Les refuges de pierre
proche ne se trouvait qu’à quelques centaines de kilomètres au
nord, il pouvait faire très chaud par temps clair sous les latitudes moyennes
en été. Le soleil, qui semblait tourner autour de la grande planète mère,
passait haut dans le ciel au sud-ouest. Le surplomb protecteur de la Neuvième
Caverne et d’autres abris exposés au sud ou au sud-ouest procurait une ombre
fraîche dans la chaleur écrasante de la mi-journée.
Quand le temps commençait à se rafraîchir, annonçant la rude
saison de froid intense des régions périglaciaires, ces abris accueillaient les
habitations permanentes, mieux protégées. En hiver, avec un vent mordant et des
températures largement inférieures à zéro, les journées de froid intense
étaient souvent sèches et claires. Le disque éclatant était alors bas dans le ciel
et les longs rayons de l’après-midi pénétraient dans les abris exposés au sud
pour déposer un baiser de chaleur solaire sur la pierre. Le calcaire gardait ce
précieux cadeau jusqu’au soir, quand la morsure du gel se faisait plus âpre,
puis le restituait à l’espace protégé.
Il fallait du feu et des vêtements appropriés pour survivre dans
l’hémisphère Nord lorsque les glaciers recouvraient près d’un quart de la
surface de la Terre, mais, chez les Zelandonii, la chaleur du soleil
emmagasinée par la pierre contribuait à chauffer l’endroit où ils vivaient. Les
hautes falaises et leurs surplombs constituaient l’un des grands avantages de
cette région, l’une des plus peuplées de ce monde si froid.
Ayla sourit à la femme responsable de l’organisation du
festin.
— C’est magnifique ! Si ces fumets alléchants n’avaient
tant aiguisé ma faim, je me contenterais de regarder.
Proleva, ravie, sourit en retour.
— C’est sa spécialité, expliqua Marthona.
Ayla se retourna, un peu surprise de voir la mère de Jondalar.
Elle l’avait cherchée après être redescendue de la Pierre de la Parole mais ne
l’avait pas trouvée.
— Personne ne sait mieux qu’elle préparer une fête ou un
rassemblement, poursuivit Marthona. Elle fait bien à manger aussi, mais c’est
sa capacité à organiser la collecte de nourriture qui la rend si précieuse pour
Joharran et la Neuvième Caverne.
— Je la tiens de toi, répondit Proleva, enchantée par ces
éloges.
— Tu m’as surpassée. Je n’ai jamais été aussi bonne que toi
pour organiser des fêtes.
Ayla nota la référence spécifique à l’organisation de fêtes et
se rappela que telle n’était pas la « spécialité » de Marthona. Ses
talents d’organisatrice, elle les avait utilisés comme chef de la Neuvième
Caverne, avant Joharran.
— J’espère que tu me laisseras t’aider, la prochaine fois,
Proleva, dit Ayla. J’aimerais profiter de ton expérience.
— Volontiers, mais puisque cette fête est en ton honneur et
que les autres t’attendent pour commencer, puis-je te servir un peu de ce rôti
de jeune renne ?
— Et ton animal ? s’enquit Marthona. Il aimerait avoir
de la viande ?
— Sûrement, mais il n’a pas besoin de quelque chose d’aussi
tendre. Il se contentera d’un os, s’il en reste un avec un peu de viande dont
vous n’avez pas besoin pour le bouillon.
— Il y en a plusieurs près des feux à cuire, là-bas, dit
Proleva, mais prends d’abord une tranche de renne et des boutons de lis pour
toi.
Ayla tendit son bol pour accepter le morceau de viande et une
louche de légumes verts chauds, puis Proleva demanda à une autre femme de venir
servir et se dirigea vers les foyers avec Ayla en restant à sa gauche, loin de
Loup. Elle conduisit la jeune femme et l’animal près des os empilés à côté d’un
feu et aida Ayla à prendre un long tibia brisé. On en avait extrait la moelle
mais des morceaux de viande brunâtre y demeuraient attachés.
— Cela fera l’affaire, dit Ayla sous l’œil de Loup, qui la
regardait langue pendante. Tu veux le lui donner ?
Proleva plissa le front. Elle ne voulait pas se montrer impolie
envers leur hôte, surtout après la mauvaise farce de Marona, mais elle ne
tenait pas trop à offrir un os à un loup.
— Moi, je veux bien, intervint Marthona, sachant que tout
le monde aurait ensuite moins peur. Qu’est-ce que je dois faire ?
— Tu le lui tends ou tu le lui jettes, répondit Ayla.
Elle remarqua que plusieurs personnes les avaient rejointes,
notamment Jondalar, qui les observait avec un sourire amusé.
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