Les reliques sacrées d'Hitler
trésors, alors quâil existait à Nuremberg dâautres chambres souterraines tout aussi appropriées.
Sans perdre cette idée de vue, ils quittèrent les ruines de Sainte-Catherine et montèrent péniblement à travers le dédale de rues encombrées de gravats en direction du château. Dâune certaine façon, ils reculaient dans le temps et allaient se retrouver à lâendroit où, des siècles auparavant, la ville avait été fondée. Aucun camion ne passait plus avec des hommes et des équipements, aucun coursier à moto. La vieille ville était étrangement déserte à lâombre de ses immeubles et de ses colonnes à demi effondrés, dâune beauté obsédante et mystérieuse.
Horn et Troche gravirent une série de marches en pierre en colimaçon usées par les siècles et pénétrèrent dans le complexe par le portail de la porte du Ciel dont le nom avait sombré dans lâoubli. Selon une explication au demeurant vraisemblable, cette porte menait vers une cour ouverte où, à lâépoque médiévale, les criminels se voyaient accorder lâasile, à condition quâils parviennent à tromper la vigilance des gardiens ou à les tuer.
Les sentinelles de garde, deux MP nonchalamment appuyés contre les remparts, regardèrent Horn et Troche à deux fois pour des raisons évidentes : les bombardements aériens avaient à peu près tout détruit sauf les murs du château, et des hordes de pillards avaient emporté tous les objets de valeur. Ici, comme ailleurs, la mission des MP était dâempêcher les citoyens allemands et les travailleurs libérés des camps de se rassembler.
Horn et Troche sâarrêtèrent quelques minutes pour regarder la cour impériale. Presque tous les guides sur la vieille ville mentionnaient un « arbre sacré », que lâon disait planté par lâépouse de lâempereur romain germanique Henri II au début du XI e  siècle. Selon la légende, tant que lâarbre serait florissant, le château et la forteresse adjacente prospéreraient.
Il nâexistait aucun document mentionnant combien de fois et dans quelles circonstances lâarbre avait été replanté. Dâaprès Troche, celui des nazis, réputé pour avoir été bénit par le Führer lui-même, sâétait étiolé bien longtemps avant lâinvasion des Alliés. Il nâen restait plus quâune souche noircie par le feu.
Mais ils nâétaient pas venus pour voir lâarbre. Troche conduisit Horn en bas dâun escalier étroit entre la salle des Chevaliers et la tour des Païens ; il donnait sur la partie inférieure de la chapelle du Roi, composée de deux galeries romanes séparées, lâune au-dessus de lâautre. En dehors des pigeons qui voletaient à lâintérieur, les deux hommes étaient seuls.
Lâouverture carrée qui reliait la galerie inférieure à la galerie supérieure avait survécu aux bombardements. Des parties du plafond voûté de la galerie supérieure et des portions des quatre grands piliers en marbre blanc qui le soutenaient ne sâen étaient pas aussi bien tirées. Dâénormes fragments de maçonnerie sâétaient écrasés au sol, jonchant de gravats la galerie inférieure. La chapelle, comme le reste du château, ne servant à rien pour la tenue des procès contre les crimes de guerre et nâétant pas non plus indispensable aux services vitaux de la ville, aucune équipe de travail nâavait été envoyée pour nettoyer le chantier.
Troche attira lâattention de Horn vers un endroit au milieu de la galerie inférieure encombrée de gravats. Câétait lâendroit où les chevaliers Teutoniques conservaient le reliquaire contenant la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne. Lâempereur, depuis la galerie au-dessus, pouvait vérifier si on veillait convenablement sur eux.
Regardant en bas entre les tronçons de maçonnerie poussiéreux, Horn se demandait sâil y avait encore quelque chose à découvrir sous les gravats. Après des siècles de rénovation, existait-il encore des indications sur la façon dont les chevaliers Teutoniques protégeaient
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