Les reliques sacrées d'Hitler
promis au peuple allemand le ministre de la Propagande Josef Goebbels, il lâaurait déjà utilisée.
Hüber et ses camarades prisonniers savaient que personne nâallait venir à leur secours. Pourtant, malgré leur désespoir, Horn sentait en eux poindre un étrange paradoxe. Ces fantassins voulaient encore servir, compter pour quelque chose, même ceux qui avaient été au début des fidèles invétérés du Führer et de son rêve insensé de dominer le monde. Ils voulaient à tout prix se rendre utiles, au besoin auprès de leur ennemi. Le soldat Hüber, ainsi que beaucoup dâautres comme lui, rentrerait un jour chez lui pour rebâtir la nation.
Le prisonnier dit à Horn, en sâexcusant, quâil ne pouvait lui être dâaucune aide.
Horn ne sâattendait à rien de plus. Mais tandis que Hüber finissait son café et que Horn allait demander aux gardiens de le raccompagner à lâenclos des prisonniers, le visage du soldat sâillumina soudain.
« Ãtes-vous intéressé par lâart et les antiquités ? » demanda-t-il.
Horn fit un grand sourire. Le vieux soldat allemand ne pouvait pas savoir que son enquêteur était professeur dâhistoire de lâart à Berkeley, à lâuniversité de Californie. Mieux, que, des années auparavant, avant de fuir lâAllemagne nazie, il avait étudié lâhistoire de lâart à Hambourg, Munich et Berlin et avait obtenu un doctorat sous la direction dâErwin Panofsky, spécialiste en art médiéval mondialement connu, et quâil avait ensuite poursuivi ses études supérieures avec Bernard Berenson à Florence. Aucun autre sujet de discussion ne pouvait davantage intéresser le docteur Walter Horn que lâart et les antiquités.
« Que savez-vous ? » demanda Horn.
Hüber se redressa avec difficulté et sâadressa au lieutenant comme sâil rendait des comptes à un supérieur de lâarmée allemande.
« Il y a un trésor caché dans un bunker sous le château de Nuremberg. La cachette est creusée dans la roche sous la falaise de grès. Elle a été tenue très secrète. Personne nâest au courant, sauf le Reichsführer-SS Himmler, son état-major, quelques fonctionnaires haut placés de la ville et ceux qui travaillent dans le bunker.
â Heinrich Himmler, dites-vous ? De la SS ? »
Hüber acquiesça solennellement, ajoutant que le bunker était situé dans les profondeurs rocheuses sous le château, mais que le tunnel dâentrée venait de lâextérieur, depuis la rue.
Intrigué, Horn demanda à Hüber de lui en dire plus.
Hüber lui expliqua que lâentrée était camouflée pour ressembler à lâentrée du parking dâun magasin dâantiquités donnant sur une ruelle dans lâancienne ville, signalé par un panneau sur lequel était écrit : A NTIQUITÃS â N EUF ET A NCIEN .
Comme Horn le noterait plus tard, Hüber marqua un temps dâarrêt, comme sâil revoyait le magasin dans sa tête. Il esquissa un sourire, se détendit, lâair presque insouciant.
Le prisonnier poursuivit en décrivant le plan du bunker. Il dit que le garage couvert, avec ses portes camouflées, conduisait vers un long tunnel qui descendait dâenviron soixante-dix mètres dans le sous-sol. Au bout du tunnel se trouvait un bunker de quatre cents mètres carrés en béton armé, avec cinq compartiments de stockage et une chambre forte assez grande pour y garer une camionnette. Le tout était entièrement indépendant. Les gardiens du bunker avaient leurs propres logements, générateurs électriques, carburant, eau potable, réserve de provisions et équipement radio. Il y avait des conduits dâair qui donnaient sur lâextérieur et un système de purification de lâair au cas où la ville subirait une attaque de bombe incendiaire.
« Si cet endroit est tellement secret, demanda Horn prudemment, comment êtes-vous au courant ? »
Hüber sâanima.
« Parce que notre famille habite au-dessus du magasin dâantiquités. Mon père est responsable de la maintenance de
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