Les refuges de pierre
retour de
Jondalar.
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Toute la journée, de délicieuses odeurs s’étaient élevées des
zones à cuire situées à l’extrémité sud-ouest de l’abri, stimulant l’appétit de
chacun, et un bon nombre de Zelandonii s’étaient occupés des préparatifs de
dernière minute avant que Joharran prenne la parole. Après les présentations,
la foule se dirigea vers le festin, poussant Jondalar et Ayla devant elle, tout
en veillant à laisser un espace suffisant au loup, qui suivait à un pas de la
jeune femme.
La nourriture était disposée de manière attrayante sur des plats
en os ou en bois sculpté, en herbes ou en fibres tressées, présentée sur de
longues tables constituées de blocs et de plaques de calcaire. On avait placé ça
et là des pinces en bois courbé, des cuillères en corne gravée et de grands
couteaux de silex pour ceux des convives qui auraient oublié d’apporter leurs
ustensiles.
Ayla s’arrêta pour admirer les victuailles : cuissots de
jeune renne, grouses dodues, truites, brochets, et – plus appréciés
en ce début de saison chaude – légumes encore rares : racines
tendres, nouvelles pousses, jeunes fougères. Des fleurs comestibles de laiteron
ajoutaient une touche de décoration. Il y avait aussi des noix et des fruits séchés,
cueillis l’automne précédent, du bouillon où flottaient des morceaux de viande
d’aurochs séchée, des racines et des champignons.
L’idée traversa l’esprit d’Ayla que, s’il restait encore autant
d’aliments de choix après les rigueurs de l’hiver, cela dénotait une
remarquable capacité à organiser la conservation et la distribution des vivres
pour nourrir les nombreuses Cavernes des Zelandonii pendant toute la saison
froide. Les deux cents membres, environ, de la Neuvième Caverne auraient
représenté à eux seuls une communauté trop importante pour une région moins
riche, mais l’environnement exceptionnel et le nombre élevé d’abris naturels,
vastes et commodes, favorisaient la croissance de la population et le
peuplement des grottes.
L’abri des Zelandonii de la Neuvième Caverne représentait un
espace de six cent cinquante pieds de long et près de cent cinquante pieds de
profondeur, offrant plus de cent mille pieds carrés de surface protégée. Le sol
de pierre, recouvert par des siècles de terre battue et de gravier, s’étendait
comme une terrasse au-delà du bord de l’énorme surplomb.
Disposant de toute cette place, les membres de la Neuvième
Caverne n’avaient pas construit d’habitations sur la partie abritée. Sans que
personne l’eût vraiment décidé, mais de manière intuitive, peut-être, pour
définir un emplacement distinct de la partie adjacente, où les artisans du
voisinage avaient tendance à se regrouper, on avait édifié les habitations de
la Neuvième Caverne à l’extrémité est de l’abri, l’endroit situé immédiatement
à l’ouest servant d’aire de travail communautaire. Plus à l’ouest encore, près
de l’autre extrémité, un grand espace inoccupé permettait aux enfants de jouer
et aux adultes de se rassembler en dehors des habitations tout en restant
protégés des intempéries.
Même si aucune des autres Cavernes ne possédait les dimensions
de la Neuvième, de nombreux groupes de Zelandonii vivaient le long de la
Rivière et de ses affluents, la plupart – en hiver tout au moins – dans
des abris similaires. Ils ignoraient – et leurs descendants ne
penseraient même pas en ces termes pendant de nombreux millénaires – que
la terre des Zelandonii se trouvait à mi-distance entre le pôle Nord et l’équateur.
Ils n’avaient pas besoin de le savoir pour comprendre les avantages de cette
latitude moyenne. Vivant là depuis des générations, ils avaient appris avec l’expérience,
transmise par l’exemple et les coutumes, que leur territoire présentait des
avantages en toute saison si on savait les utiliser.
En été, ils parcouraient la région qu’ils considéraient comme la
terre des Zelandonii, vivant le plus souvent sous la tente ou dans des huttes,
en particulier quand ils se rassemblaient en groupes plus nombreux, souvent
quand ils chassaient ou participaient à de vastes cueillettes. Mais ils étaient
toujours contents de trouver un abri de pierre exposé au sud qu’ils utilisaient
temporairement, ou de partager l’abri d’amis ou de parents.
Même durant la période glaciaire, quand le bord de la masse de
glace la plus
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