Les reliques sacrées d'Hitler
joyaux de la Couronne du Saint Empire romain germanique, la collection dâÅuvres dâart la plus précieuse de toute lâEurope. Hitler, dans sa quête pour dominer le monde, les avait confisqués dans la trésorerie royale de Vienne, en Autriche, avant de les exposer brièvement à Nuremberg où il les avait cachés après que le bombardement de lâAllemagne eut commencé. Et si la collection était encore intacte, elle faisait lâobjet dâintenses spéculations chez les historiens dâart et les conservateurs de musée du monde entier.
Horn nâavait aucune raison de douter du récit du prisonnier. Hitler avait pillé lâEurope, sâemparant des trésors les plus variés, depuis des tableaux de Léonard de Vinci et des sculptures de Michel-Ange, jusquâà des icônes russes et polonaises dâune valeur inestimable, et des manuscrits monastiques médiévaux. Nuremberg, la deuxième plus grande ville de la Bavière, était lâendroit idéal pour quâHitler y mette son butin à lâabri. Cette cité ancienne, avec son château médiéval imposant bâti sur une montagne de grès rouge, était le cÅur symbolique de lâÃtat nazi, reliée sentimentalement à son passé mythique, et le lieu dâimposants congrès du parti nazi visant à encenser le régime. Horn lui-même avait entendu Hitler à la radio, proclamer, debout sur un podium, que Nuremberg était « la plus allemande de toutes les villes allemandes » et la « malle au trésor du parti nazi ». Horn avait toujours pensé quâil disait cela au sens figuré. Hüber était en train de le démentir.
Le prisonnier écrivit consciencieusement le nom de sa mère et de son père, puis, au dos dâun questionnaire de lâarmée, dessina une carte avec lâendroit exact de lâentrée menant au bunker souterrain dans une ruelle étroite. La ruelle en question donnait dâun côté sur le château historique de Nuremberg et, de lâautre, sur une place pavée entourée de bâtiments médiévaux, dont lâun abritait la maison et lâatelier dâAlbrecht Dürer. Câétait le « 52 » de lâallée du Forgeron.
Plus tard, dans la soirée, après que Horn eut remis une pile de questionnaires à son officier supérieur, il emprunta une machine à écrire à son ami et collègue enquêteur dâorigine allemande, lâadjudant Felix Rosenthal, et passa le reste de la nuit au mess des officiers à rédiger un rapport détaillé de son interrogatoire. Il ne se faisait pas beaucoup dâillusions, son rapport risquait dâêtre noyé dans la masse de renseignements recueillis par lâarmée et rejetés comme ne relevant pas de lâeffort de guerre. Et si, pour une raison ou une autre, ce document remontait la chaîne de commandement jusquâau quartier général du général Patton, il était peu probable quâun officier dâopérations juge que la récupération des joyaux de la Couronne du Saint Empire romain germanique constitue un objectif militaire digne de ce nom.
Malgré ses doutes sur lâutilité de son rapport, Horn en fit deux exemplaires, choisissant ses mots avec le même soin et le sens du détail que pour les articles quâil avait publiés avant la guerre dans des revues prestigieuses dâhistoire de lâart. Satisfait du résultat final, il mit son rapport dans une enveloppe ainsi que la carte dessinée par Hüber, et lâadressa au quartier général des services de renseignements de la 3 e  armée de Patton à Paris.
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Les hommes de la MFAA
19Â juillet 1945
L a guerre en Europe sâacheva moins de trois mois plus tard, le 8 mai 1945. Des milliers de villes et villages étaient maintenant en ruines, par la volonté monstrueuse dâun seul homme, Adolf Hitler. Le temps se réchauffait et les fleurs des champs commençaient à éclore, mais des décombres montait la puanteur dâinnombrables cadavres, hommes, femmes et enfants. On commençait seulement à découvrir les pires réalités de la machine à exterminer nazie. Les combattants les plus aguerris étaient atterrés par
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