Les refuges de pierre
m’avait sauvé la vie en soignant
mes blessures. Si quelqu’un peut sauver Matagan, c’est elle.
Le jeune homme laissa échapper un sanglot, tenta de se
reprendre.
— Va me chercher des sagaies, lui enjoignit Jondalar. Il
nous en faut au moins quatre, deux de chaque côté.
Sous sa gouverne, les jeunes assemblèrent les sagaies pour
obtenir deux montants solides qu’ils relièrent par des morceaux de vêtement.
Après qu’Ayla eut vérifié une dernière fois l’état du blessé, ils le placèrent
sur la litière de fortune.
Le camp n’était pas très éloigné. Ayla et Jondalar firent signe
aux chevaux de suivre et marchèrent près de Matagan. La jeune femme ne le
quitta pas des yeux et, quand ils s’arrêtèrent pour changer de porteurs, elle
écouta sa respiration, tâta son pouls. Il était faible mais distinct.
Ils parvinrent à proximité de la partie en amont du camp, près
de l’endroit où s’était installée la Neuvième Caverne. La nouvelle de l’accident
s’était vite propagée et plusieurs Zelandonii s’étaient avancés à leur
rencontre, notamment Joharran. Quand les deux groupes firent leur jonction, les
porteurs furent libérés de leur fardeau et la progression se poursuivit sur un
rythme plus rapide.
— Marthona a envoyé quelqu’un prévenir Zelandoni, et
Zelandoni de la Cinquième, dit Joharran. Tous deux participaient à une réunion
de doniates à l’autre bout du camp central. Nous le portons à notre camp ou au
sien ? demanda-t-il à Ayla.
— Je veux changer les bandes et mettre un emplâtre sur la
blessure pour éviter qu’elle s’infecte, répondit-elle. Elle réfléchit un moment
puis ajouta :
— Je n’ai pas eu le temps de renouveler mes remèdes mais je
suis sûre que Zelandoni a ce qu’il faut, et je tiens à ce qu’elle l’examine.
Portons-le à la hutte de la Zelandonia.
— Bonne idée. Il lui faudrait un moment pour venir ici,
nous irons probablement plus vite qu’elle. Zelandoni ne court plus comme avant,
remarqua Joharran, dans une discrète allusion au poids de la doniate. Le
Zelandoni de la Cinquième voudra sans doute le voir, lui aussi, quoique les soins
ne soient pas son plus grand talent, m’a-t-on dit.
Lorsqu’ils arrivèrent à la hutte de la Zelandonia, la Première
les accueillit à l’entrée. On avait déjà préparé une couche pour le blessé, et
Ayla se demanda si quelqu’un avait prévenu Zelandoni de la décision de ne pas
le garder au camp de la Neuvième Caverne ou si la doniate avait simplement
pressenti qu’on le lui amènerait. Plusieurs autres Zelandonia se trouvaient
devant la hutte mais il n’y avait personne à l’intérieur.
— Allongez-le là, dit la Première en indiquant l’une des
couches surélevées, tout au fond, en face de l’entrée.
Les porteurs s’exécutèrent et ressortirent tandis que Jondalar
et Joharran restèrent à l’intérieur. Après s’être assurée que la jambe du
blessé était droite, Ayla entreprit d’ôter les bandes.
— Il faut un emplâtre pour empêcher l’infection, dit-elle.
— Cela peut attendre un peu. Raconte-moi ce qui est arrivé,
réclama la Première.
Ayla et Jondalar relatèrent brièvement les circonstances de l’accident
puis la jeune femme continua :
— Les deux os de la partie inférieure de la jambe sont
cassés. Je savais que, si je ne la redressais pas, il ne marcherait plus
jamais, alors qu’il est jeune. J’ai préféré remettre les os en place tout de
suite, pendant qu’il était inconscient, avant que la chair enfle et rende la
tâche plus difficile. J’ai dû glisser un doigt dans la plaie, tirer fort sur
les os, mais je pense qu’ils sont alignés. Il n’a pas cessé de gémir en chemin,
il ne tardera plus à reprendre connaissance. Il va beaucoup souffrir.
— Manifestement, tu sais soigner ce genre de blessure, mais
je dois te poser quelques questions. Tout d’abord, je suppose que tu as déjà
remis des os en place.
Jondalar répondit pour sa compagne :
— Une Sharamudoï, une amie pour qui j’avais beaucoup d’affection,
la compagne d’un chef, s’était brisée le bras en tombant d’une falaise. Leur
guérisseuse était morte et ils n’avaient pu en faire venir une autre. L’os s’était
mal ressoudé, la femme avait très mal. J’ai vu Ayla le casser de nouveau et le
remettre en place. Je l’ai vue aussi soigner la jambe d’un homme du Clan qui
avait sauté d’un rocher pour protéger sa
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