découvrait
sous une autre perspective et appréciait mieux sa richesse. Ils croisèrent – parfois
lents troupeaux, parfois simples taches de pelage entrevues – un
nombre impressionnant d’animaux de diverses espèces.
La plupart des herbivores partageaient placidement les mêmes
prairies, les mêmes bois, et ne prêtaient pas attention aux deux chevaux ni aux
humains qui les montaient. Assise sur Whinney, Ayla se plaisait à étudier les
autres animaux tandis que la jument paissait, et Jondalar se joignait
volontiers à elle, bien qu’il eût d’autres occupations. Il travaillait sur un
lance-sagaie qui convenait mieux à la taille de Lanidar, avec des modifications
qui, espérait-il, en faciliteraient l’usage avec un seul bras. Jondalar
accompagnait Ayla l’après-midi où ils découvrirent un troupeau de bisons.
Bien que souvent chassés, bisons et aurochs demeuraient très
nombreux car la quantité de bêtes abattues était infime comparée aux vastes
troupeaux qui parcouraient les plaines. Jamais on ne voyait ensemble les deux
espèces. Elles s’évitaient. Si le jeune couple avait récemment tué sa part de
bisons, observer ces animaux dans leur environnement était enrichissant. Ils
avaient perdu leur épais pelage sombre pendant la fonte du printemps et
portaient maintenant leur robe d’été, aux tons plus clairs. Ayla aimait surtout
regarder les petits, joueurs et pleins de vie, encore tout jeunes : les
femelles avaient vêlé à la fin du printemps et au début de l’été. Ces jeunes se
développaient assez lentement et réclamaient des soins attentifs. Ils étaient
souvent la proie des ours, des loups, des lynx, des hyènes, des léopards,
parfois du lion des cavernes... et des hommes.
Les cervidés abondaient, de diverses espèces et de toutes
tailles, du cerf géant au chevreuil. Jondalar et Ayla surprirent une petite
harde de mégacéros au délicat nez pointu et s’émerveillèrent de leur ramure
extraordinaire. Leurs bois avaient la forme d’une main aux doigts écartés, et
bien que leur envergure pût atteindre douze pieds et leur poids cent soixante
livres ou davantage, il s’agissait d’animaux jeunes. Ils n’avaient pas encore l’énorme
cou musclé du cerf adulte mais montraient déjà au garrot la bosse où s’attachaient
les tendons nécessaires pour soutenir leurs futurs andouillers.
Même les jeunes mégacéros évitaient les bois touffus où leur
ramure risquait de se prendre dans les branches des arbres. Le daim tacheté
vivait, lui, dans les bois. Dans une région marécageuse, ils aperçurent un
animal solitaire d’une autre espèce, haut et dégingandé, surmonté de bois
palmés moins imposants et cependant de bonne taille, se tenant au milieu de l’eau,
y plongeant la tête et retirant un mufle plein de plantes aquatiques
ruisselantes. Ce cerf avait d’énormes naseaux en surplomb. On l’appelait
orignal dans certaines contrées, élan dans celle de Jondalar.
Plus courante était l’espèce connue chez les Zelandonii
Weitere Kostenlose Bücher