Les révoltés de Dieu
morts ? Il n’est pas ici mais il est ressuscité […]. Elles
revinrent du tombeau et rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres. C’étaient
Marie de Magdala et Jeanne [145] et Marie de Jacques ;
leurs autres compagnes le disaient aussi aux apôtres. Aux yeux de ceux-ci ces
paroles semblèrent un délire et ils ne crurent pas ces femmes. » ( Luc, XXIII, 55-56 et XXIV, 1-11, T. O. B .)
Tout se complique dans l’évangile de Jean : « Le
premier jour de la semaine, à l’aube, alors qu’il faisait encore sombre, Marie
de Magdala se rend au tombeau et voit que la pierre a été enlevée du tombeau. »
( Jean, XX, 1 .) Elle court prévenir
Simon-Pierre et l’ autre disciple, celui que Jésus
aimait , c’est-à-dire l’apôtre Jean. Ceux-ci se précipitent. Mais Jean n’entre pas dans le tombeau . On ne peut
expliquer cette attitude de Jean que par une seule chose : il était prêtre
et, d’après la loi mosaïque, un prêtre ne pouvait approcher un mort sans se
souiller. Mais tous constatent que le tombeau est vide. Simon-Pierre, Jean et
un autre disciple qui n’est pas nommé rentrent chez eux, l’esprit remué par
cette révélation, mais ne sachant pas encore très bien à quoi attribuer la
disparition du corps de Jésus. C’est alors que la Magdaléenne va jouer un rôle
de premier plan.
« Marie était restée dehors, près du tombeau, et elle
pleurait. Tout en pleurant, elle se penche vers le tombeau et elle voit deux
anges vêtus de blanc, assis à l’endroit même où le corps de Jésus avait été
déposé, l’un à la tête, l’autre aux pieds. Femme, lui dirent-ils, pourquoi
pleures-tu ? Elle leur répondit : On a enlevé mon Seigneur et je ne
sais où on l’a mis. Tout en parlant, elle se retourne et elle voit Jésus qui se
tenait là, mais elle ne savait pas que c’était lui. Jésus lui dit : Femme,
pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Mais elle, croyant qu’elle
avait affaire au gardien du jardin, lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as
enlevé, dis-moi où tu l’as mis et j’irai le prendre. Jésus lui dit : Marie.
Elle se retourna et lui dit en hébreu : rabbouni ,
ce qui signifie maître [146] . Jésus lui dit : « Ne
me retiens pas [147] ! car je ne suis
pas encore monté vers mon Père. » ( Jean, XX, 11-17,
T. O. B .)
Cet épisode a le mérite de montrer le rapport particulier
que Jésus entretient avec Marie de Magdala, et il a alimenté bien des
suppositions : Marie de Magdala était-elle la compagne, voire l’épouse de
Jésus ? Une tenace tradition localisée dans le sud de la France, notamment
à Rennes-le-Château, suggère que Jésus et la Magdaléenne auraient eu des
descendants, et parmi ceux-ci les « Rois chevelus », c’est-à-dire les
Mérovingiens [148] . Ce sont évidemment des
hypothèses invérifiables mais dans l’absolu, elles n’ont rien d’invraisemblable,
même si elles débouchent parfois sur de véritables délires. Il faut bien reconnaître
que le culte de Marie-Madeleine s’est fortement localisé en France, notamment
aux Saintes-Maries-de-la-Mer, dans le massif de la Sainte-Baume, à Vézelay et, bien
entendu, à Rennes-le-Château [149] . On suppose, en tous
ces endroits, que la Magdaléenne y a résidé un certain temps.
Mais qui est exactement la Magdaléenne ? Est-ce Marie
de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare ? « Il y avait un homme
malade ; c’était Lazare [150] de Béthanie [151] ,
le village de Marie et de sa sœur Marthe. Il s’agit
de cette même Marie qui avait oint le Seigneur d’une huile parfumée et lui
avait essuyé les pieds avec ses cheveux ; c’était son frère Lazare
qui était malade. » ( Jean, XI, 1-2 .) Or, cette
histoire d’onction est fort confuse dans les textes, et seul l’évangile de Luc
décrit une scène antérieure où intervient une « pécheresse » qui
pratique cette sorte de rituel sur Jésus : « Un Pharisien l’invita à
manger avec lui ; il entra dans la maison et se mit à table. Survint une femme de la ville qui était pécheresse ; elle
avait appris qu’il était à table dans la maison du Pharisien. Apportant un
flacon de parfum en albâtre et se plaçant par derrière, tout en pleurs, aux
pieds de Jésus [152] , elle se mit à baigner
ses pieds de larmes ; elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de
baisers et répandait sur eux du parfum. » ( Luc, VII,
36-38 .) La scène est pour le moins
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