Les refuges de pierre
ensemble vers la terrasse, mais en les découvrant, les autres leur
tournèrent délibérément le dos. Les Zelandonii n’étaient pas un peuple cruel.
Ils avaient ri de l’étrangère uniquement parce qu’ils avaient été étonnés de
voir une femme adulte porter le sous-vêtement d’hiver et la ceinture pubertaire
d’un jeune garçon. Mais la plupart étaient mécontents de cette farce grossière
qui donnait d’eux une mauvaise image, en les faisant paraître discourtois et
inhospitaliers. Ayla était leur hôte et ferait bientôt partie de leur Caverne.
Elle s’était tirée avec honneur de cette méchante plaisanterie en montrant une
bravoure qui les rendait fiers d’elle.
Les quatre jeunes femmes virent un groupe, s’approchèrent,
découvrirent qu’Ayla en occupait le centre et qu’elle portait encore les
vêtements qu’elles lui avaient donnés. Elle ne s’était même pas changée !
Marona en resta sidérée. Elle était pourtant certaine qu’un des parents de
Jondalar prêterait à l’étrangère quelque chose de plus convenable... si
toutefois elle osait se montrer de nouveau. Or son plan pour ridiculiser la
femme que Jondalar avait ramenée de son Voyage s’était retourné contre elle,
révélant la créature mauvaise et rancunière qu’elle était.
Elle avait persuadé ses amies de participer à cette farce en
leur promettant qu’elles seraient au centre de l’attention générale. Au lieu de
quoi, tout le monde parlait de la femme de Jondalar. Même son curieux accent,
dont Lorava s’était presque moquée ouvertement, et que Wylopa avait du mal à
comprendre, était jugé exotique et charmant.
C’était Ayla qui se retrouvait au centre de l’attention, et les
trois amies de Marona regrettèrent de s’être laissé convaincre. Portula, la
plus réticente, avait accepté uniquement parce que Marona avait promis de lui
peindre le visage et qu’elle était renommée pour la délicatesse de ses dessins
faciaux. Ayla ne semblait pas antipathique, en fin de compte. Elle se montrait
amicale et se liait maintenant d’amitié... avec tout le monde.
Pourquoi n’avaient-elles pas remarqué que le vêtement de jeune
garçon mettait en valeur la beauté de la nouvelle venue ? Elles n’avaient
vu que ce qu’elles s’attendaient à voir : le symbole, et non pas la
réalité. Aucune d’entre elles n’aurait osé porter une telle tenue en public,
mais pour Ayla cela n’avait pas d’importance. Elle était insensible à ce que ce
vêtement représentait, elle le trouvait simplement confortable. Une fois les
rires retombés, elle avait oublié sa singularité. Et, comme elle n’y pensait
plus, les autres l’oublièrent eux aussi.
Un gros bloc de calcaire occupait un point de la terrasse devant
le vaste abri. Il s’était détaché du surplomb depuis si longtemps que nul ne se
rappelait l’époque où il n’était pas là. On l’utilisait souvent pour attirer l’attention
de tous : en grimpant dessus, on se trouvait à deux pieds au-dessus de la
foule.
Lorsque Joharran sauta sur la Pierre de la Parole, le silence se
fit parmi les Zelandonii. Il tendit la main à Ayla pour l’aider à monter puis
invita Jondalar à la rejoindre. Sans invitation, Loup bondit sur le bloc de
craie et se glissa entre la femme et son compagnon. Ensemble sur le bloc de
pierre, le bel homme de haute taille, la femme à la beauté exotique et le
splendide carnassier composaient un tableau étonnant. Marthona et Zelandoni
contemplèrent le trio puis échangèrent un regard, chacune ruminant des pensées
qu’elle eût été bien en peine de traduire en mots.
Joharran attendit d’avoir toute l’attention de la Neuvième
Caverne. Apparemment, il ne manquait personne. Il remarqua plusieurs membres de
grottes voisines, d’autres encore un peu plus loin, et se rendit compte que le
rassemblement était plus important qu’il ne l’avait pensé.
La plupart des membres de la Troisième Caverne étaient là-bas
sur la gauche, et ceux de la Quatorzième se tenaient près d’eux. Au fond à
droite, il y avait de nombreux représentants de la Onzième, et même des membres
de la Deuxième, et quelques-uns de leurs parents de la Septième, vivant de l’autre
côté de la vallée. Joharran remarqua aussi, disséminés parmi les autres,
quelques hommes de la Vingt-Neuvième Caverne ainsi qu’un couple de la
Cinquième. Toutes les Cavernes du voisinage étaient représentées, et certains
étaient venus
Weitere Kostenlose Bücher