Les reliques sacrées d'Hitler
commémoratif publié par le maire Liebel : « Dans aucune autre ville allemande, il nâexiste un lien aussi fort entre le passé et le présent [â¦] quâà Nuremberg, lâancienne et la nouvelle ville impériale. Cette ville, que lâancien Reich allemand avait jugée digne de protéger les insignes impériaux derrière ses murs, a retrouvé ces symboles, ce qui témoigne de la puissance de lâancien Reich [â¦] et constitue une affirmation de la puissance et de la grandeur allemandes dans un nouveau Reich allemand. »
En touchant la couronne, Hitler avait dit encore : « Les Allemands se sont déclarés eux-mêmes porteurs de la couronne millénaire. »
Troche fit remarquer quâHitler nâavait pas évoqué la couronne comme « couronne impériale », ni « couronne du Saint Empire ». Il lâavait appelée sa couronne millénaire.
Ce premier jour, Troche et quelque deux cent mille personnes défilèrent devant la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne. Dans les mois qui suivirent, plusieurs millions dâautres eurent le même privilège.
Cela ne faisait aucun doute, dit Troche, Hitler avait toutes les raisons de croire dans les pouvoirs protecteurs de la Sainte Lance.
Horn était dâaccord. Lâinvincibilité du Führer avait dû paraître irréfutable quand on voyait une nation européenne après lâautre tomber face au blitzkrieg de lâarmée et de lâaviation allemandes.
Mais le climat nâavait pas tardé à changer. àlâété 1940, on ne parvenait toujours pas à arrêter la progression dâHitler et de ses armées, mais la RAF avait commencé à bombarder les villes allemandes. Peu de temps après les premiers raids sur Nuremberg, lâexposition à lâéglise Sainte-Catherine fut discrètement fermée. Sans fanfare cette fois, mais toujours accompagnés par la même phalange dâofficiers SS, les joyaux de la Couronne furent placés dans un coffre-fort de la banque Kohn, au coin de la Königstrasse et de la Brunnengasse, une banque dont les propriétaires juifs avaient été, comme par hasard, bannis de Nuremberg.
Des rumeurs avaient couru selon lesquelles Hitler empruntait la lance pendant des jours ou des mois dâaffilée. Troche nâen savait rien. Tout ce quâil avait entendu dire à propos de la collection par ses confrères conservateurs et le personnel du musée, câétait quâHimmler et lâAhnenerbe préparaient un film sur lâhistoire des joyaux de la Couronne et lâémergence de Nuremberg comme La Mecque du III e Reich. Troche ainsi que dâautres conservateurs avaient été envoyés en repérage pour trouver des endroits appropriés pour le tournage et chargés de fournir des éléments en provenance de la collection du musée. Le film ne fut jamais terminé car, à ce moment-là , les bombardements avaient détruit des pans entiers de la ville.
Peut-être aussi, continua Troche, lâinvincibilité du régime nazi commençait-elle à être sérieusement mise en doute. Les formules mystiques qui devaient assurer la longévité du Reich millénaire nâoffraient aucune protection contre les vagues de bombardements. Les congrès du parti furent suspendus et les travaux de rénovation de la ville arrêtés. Au début des années 1940, lâargent et les matériaux prévus pour les différents projets étaient désormais consacrés à lâeffort de guerre. Mais tous ceux prévus dans la vieille ville nâavaient pas été arrêtés. Les nazis construisaient le bunker sous le château de Nuremberg.
La construction du complexe de lâallée du Forgeron, expliqua Troche, nâétait pas un secret. De nombreux abris contre les bombes se construisaient partout dans Nuremberg et celui-ci ne semblait pas très différent. Mais peu de personnes, en dehors du maire Liebel et de ses proches, étaient au courant des aménagements spéciaux en cours.
Horn avait effectivement constaté ces aménagements. Mais Troche tenait à ce que Horn comprenne pourquoi Himmler et lâAhnenerbe avaient choisi ce site particulier pour y entreposer les
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