Les reliques sacrées d'Hitler
la région qui avait incité Himmler à installer une base dâopérations pour ses érudits aryens dans un château proche. Cela expliquait sans doute pourquoi les nazis avaient poursuivi les fouilles à Externsteine. Troche aurait certainement tiré la même conclusion. Externsteine et les terres tout autour étaient un symbole de lâunité allemande, que ce soit pour les chrétiens ou pour les païens, et la preuve quâune Allemagne unie pouvait vaincre de puissants ennemis. La tentation de sâemparer dâun château au cÅur de champs de bataille aussi légendaires avait dû être irrésistible.
Horn réfléchissait toujours à cela en regagnant la jeep avec Dollar pour effectuer le trajet à travers la campagne jusquâà Büren, où il devait rencontrer lâofficier Markham de la MFAA. Mais, comme Horn le noterait plus tard, une nouvelle pensée tout aussi perturbante vint le distraire pendant quâils passaient devant les puits des fouilles. Son propre frère avait-il fait profiter de ses connaissances lâarmée dâuniversitaires et de scientifiques dâHimmler ? Et que dire de son beau-frère, Erich Maschke, doyen de la faculté de préhistoire et dâarchéologie à lâuniversité de Leipzig, qui était parvenu au sommet de sa profession sous le régime nazi ? Troche, qui connaissait Rudolf et Erich et avait été membre de lâAhnenerbe, nâavait rien dit. Et Horn ne lui avait rien demandé.
Horn et Dollar quittèrent bientôt le tunnel vert de la forêt et la route se mit à serpenter entre des pâturages et des vallons couverts de mousse, passant parfois devant de petites laiteries et de vieilles maisons en pierre. Trouver son chemin jusquâau quartier général des troupes dâoccupation britanniques fut un jeu dâenfant. Une compagnie entière de soldats logeait dans des rangées de tentes impeccables plantées sur une prairie ondulante juste à lâextérieur du centre-ville de Büren. Un drapeau britannique flottant sur la mairie indiquait les bureaux de lâadministration.
Après avoir garé la jeep devant, Dollar resta à proximité tandis que Horn présentait ses accréditations aux gardes à la porte avant dâêtre introduit dans le bureau de Markham.
Comme ses homologues américains de la MFAA, le commandant portait un uniforme de simple soldat. àpart cela, il était difficile de savoir sâil avait jamais fait le coup de feu au combat. Grand et maigre, Markham avait le comportement réservé et les lunettes épaisses dâun universitaire, ce quâil avait dâailleurs été dans sa précédente carrière en tant que spécialiste attaché au British Museum. Il accueillit chaleureusement Horn dans son bureau, prépara un thé sur un réchaud portable et assura son collègue de toute lâaide dont il pourrait avoir besoin.
Horn était enchanté par lâamabilité de Markham, surtout après lâaccueil quâil avait reçu à Nuremberg. Peut-être lâofficier avait-il reconnu chez Horn une âme sÅur ou, plus simplement, comme Hammond lâavait laissé entendre, était-il reconnaissant dâavoir quelquâun à qui parler. Il nây avait eu quâun seul visiteur au château avant lui, un officier du CIC qui ignorait jusquâà son arrivée dans les lieux quâun personnage aussi important quâHimmler avait tenu sa cour dans sa vaste salle des Chevaliers.
Markham servit le thé dans un service de porcelaine coquille dâÅuf orné de runes germaniques, lâancien alphabet aryen. Horn ne put sâempêcher de le faire remarquer.
Le commandant parut ravi que le lieutenant reconnaisse les symboles. Himmler avait fait faire ce service spécialement et les forces dâoccupation britanniques lâavaient emprunté aux cuisines du château. Troche lâavait dit à Horn, ces mêmes images antiques avaient été utilisées par Hitler dans la reconstruction de Nuremberg et les plans pour le champ de parade du parti. Le fait quâHimmler se soit emparé du château et quâil ait fait orner de runes son propre service à thé était une preuve supplémentaire de sa façon
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