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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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peu différente, les membres du
Clan possédaient à leur naissance la plupart des connaissances qui leur
seraient nécessaires pour survivre, des informations qui étaient passées à la
longue dans les gènes de leurs ancêtres, de la même façon que tout animal – l’homme
y compris  – acquiert un savoir instinctif.
    Au lieu de devoir mémoriser, comme Ayla, les enfants du Clan
avaient seulement besoin qu’on leur « rappelle » une chose une seule
fois pour déclencher leurs « souvenirs » innés. Les membres du Clan
savaient beaucoup de choses sur leur monde et sur la façon d’y vivre ; dès
qu’ils avaient assimilé quelque chose de nouveau, ils ne l’oubliaient jamais,
mais, à la différence d’Ayla et de son espèce, ils n’apprenaient pas facilement.
Le changement leur était difficile, et les Autres apportaient le changement
avec eux.
    Whinney et Rapide n’étaient pas dans le pré où elle les
avait laissés mais paissaient un peu plus haut dans la vallée, loin de la
partie plus fréquentée, proche du confluent de la Rivière des Bois et de la
Rivière. En découvrant Ayla, la jument baissa la tête, la releva, décrivit un
cercle dans l’air avec ses naseaux. Puis elle tendit le cou et, la queue
dressée, galopa vers la jeune femme. Rapide caracolait près de sa mère, les
oreilles et la queue dressées, avançant d’une foulée souple.
    Ils saluèrent d’un hennissement, Ayla leur répondit de la même
manière et sourit. « Qu’est-ce qui vous rend si heureux, tous les
deux ? » demanda-t-elle, utilisant les signes du Clan et les mots qu’elle
avait inventés pour son usage dans sa vallée. C’était ainsi qu’elle s’était
adressée à Whinney depuis le début et qu’elle continuait à parler aux chevaux.
Elle savait qu’ils ne la comprenaient pas complètement mais qu’ils reconnaissaient
certains mots et certains signes, ainsi que le ton avec lequel elle exprimait
son plaisir de les voir.
    « Vous avez l’air contents de vous, aujourd’hui. Vous savez
que nous sommes arrivés au bout de notre Voyage et que nous n’irons pas plus
loin ? poursuivit-elle. Vous aimez cet endroit ? Je l’espère. »
Elle les gratta là où ils aimaient puis palpa les flancs et le ventre de
Whinney pour essayer de savoir si elle était pleine après son escapade avec l’étalon.
    « C’est trop tôt pour en être sûre mais je crois que tu vas
avoir un bébé, toi aussi, Whinney. Même chez moi, cela ne se voit pas encore
beaucoup et j’ai déjà sauté ma deuxième période lunaire. »
    Elle examina son corps comme elle l’avait fait pour la jument en
pensant : ma taille est plus épaisse, mon ventre plus rond, mes seins
douloureux et un peu plus gros. Elle poursuivit sa réflexion en la mettant en
mots et en signes : « J’ai des nausées le matin mais seulement quand
je me lève, pas comme avant, quand j’avais tout le temps envie de vomir. Aucun
doute, je suis grosse, mais je me sens bien. Assez bien pour une promenade à
cheval. Ça te dirait, un peu d’exercice, Whinney ? »
    L’animal releva de nouveau la tête comme pour répondre.
    Je me demande où est Jondalar, pensa Ayla. Je vais le chercher
et lui proposer de m’accompagner. Je prendrai en même temps la couverture, c’est
plus confortable.
    D’un mouvement souple acquis par la pratique, elle empoigna la
crinière courte de Whinney et sauta sur son dos puis prit le chemin de l’abri.
Elle dirigeait l’animal par la pression des muscles de ses jambes, sans même y
penser – avec le temps, c’était devenu une seconde nature –, et
le laissait avancer à son pas. Elle entendit Rapide la suivre comme il en avait
l’habitude.
    Combien de temps encore serai-je capable de sauter sur son dos
comme ça ? Il me faudra quelque chose sur quoi poser le pied quand j’aurai
un gros ventre, se dit Ayla, souriant de plaisir à la perspective d’avoir un
enfant. Ses pensées dérivèrent sur le long Voyage que Jondalar et elle venaient
d’accomplir, et sur la journée de la veille. Elle avait rencontré tant d’hommes
et de femmes qu’elle avait du mal à se les rappeler tous, mais il avait
raison : la plupart des gens n’étaient pas mauvais. Je ne devrais pas
laisser les rares individus qui le sont – Brukeval lorsqu’il se
conduit comme Broud, et cette Marona – m’empêcher d’éprouver des
sentiments cordiaux envers les autres. Je me demande pourquoi on se souvient
plus facilement

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