Les refuges de pierre
n’ai pas été vraiment
présenté.
— Ayla des Mamutoï, voici Laramar de la Neuvième Caverne
des Zelandonii. Personne ne fait de meilleur barma, c’est vrai.
Ayla trouva les présentations assez sommaires mais l’homme
sourit du compliment. Elle remit sa coupe à Jondalar pour libérer ses deux
mains, qu’elle tendit vers Laramar.
— Au nom de la Grande Terre Mère, je te salue, Laramar de
la Neuvième Caverne des Zelandonii.
— Et je te souhaite la bienvenue, répondit-il, lui prenant
les deux mains mais ne les gardant que brièvement dans les siennes, comme s’il
était embarrassé. Plutôt que des paroles, je vais t’offrir ceci en guise de
bienvenue.
Laramar entreprit de déboucher son outre. Il retira d’abord un
morceau d’intestin imperméable d’un ajutage [1] fabriqué avec une vertèbre d’aurochs. On avait taillé le pourtour de l’os
tubulaire pour lui donner une forme ronde puis creusé une cannelure dans la
paroi extérieure. On l’avait ensuite inséré dans une ouverture naturelle de la
panse, on avait noué une corde autour de la membrane le recouvrant, de façon à
la faire entrer dans la cannelure. Laramar défit ensuite le bouchon, une mince
lanière de cuir nouée plusieurs fois à une extrémité afin d’être assez grosse
pour obstruer le trou central. Il était plus facile de verser le liquide en le
faisant passer par le trou naturel, au centre du fragment de colonne
vertébrale.
Ayla avait récupéré sa coupe et la tendit. Laramar la remplit
plus qu’à moitié et servit aussi Jondalar. Ayla but une gorgée.
— C’est bon, apprécia-t-elle. Quand je vivais chez les
Mamutoï, Talut, le chef, préparait une boisson semblable avec de la sève de
bouleau, des grains et d’autres ingrédients, mais je dois reconnaître que
celle-ci est meilleure.
Laramar parcourut des yeux le groupe avec un sourire suffisant.
— Avec quoi la fais-tu ? lui demanda Ayla.
— Je n’y mets pas toujours la même chose, ça dépend de ce
que j’ai sous la main, répondit-il d’un ton évasif. Essaie de deviner ce qu’il
y a en plus de la sève et des grains.
Elle goûta de nouveau, mais il était difficile de reconnaître
les ingrédients une fois qu’ils étaient fermentés.
— Des grains, oui, de la sève de bouleau ou d’un autre
arbre... Peut-être des fruits, aussi, et autre chose, de sucré.
— Tu as un palais sensible, fit Laramar, impressionné. Dans
celle-ci, j’ai effectivement mis des fruits, des pommes restées sur un arbre
après une gelée, ce qui les a rendues un peu plus sucrées, mais le goût sucré
que tu sens, c’est du miel.
— Bien sûr ! Maintenant que tu le dis !
— Je n’ai pas toujours de miel, mais quand j’en mets, le
barma est meilleur et plus fort.
Son sourire était cette fois sincère : rares étaient ceux
avec qui il pouvait discuter de la fabrication de son breuvage.
La plupart des gens avaient une activité dans laquelle ils
développaient leurs capacités. Laramar savait qu’il faisait le barma mieux que
personne ; c’était son domaine d’excellence, l’unique chose qu’il
réussissait bien, mais il avait l’impression que peu de Zelandonii reconnaissaient
ses mérites.
Beaucoup de fruits fermentaient naturellement, parfois sur la
plante grimpante ou l’arbre mêmes, et les animaux qui les mangeaient en étaient
affectés. Si beaucoup de Zelandonii fabriquaient des boissons fermentées, au
moins de temps à autre, le breuvage tournait souvent à l’aigre. On citait
Marthona pour son excellent vin mais beaucoup n’y voyaient qu’une activité
mineure, et là n’était pas son seul talent.
On pouvait compter sur Laramar pour faire une boisson fermentée
qui devenait de l’alcool, et non pas du vinaigre. Pour lui, cela n’était pas
une activité mineure : elle requérait du savoir-faire, mais la plupart des
Zelandonii ne s’intéressaient qu’au résultat. De plus, il en consommait
beaucoup lui-même et était souvent trop « malade » le matin pour
aller chasser ou participer à des activités en commun généralement déplaisantes
mais nécessaires.
Peu après qu’il eut servi son barma aux invités d’honneur, une
femme apparut près de lui. Un bambin s’accrochait à sa jambe mais elle ne
semblait pas s’en soucier, et elle tendit la coupe qu’elle tenait à la main.
Une grimace de mécontentement déforma brièvement les traits de Laramar mais il
garda une expression neutre en
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