Les reliques sacrées d'Hitler
suffisamment de preuves dâaprès les restes humains extraits dâune fosse trouvée dans lâaile de lâouest. La fosse, connue sous le nom de trou Norbertus, en honneur dâun seigneur du château particulièrement cruel, renfermait les ossements dâau moins une centaine de victimes, datant de plusieurs siècles ou beaucoup plus récents. Câétait, souligna Markham, avant quâHimmler nâouvre son propre camp de concentration au pied de la montagne.
Horn ignorait quâil y avait eu un camp de concentration dans la région, ce qui nâétonna pas Markham. Peu de gens au sein de lâarmée alliée en avaient entendu parler, et même parmi les nazis eux-mêmes. Telle était la volonté dâHimmler. Il sâétait donné beaucoup de mal pour quâil nâen soit fait aucune mention. Comme Markham sâen était aperçu dâaprès ses recherches, les archives de Berlin et de Munich elles-mêmes y faisaient à peine allusion.
Dâaprès le commandant, le premier camp avait été construit dans la prairie directement en dessous du château pour abriter un camp de travail. Les prisonniers vivaient dans des tentes. Il nâavait pas été financé par des fonds du Reich, mais fonctionnait sous lâégide dâune organisation philanthropique, la Société pour la protection et la préservation des monuments culturels allemands, quâHimmler avait annexée pour rénover et améliorer le château.
Horn se souvint de ce nom qui figurait sur la carte destinée aux touristes à lâentrée dâExternsteine.
Markham ignorait combien dâautres projets étaient regroupés au sein des diverses Åuvres philanthropiques dâHimmler, mais le but avoué du Reichsführer-SS en ce qui concernait Wewelsburg était de transformer le château en académie SS, où des officiers confirmés recevraient une formation idéologique. Elle devait également servir de tremplin pour des érudits dans leurs entreprises archéologiques et scientifiques. Mais cette ambition relativement modeste avait fini par se transformer en un projet infiniment plus grandiose. àentendre Markham, Himmler avait commencé à considérer le château comme le siège de son empire personnel, un Marienberg des temps modernes. Il devait devenir une cité monastique consacrée aux études aryennes, une sorte de Mecque teutonique.
Markham confia à Horn un classeur contenant des archives du camp de concentration, montrant combien de prisonniers avaient été amenés au château pour travailler à sa rénovation. Des soixante-dix premiers ouvriers, on était passé à plusieurs centaines dâhommes et de femmes hautement qualifiés venus du camp de concentration de Sachsenhausen à Berlin.
Ce nâétait pas des Juifs, dit Markham, soucieux dâattirer lâattention de Horn sur un point précis. Câétait des Témoins de Jéhovah, membres du mouvement religieux américain qui sâétait enraciné en Allemagne vers la fin des années 1890. Connus dans toute lâEurope comme « des étudiants de la Bible », ils étaient pour la plupart des professionnels reconnus. Himmler les avait spécialement choisis pour leurs talents dâingénieurs, de maçons et dâadministrateurs.
Horn savait déjà que les Témoins de Jéhovah occupaient une place à part parmi ceux que le III e Reich avait persécutés. àla différence des Juifs, des Tsiganes et de la plupart des autres groupes ethniques et religieux envoyés dans les camps de concentration, les Témoins de Jéhovah choisissaient leur sort. Il leur suffisait de jurer fidélité au Führer pour recouvrer leur liberté. Des centaines, puis des milliers de Témoins de Jéhovah avaient préféré le martyre plutôt que de jurer fidélité à Hitler.
Selon Markham, Himmler sâétait employé à faire venir les Témoins de Jéhovah au château, car ils étaient en bonne santé, techniquement bien formés et, compte tenu de leurs croyances, forcés de ne pas sâéchapper. Il avait sélectionné des maçons, des plombiers, des électriciens, des charpentiers, des vitriers, des relieurs, des
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