Les reliques sacrées d'Hitler
Hitler â la Sainte Lance â nâen faisait pas partie. Si Troche avait eu raison, les nazis auraient certainement caché lâExcalibur dâHitler avec les autres trésors.
Le lieutenant bouillait dâimpatience dâentendre son ancien condisciple aborder le sujet des joyaux de la Couronne, mais il ne voulait pas bousculer Troche. Horn devait dâabord savoir et comprendre certaines choses, sinon il ne croirait pas ce que Troche avait à lui montrer et à lui dire ensuite.
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Les chevaliers
Teutoniques
22Â juillet 1945
T roche décrivit le drame qui sâétait déroulé à Nuremberg comme le premier acte dâun opéra wagnérien, sauf que les acteurs et la toile de fond étaient réels. Hitler, tel Parsifal, surgissait au milieu de la scène pour conférer avec Himmler, le magicien maléfique. Quelles nouvelles péripéties Troche allait-il dévoiler ?
Horn, déjà ébranlé par les révélations de son collègue, suivit Troche en silence en bas de la tour. Ils montèrent la route pavée vers la vieille ville, traversèrent la place du marché et empruntèrent un dédale de ruelles sinueuses jusquâà Sainte-Catherine, le couvent du XIII e  siècle qui avait été transformé en salle dâexposition pour les joyaux de la Couronne. Une autre équipe de travailleuses, avec les mêmes foulards sur la tête, sây affairait, mais il nâétait pas question de réhabiliter lâancienne chapelle et la salle des chÅurs des maîtres chanteurs. Tout cela ne pouvait même plus être sauvé, sauf peut-être pour illustrer la capacité destructive de lâaviation alliée.
Horn passa à travers le trou déchiqueté où une bombe alliée avait fait sauter lâentrée voûtée. Cinq cents ans plus tôt, dans ce couloir en pierre, des religieuses dominicaines, portant voiles noirs et robes blanches, étaient entrées dans la chapelle et sâétaient retrouvées devant un formidable ensemble dâart et dâarchitecture éclairé par des chandelles : arches en forme dâoméga surplombant un chÅur et un transept magnifiques, vitraux, statue délicatement sculptée de leur sainte patronne bien-aimée, la martyre Catherine dâAlexandrie. On ne voyait plus à présent que des murs en pierre noircis par le feu, des trous à la place des fenêtres gothiques, des monceaux de bois brûlé et un tas dâardoises à lâendroit où le toit sâétait effondré dans le sanctuaire.
Troche aida Horn à imaginer à quoi ressemblait lâendroit quand les nazis y exposaient la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne. Il décrivit lâénorme tapis rouge qui allait de la nef jusquâau déambulatoire. Des tentures rouge et noir recouvraient les murs sur toute la hauteur de lâédifice, et les fenêtres étaient obturées pour augmenter lâeffet des projecteurs braqués sur les vitrines dâexposition. La couronne, lâorbe, le sceptre, la lance et les glaives, dans toute leur splendeur, étaient disposés dans le chÅur sur un coffre médiéval en pierre délicatement sculptée.
Les cérémonies dâinauguration de lâexposition, le 6 septembre 1938, après que les trésors eurent été officiellement remis à la ville, avaient été présidées par Arthur Seyss-Inquart, le gouverneur nazi de lâAutriche qui, reprenant la déclaration de lâempereur Sigismond, avait offert les trésors à Nuremberg « pour toute lâéternité ». Une semaine plus tard, lors du sixième congrès du parti, le Führer vit les joyaux de la Couronne de ses propres yeux. Une phalange de gardes SS, en uniforme noir de cérémonie, se tenait au garde-à -vous dans les allées. Sur le balcon, avaient pris place des trompettes vêtus de costumes héraldiques médiévaux. Quand le Führer était entré dans le sanctuaire, les choristes de Nuremberg avaient entonné le refrain « Ãveille-toi » des Maîtres chanteurs de Wagner.
àla tribune remplaçant la chaire, Hitler sâétait montré très éloquent ce jour-là . Troche reprit les propos du Führer dâaprès un album
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