Les refuges de pierre
la conscience d’avoir de la chance
fit monter en elle une vague de chaleur.
Marona lui avait quand même joué un sale tour, dont l’issue
aurait pu être grave. Toute la Caverne aurait pu se retourner contre Ayla. Elle
éprouvait de la compassion pour Marona mais elle n’était pas obligée d’avoir de
la sympathie pour elle. Et puis il y avait Brukeval. Sa ressemblance avec ceux
du Clan avait suscité en elle un élan d’amitié, mais à présent elle était
méfiante.
Jondalar la tint contre lui jusqu’à ce qu’il la sentît endormie
puis il ferma les yeux et céda lui aussi au sommeil. Ayla se réveilla dans la
nuit en sentant une pression dans son bas-ventre et une envie de se soulager.
Loup la suivit en silence vers le panier de nuit placé près de l’entrée. Quand
elle se glissa de nouveau sous les fourrures, il se coucha en rond contre elle.
Sentant avec reconnaissance la chaleur et la protection de l’animal d’un côté,
celles de son compagnon de l’autre, elle mit pourtant longtemps à se rendormir.
8
Ayla dormit tard. Lorsqu’elle se redressa et regarda autour d’elle,
Jondalar était parti, Loup aussi. Elle se retrouvait seule dans l’habitation
mais quelqu’un avait laissé une outre pleine d’eau et un bassin en natte
tressée très serré pour qu’elle puisse se rafraîchir. A côté, une coupe de bois
sculpté contenait un liquide froid qui sentait la menthe, mais elle n’avait pas
envie de boire pour le moment.
Elle se leva pour aller se soulager dans le panier : c’était
net, elle avait constaté qu’elle avait beaucoup plus souvent envie. Puis elle
saisit son sac à amulettes et le fit prestement passer par-dessus sa tête avant
d’utiliser le bassin non pour se laver mais pour recueillir le contenu de son
estomac tourmenté. L’envie de vomir était plus forte que d’habitude, ce
matin-là. Le barma de Laramar, pensa-t-elle. Nausée du lendemain conjuguée à la
nausée du matin. Je crois que je vais m’abstenir de boire. De toute façon, ce n’est
probablement pas bon pour moi ni pour le bébé, en ce moment.
Après avoir vidé son estomac, elle se rinça la bouche avec la
boisson à la menthe puis remarqua que quelqu’un avait posé près des fourrures
les vêtements propres mais tachés qu’elle avait eu l’intention de porter à l’origine
la veille. En les enfilant, elle se rappela les avoir laissés près de l’entrée.
Elle comptait garder la tenue que Marona lui avait offerte, en partie parce qu’elle
était résolue à l’adopter, pour lui faire honte, mais aussi parce qu’elle la
trouvait confortable et qu’elle ne voyait rien de mal à la mettre. Pas aujourd’hui,
cependant.
Elle noua autour de sa taille la solide lanière qu’elle avait
portée pendant le Voyage, fit glisser la gaine du couteau à sa place familière,
ajusta le reste des ustensiles et des poches qui pendaient à la ceinture puis
repassa son sac à amulettes autour de son cou. Elle prit le bassin malodorant,
l’emporta mais le laissa près de l’entrée faute de savoir où le vider et se mit
en quête de quelqu’un qui pourrait la renseigner. Une femme accompagnée d’un
enfant qui se dirigeait vers l’habitation la salua. Des profondeurs de sa
mémoire, Ayla fit surgir un nom.
— Je te souhaite une agréable journée... Ramara. C’est ton
fils ?
— Oui. Robenan veut jouer avec Jaradal et je cherche
Proleva. Elle n’est pas chez elle, je me demandais si elle n’était pas ici.
— Il n’y a personne. Quand je me suis levée, tout le monde
était parti. Je ne sais pas où. Je me sens très paresseuse, ce matin. J’ai
dormi tard.
— Comme la plupart des gens. Rares sont ceux qui ont eu
envie de se lever tôt après la fête d’hier soir. Laramar fabrique un breuvage
puissant, il est connu pour ça... Pour ça seulement, ajouta Ramara.
Ayla crut percevoir du dédain dans le ton de la femme. Cela la
fit hésiter un peu à lui demander où se débarrasser du résultat de ses nausées
matinales, mais il n’y avait personne d’autre alentour et elle ne voulait pas
laisser le bassin là.
— Ramara... est-ce que je peux te demander... où je
pourrais... jeter...
La femme parut intriguée puis regarda l’endroit vers lequel Ayla
avait tourné la tête et sourit.
— Tu veux parler des fosses, je suppose. Tu vois là-bas,
vers le bord est de la terrasse ? Pas devant, où on allume les feux de
signaux, mais dans le fond. Il y a un
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