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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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Il les suivit du regard jusqu’à ce
qu’ils quittent la prison, puis il tourna la tête. Sa mère, qui avait confié la
garde de Shamir à une autre recluse, se tenait devant lui.
    — Mère…
    — Hernando, murmura Aisha en le voyant.
    — Où pourrions-nous être seuls un moment ? demanda
Hernando au gouverneur.
    Celui-ci leur céda une petite pièce contiguë à la loge du
gardien, sans fenêtre, qui servait d’entrepôt.
    — Que faisais-tu… ? commença-t-il à s’enquérir dès
que le chef de la prison referma la porte derrière lui.
    — Embrasse-moi, coupa Aisha.
    Il contempla sa mère qui l’attendait les bras ouverts,
n’osant se réfugier contre elle. Jamais elle ne lui avait formulé une telle
demande ! Pendant une seconde il se rappela comment, à Juviles, elle
repoussait ses manifestations de tendresse par crainte de la moindre
éventualité d’être découverte, et maintenant… Il se jeta dans ses bras et
l’étreignit avec force. Aisha le berça en fredonnant une chanson douce, mais
elle ne put se retenir de pleurer.
    — Que faisais-tu sur le chemin de las Ventas,
mère ? questionna-t-il de nouveau au bout d’un instant, ressaisi.
    Aisha lui raconta leur fuite dans la montagne, la rencontre
avec les monfíes et Ubaid ; comment ils avaient coupé la main de Brahim et
lui avaient laissé, à elle, la vie sauve.
    — Je lui ai craché dessus et je l’ai insulté,
avoua-t-elle à la fin en bafouillant, encore incapable d’assumer l’abandon de
son époux dans la Sierra Morena avec la main tranchée.
    Hernando se retint de rire, et même de crier. Chien !
pensa-t-il. Sa mère, enfin, s’était révoltée ! Il préféra ne pas exprimer
sa joie.
    — Il a lui-même provoqué sa perte, se contenta-t-il de
commenter.
    Aisha hésita, avant d’acquiescer légèrement.
    — Ubaid veut te tuer, le prévint-elle. Il est
dangereux. Il est devenu le lieutenant d’un chef monfí.
    — Ne t’en fais pas pour cela, mère, voulut-il la
rassurer, mais sans grande conviction. Il ne descendra jamais à Cordoue, ni
pour moi ni pour personne. Pense seulement à toi et au petit. Comment vous
traite-t-on ici ?
    — Personne ne nous fait de mal… et nous mangeons.
     
    Abbas respecta le silence dans lequel était plongé Hernando
lorsqu’ils reprirent leur marche. Les adieux avaient été longs ; Aisha
sanglotait et semblait vouloir le retenir auprès d’elle. Quant à lui… il ne
voulait pas la laisser. Mais avant que les pleurs ne le submergent, Aisha avait
senti un léger tremblement dans le menton de son fils, sa respiration
s’accélérer, et elle l’avait obligé à partir. Hernando avait cherché le
gouverneur et lui avait promis de l’argent, tout ce qu’il voulait, s’il
traitait bien sa mère et veillait sur elle. Il avait quitté la prison en
regardant à plusieurs reprises la porte du cachot où sa mère avait disparu.
    — De quoi voulais-tu parler tout à l’heure ?
demanda-t-il à Abbas dès qu’il eut recouvré la maîtrise de soi.
    — Ta mère… va bien ? interrogea celui-ci à son
tour.
    Hernando opina du chef.
    — Ils l’ont fouettée ?
    — Non… pas que je sache.
    — Dans ce cas, la condamnation a été bienveillante. Un
homme est condamné à mort s’il s’enfuit à Grenade, aux galères à vie s’il
parvient à dix lieues de Valence, d’Aragon ou de Navarre, au fouet et à quatre
ans de galères si on le retrouve n’importe où hors de son lieu de résidence.
    Il l’avait serrée fortement dans ses bras, pensait Hernando,
et elle n’avait pas gémi. Elle n’avait certainement pas été fouettée… ou
bien… ?
    — Il faudra que tu me racontes ce qui s’est passé,
surtout avec ton beau-père, reprit Abbas. Nous avons besoin de le savoir.
    — Nous avons besoin ? s’étonna Hernando.
    — Oui. Nous tous. Ils nous surveillent. Un fugitif…
affecte la communauté. Ils enquêteront dans son entourage.
    — Personne ne parlera, assura Hernando.
    Ils marchaient sans but dans la médina, sorte de lattis
complexe de ruelles étroites et sinueuses, entouré de grandes portions de
terrain dans lesquelles, à leur tour, pénétraient d’innombrables impasses.
    — Ne te fais pas d’illusions, Hernando. C’est la
première chose que tu dois savoir : parmi nous il y a aussi des traîtres,
des croyants qui jouent les espions pour le compte des chrétiens.
    Hernando s’arrêta et fronça les sourcils.
    — Oui, insista Abbas. Des

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