Les refuges de pierre
pour Lorala. Une femme de la Vingt-Quatrième Caverne
a perdu son enfant. Il était né difforme, il est mort. Comme ses seins sont
pleins de lait, elle est prête à prendre Lorala, bien qu’elle soit plus âgée.
Je crois qu’elle avait déjà fait une fausse couche. Elle veut un bébé à tout
prix. J’ai pensé que ce serait la solution idéale, pour Lorala et pour elle.
— Oui, apparemment, convint Ayla. Les femmes qui allaitent
Lorala ont-elles envie d’arrêter ?
— En fait, non. Cela m’a plutôt étonnée. Quand je leur en
ai parlé, quelques-unes d’entre elles m’ont paru contrariées. Même Stelona a
fait remarquer que la Vingt-Quatrième Caverne est très éloignée, et qu’elle
regretterait de ne pas continuer à voir Lorala devenir un bébé sain et
vigoureux.
— Je sais que tu ne songes qu’à l’intérêt de Lorala, mais
as-tu demandé à Lanoga ce qu’elle en pense ?
— Non, pas vraiment. J’ai demandé à Tremeda. J’ai supposé
que la fillette serait heureuse d’être déchargée d’une telle responsabilité.
Elle est trop jeune pour être obligée de s’occuper d’un bébé tout le temps.
Elle en aura l’occasion bien assez tôt quand elle aura un enfant à elle.
— Lanidar dit qu’elle n’arrête pas de pleurer.
— Je sais que la nouvelle a été un choc pour elle, mais je
pensais qu’elle s’en remettrait. Après tout, elle n’allaite pas Lorala, elle n’est
même pas encore femme. Elle ne compte que onze ans.
Ayla se rappela qu’elle en comptait moins de douze quand elle
avait donné naissance à Durc et qu’elle n’avait pu se résoudre à l’abandonner.
Elle aurait préféré mourir. Quand elle n’avait plus eu de lait, les femmes du
Clan avaient nourri Durc, mais elle n’en demeurait pas moins sa mère. Elle
regrettait encore d’avoir dû le laisser quand on l’avait chassée du Clan. Elle
avait voulu l’emmener. Seule sa crainte de ce qu’il deviendrait si elle mourait
l’avait convaincue de s’en séparer. Elle avait beau savoir qu’Uba prenait soin
de lui et l’aimait comme son enfant, elle avait toujours mal chaque fois qu’elle
pensait à lui. Elle ne s’était jamais remise de cette séparation et ne voulait
pas que Lanoga connaisse la même souffrance.
— Ce n’est pas de donner le sein qui fait d’une femme une
mère, argua-t-elle. Et ce n’est pas une question d’âge. Regarde Janida. Elle n’est
pas beaucoup plus âgée mais personne ne songerait à lui prendre son bébé.
— Janida a un compagnon, et il jouit d’un bon statut, qui
plus est. Le bébé naîtra au foyer de cet homme, qui en sera responsable, et,
même si leur union ne dure pas, d’autres Zelandonii ont déjà fait savoir qu’ils
sont tout disposés à la prendre pour compagne. Elle a un rang élevé, elle est
jolie, elle est enceinte. J’espère que Peridal se rend compte de sa chance. Sa
mère cause déjà des ennuis. Elle est allée les voir pendant leur période d’essai
et a essayé de persuader son fils de renoncer à cette union.
Proleva s’interrompit : elle aurait le temps d’en parler
plus tard.
— Mais Lanoga n’est pas Janida, ajouta-t-elle.
— Non, Lanoga ne jouit pas d’autant de faveurs. Elle les
mérite, pourtant. On ne passe pas près d’une année à s’occuper d’un enfant sans
s’attacher à lui. Lorala est la fille de Lanoga, maintenant, elle n’est plus à
Tremeda. Lanoga est jeune mais elle fait une excellente mère.
— Bien sûr, acquiesça Proleva. C’est justement pour cela. C’est
une fille merveilleuse qui fera une merveilleuse mère un jour. Si elle en a la
possibilité. Mais quand elle sera en âge de s’unir, quel homme voudra prendre
aussi sa petite sœur, non comme une seconde compagne, mais comme une enfant
dont il serait responsable bien qu’elle ne soit pas née à son foyer ?
Lanoga a déjà contre elle le foyer dont elle est issue. J’ai bien peur que les
seuls hommes disposés à la choisir soient du même acabit que Laramar. J’aimerais
qu’elle ait une chance d’avoir une vie meilleure.
Ayla était convaincue que Proleva avait raison, qu’elle se
souciait sincèrement de l’intérêt de Lanoga et qu’elle ferait tout pour l’aider,
mais elle savait ce que la fillette éprouverait si elle perdait Lorala.
— Lanoga n’a pas à s’en faire pour trouver un compagnon,
intervint Lanidar.
Ayla et Proleva avaient presque oublié sa présence. Jondalar fut
surpris, lui
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