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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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insolite, d’autant plus que la femme,
ici anonyme, est une « pécheresse ».
    Il faut s’interroger sur le terme « pécheresse »
que Chouraqui traduit d’ailleurs par « fauteuse ». Incontestablement,
c’est l’équivalent non pas de « femme adultère » mais de « prostituée ».
Or, dans la tradition hébraïque, la « prostitution » n’a strictement
rien de comparable avec ce qu’on entend actuellement par ce mot : se
prostituer, pour les Hébreux et pour les Juifs du temps de Jésus, c’est
sacrifier aux « faux dieux » du pays de Canaan, et particulièrement à
la « Déesse Mère » dont le culte était très répandu au Proche-Orient,
non seulement à Éphèse, sanctuaire principal de cette religion, mais dans de
nombreuses localités, et probablement à Magdala, en Galilée, le pays d’origine
de cette mystérieuse Marie. De là à imaginer que la « pécheresse » – qui,
selon Jean, est la même que Marie de Béthanie – était une prêtresse du culte de
la Déesse Mère, il n’y a qu’un pas facile à franchir.
    C’est le fameux épisode de l’ onction
de Béthanie (décrit chez Matthieu, Marc et Jean, mais absent chez Luc, où
il est remplacé par celui de la « pécheresse ») qui peut fournir un
peu de lumière sur ce point : « Six jours avant la fête de Pèssah [la
Pâque juive], Ieshoua vient à Beit-Hananyah [Béthanie], où est Éléazar qu’il a
réveillé des morts. Là, ils lui font donc un dîner. Marta sert ; Éléazar
est un de ceux qui sont à table avec lui. Miriâm prend donc un parfum, une
livre de nard pur et de grand prix. Elle en enduit les pieds de Ieshoua et les
essuie de ses cheveux. La maison se remplit des effluves du parfum » ( Jean, XII, 1-3, trad. Chouraqui ). On ne peut que
mettre en parallèle un épisode de l’évangile de Luc : « Une femme du
nom de Marthe le reçut dans sa maison. Elle avait une sœur nommée Marie qui, s’étant
assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe s’affairait à un
service compliqué. Elle survint et dit : Seigneur, cela ne te fait rien
que ma sœur m’ait laissée seule à faire le service ? Dis-lui de m’aider. Le
Seigneur lui répondit : Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour
bien des choses. Une seule est nécessaire. C’est bien Marie qui a choisi la
meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée » ( Luc, X, 38-42, T.   O.   B .)
    Le texte est précis : Marie a
choisi la meilleure part . Il n’est donc pas étonnant que ce soit à elle
que Jésus s’est manifesté, avant tous les autres, après sa résurrection. Et peu
importe si la fameuse « onction » a eu lieu chez Lazare, d’après Jean,
chez un Pharisien anonyme d’après Luc, ou chez un certain Simon le Lépreux, selon
Marc et Matthieu. Les divergences de détails dans les textes, dues à une
tradition fortement ancrée, prouvent en tout cas la réalité de cette « onction ».
Car cette onction, en dernière analyse, apparaît non pas comme un simple geste
de bienvenue mais comme un rituel sacré issu du plus lointain des temps : il
s’agit bel et bien d’une onction sacerdotale , transmettant
ainsi à Jésus quelque chose qu’il n’avait pas
encore mais qui devait être essentielle dans la mission qu’il accomplissait
chez les existants humains.
    Au début de sa vie publique, Jésus reçoit le baptême par l’eau
du Jourdain des mains de Jean le Baptiste (que Chouraqui transcrit par « Iohanân
l’Immergeur »). De qui Jean le Baptiste détient-il ses pouvoirs ? De
Yahvé, car il s’agit ici de l’initiation de Jésus à la religion hébraïque
traditionnelle, celle du Père , celle du Dieu
mâle révélé au Sinaï à Moïse. Jésus est donc le missionné, le Messiah , le Christos de Yahvé. Mais il lui manque ce quelque chose que la Magdaléenne, sous quelque nom qu’elle se cache, va maintenant lui
transmettre : en l’occurrence, puisque la mystérieuse Miriâm ne peut être
qu’une grande prêtresse du culte de la déesse des Commencements, c’est la
transmission de cette tradition féminine divine que reçoit Jésus le Nazoréen. Ainsi
sont non seulement réconciliées, mais unifiées, les deux traditions religieuses
du Proche-Orient qui, au cours de l’histoire, se sont constamment heurtées, parfois
avec beaucoup d’intolérance et de violence, comme en font état les différents
livres de la Bible hébraïque.
    Il y a un des disciples de Jésus qui ne

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