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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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retrouvèrent esclaves.
    Avant la fin de cette même année l’arrêt d’expulsion des
Maures des deux Castilles et d’Estrémadure fut décrété. Les Andalous savaient
qu’ils seraient les suivants.
    Un matin de janvier froid et détrempé, Hernando se trouvait
dans sa bibliothèque, corrigeant les lettres qu’Amin écrivait avec un petit
bâton sur les feuilles dures et blanches de son carnet de notes. Il avait tenté
de lui faire essayer une plume, mais l’enfant noircissait le papier d’encre.
C’est pourquoi ce petit carnet était plus pratique : Amin pouvait effacer
ce qu’il avait écrit et reproduire les lettres autant de fois qu’il le voulait.
L’enfant avait réussi à dessiner un bel alif bien proportionné. Hernando prit
le carnet et approuva son travail avec satisfaction tout en lui ébouriffant les
cheveux. Muqla s’approcha d’eux et regarda son frère aîné avec envie.
    — Si tu continues comme ça, tu pourras bientôt le faire
avec une plume, en cherchant la courbe subtile de la pointe qui s’adapte le
mieux aux mouvements de ta main.
    Le garçonnet le regarda avec des yeux pleins d’illusion.
Mais juste à l’instant où il allait dire quelque chose, de puissants coups
frappés à la porte de la maison résonnèrent sur le seuil, envahissant le patio
et grimpant jusqu’à la bibliothèque. Hernando se figea.
    — Ouvrez au conseil de Cordoue ! entendit-on
depuis la rue.
    Après avoir ordonné d’un geste pressant à son fils aîné de
tout cacher, Hernando se dirigea vers la galerie en tenant le petit Muqla par
la main. Avant de quitter la pièce, il vérifia qu’Amin avait rangé le bureau,
sur lequel il avait placé un livre de psaumes, comme ils s’y étaient plusieurs
fois entraînés.
    — Ouvrez !
    Les coups retentirent de nouveau.
    Hernando s’accrocha à la balustrade et jeta un coup d’œil
dans le patio. Rafaela était debout, effrayée, l’interrogeant du regard.
    — Va ouvrir, lui dit-il avant de descendre l’escalier
en courant.
    Il arriva alors que son épouse venait de déverrouiller la
serrure intérieure. Dans la rue, un alguazil et plusieurs soldats entouraient
un homme d’environ trente ans, luxueusement vêtu. Derrière lui pointait la tête
de Gil Ulloa, tout sourires, et d’un tas de curieux. Hernando passa devant
Rafaela, qui soutenait le regard de son frère. Qui était ce noble ? Ses
traits…
    — Ouvrez au conseil municipal ! cria une fois de
plus l’alguazil alors qu’Hernando était dans la rue face à lui. Et à l’un de
ses vingt-quatre membres, don Carlos de Córdoba, duc de Monterreal !
    Le fils de don Alfonso ! Les traits de son père
apparaissaient, mélangés à ceux de doña Lucía. La duchesse ! Au seul
souvenir de cette femme, de la haine qu’elle lui vouait, Hernando sentit ses
jambes flageoler. Cette visite ne pouvait rien augurer de bon.
    — Es-tu Hernando Ruiz, nouveau-chrétien de
Juviles ? demanda don Carlos de cette voix sûre d’elle et autoritaire avec
laquelle les nobles s’adressaient à leur entourage.
    — Oui, c’est moi. Votre Excellence le sait
parfaitement, dit Hernando avec un triste sourire.
    Don Carlos ignora cette remarque.
    — Par ordre de la Royale Chancellerie de Grenade, je te
remets le résultat de la demande de qualité d’hidalgo à laquelle tu as si
audacieusement postulé.
    Un scribe s’avança et lui tendit un document.
    — Tu sais lire ? interrogea le duc.
    Le papier brûlait entre les mains d’Hernando. Pourquoi le
duc en personne s’était-il dérangé pour venir jusqu’à sa maison alors qu’il
aurait pu être convoqué au conseil ? La curiosité des gens, toujours plus
nombreux, lui offrit la réponse : il voulait que l’acte soit public. Du
coin de l’œil, il perçut que Rafaela chancelait. Il lui avait certifié que ces
démarches pourraient prendre des années !
    — Si tu ne sais pas, insista don Carlos, le scribe va
procéder à la lecture publique…
    — J’ai lu des livres chrétiens au père de Votre
Excellence, mentit Hernando en élevant la voix, tandis qu’il agonisait
prisonnier dans la tente d’un corsaire, avant de risquer ma vie pour le
libérer.
    Un murmure surgit du groupe de curieux. Don Carlos de
Córdoba, cependant, ne cilla pas.
    — Garde ton orgueil pour les Barbaresques, répliqua le
duc.
    Hernando réussit à rattraper Rafaela au moment où, sous
l’effet des paroles du noble, elle s’évanouissait. Les documents se

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