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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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s’y est point trompé.
Après l’onction, Judas l’Iscariote manifeste sa fureur, arguant que le parfum
déversé par Marie valait très cher, qu’on aurait pu le vendre et qu’on aurait pu
ainsi venir au secours de nombreux pauvres. Et l’évangéliste ajoute : « Il
dit cela non pas par souci des pauvres, mais parce qu’il est voleur. Il tient
la bourse et soutire ce qu’ils y jettent. » ( Jean,
XII, 6 .) Il fallait bien trouver une raison à la colère de Judas et
celle-ci coulait de source, puisqu’il était le trésorier du groupe. Mais c’est
une explication au premier degré, la réalité étant plus complexe. Judas
(« Iehouda l’homme de Quériot ») est certes disciple de Jésus et il
croit à sa mission, mais, comme il appartient à la secte juive des Zélotes, dont
le but est la reconquête armée du royaume de Judée au nom de Yahvé, la mission
qu’il prête à Jésus est celle d’un roi temporel. Or, témoin de l’ onction sacerdotale féminine opérée par Marie, il ne
peut retenir son indignation : Jésus a trahi non seulement l’espoir du
rétablissement de la royauté temporelle, mais également le culte exclusif du
Dieu Père. Pour lui, c’est impardonnable, et c’est alors que Judas décide de
trahir Jésus et de le livrer à ses ennemis. Et il faut bien admettre que
ceux-ci, les Scribes, certains Pharisiens et les Sadducéens, membres du Sanhédrîn,
n’attendaient que cela.
    En effet, pour eux, dans cette Palestine soumise au joug impitoyable
de l’occupation romaine, le « révolté de Dieu » Ieshoua ben Iosseph , qu’une grande majorité du
peuple considérait comme le prochain « Roi des Juifs » constituait
une menace pour l’ordre établi, à savoir un modus
vivendi entre la société juive et l’Empire romain. De nombreuses fois, devant
les provocations de Jésus, et devant ce qu’ils jugeaient comme étant autant de
blasphèmes, les Juifs traditionalistes ont voulu le lapider selon l’antique
coutume hébraïque. À chaque fois, Jésus s’est dérobé, par la fuite ou par son
extraordinaire dialectique verbale. Mais il représentait un danger permanent :
à deux jours de la Pâque, « les chefs des desservants et les anciens du
peuple se rassemblèrent dans la cour du grand desservant, le dit Caïpha. Ils se
consultent pour saisir Ieshoua par ruse et le mettre à mort. Mais ils disent :
Pas pendant la fête, pour qu’il n’y ait pas de désordre dans le peuple. »
( Matthieu, XXVI, 2-5 .)
    De toute façon, l’élimination de Ieshoua
ben Iosseph était programmée d’avance, aussi bien par Yahvé lui-même que
par les Juifs traditionalistes de l’époque : « Beaucoup de Iehoudim [Juifs]
qui étaient venus chez Miriâm, en voyant ce qu’il avait fait, adhèrent à lui. Mais
certains d’entre eux s’en vont vers les Peroushîm [Pharisiens] et leur disent
ce que Ieshoua a fait. Les chefs des desservants [prêtres] et les Peroushîm
rassemblent donc  un Sanhédrîn [153] et disent : Que
ferons-nous ? Cet homme fait beaucoup de signes. Si nous le laissons ainsi,
tous adhéreront à lui. Les Romains viendront ; ils nous prendront à la
fois le lieu et la nation. L’un d’entre eux, Caïpha, le grand desservant de
cette année-là, leur dit : Vous ne connaissez rien ! Ne vous rendez-vous
pas compte ? Il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple,
plutôt que toute la nation périsse. Cela, ce n’est pas de lui-même qu’il le dit ;
mais étant grand desservant cette année-là, il était inspiré : Ieshoua
doit mourir pour la nation ; et non seulement pour la nation mais aussi
pour rassembler les enfants d’Élohîm dispersés, dans l’unité. » ( Jean, XI, 45-52, trad. Chouraqui .) Tout est dit :
« Jésus doit mourir pour sauver la nation juive », première raison de
sa condamnation, car c’est un « révolté de Dieu » qui se dresse
contre l’autorité romaine et le fragile accord qu’ont signé les Juifs traditionalistes
avec leurs occupants. Mais il y a une seconde raison, non stipulée ici mais
visible dans d’autres textes que les évangiles placent dans la bouche de Jésus :
« La Tora et les inspirés, jusqu’à Iohanân, depuis lors, le royaume d’Élohîm
est annoncé et chacun le force » ( Luc, XVI, 16 ),
ce qui peut se transcrire ainsi : « La Loi et les Prophètes vont
jusqu’à Jean [le Baptiste] ; depuis lors, la bonne nouvelle du Royaume de
Dieu est annoncée, et tout

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