Les reliques sacrées d'Hitler
SS.
« Nâoubliez jamais, avait dit Himmler à ses officiers, nous sommes un ordre de chevaliers. »
Une affiche de recrutement, diffusée partout en Allemagne, avait même montré le Führer habillé en chevalier Teutonique médiéval.
Horn écoutait les propos de Troche avec un intérêt grandissant, mais il ne pouvait pas imaginer la suite. Dâaprès ce que ses collègues conservateurs lui avaient dit et ce quâil avait pu glaner par des allusions dans les écrits du maire, il avait de bonnes raisons de croire quâHimmler ne sâétait pas contenté dâemprunter les symboles des chevaliers Teutoniques. Il aurait parfaitement pu ressusciter lâordre, qui avait continué à exister en Allemagne comme instance caritative et cérémonielle. Malgré lâordre dâHitler appelant à la dissolution des chevaliers Teutoniques, des francs-maçons, des rosicruciens, des anthroposophistes ainsi que dâune myriade dâautres sociétés et fraternités ésotériques, Himmler aurait très bien pu faire revivre la confrérie des prêtres soldats.
Dâaprès Troche, le nouvel ordre de chevaliers aurait pu se rassembler au château dâHimmler à Wewelsburg, une forteresse médiévale triangulaire qui surplombait la vallée de lâAlme, à trois cents kilomètres environ au nord-ouest de Nuremberg. Le château comportait une tour réservée à lâusage exclusif dâHitler, une autre pour Himmler et une troisième, face au nord, où se tenaient toutes sortes de cérémonies mystiques. Troche admit ne jamais être allé au château ; peu de personnes en dehors des intimes du Reichsführer-SS sây étaient rendues. Mais il en avait entendu parler par les employés du musée à Berlin. La visite du château, ainsi que celle dâExternsteine tout proche, un site de fouilles situé à une trentaine de kilomètres, permettrait à Horn de jauger la fascination des nazis concernant les cultes, lâhistoire germanique, le mysticisme et les chevaliers Teutoniques.
Troche était convaincu que Liebel, le maire, et peut-être dâautres notables de Nuremberg étaient membres de lâhypothétique confrérie teutonique, et que leur tâche particulière était de veiller à la protection de la Sainte Lance et des joyaux de la Couronne. Ãvidemment, Troche ne pouvait pas en être certain, car lâadhésion à lâordre supposé et tout ce qui le concernait étaient tenus secrets. Il était, comme il lâavait répété à plusieurs reprises, parfaitement extérieur à tout ça. Pour lui, en tout cas, il ne pouvait pas sâagir dâun hasard si, dans les temps anciens, trois résidents de Nuremberg, membres des chevaliers Teutoniques dans la cité impériale, étaient chargés de veiller à la protection des trésors, alors que, à lâépoque actuelle, sous les nazis, le maire avait confié à trois membres du conseil municipal de Nuremberg la garde des clés et la combinaison de la serrure de la chambre forte de lâallée du Forgeron.
Pour la deuxième fois ce jour-là , Horn avait la tête qui tournait en entendant le conservateur. Dâaprès Troche, Himmler nâavait pas seulement mandaté lâarmée sous ses ordres pour récupérer les trésors du Saint Empire, mais il était peut-être allé encore plus loin et avait recréé une confrérie médiévale avec pour mission de protéger ces trésors.
Toutefois, la thèse de Troche ne répondait pas à une question plus brûlante, à savoir qui aurait pu emporter les joyaux de la Couronne du bunker. Mais elle suffisait à expliquer toutes les coïncidences entourant la récupération et lâutilisation par les nazis des joyaux de la Couronne, la décision de mettre les trésors en sécurité dans une chambre forte sous la chapelle du Roi et les aménagements architecturaux de Nuremberg qui dessinaient une lance depuis le champ de parade servant aux congrès du parti nazi jusquâà lâancien siège des empereurs romains germaniques.
Si ce que Troche disait était vrai, et non le fruit de son imagination, on pouvait supposer que ceux qui avaient été jugés dignes
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