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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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l’épouse
du favori. Louise-Marguerite (la princesse de Conti) qui, non contente de
changer d’amant comme de vertugadin, avait osé conniver à l’adultère de Claude
et de Madame de Luynes en prêtant aux amants son appartement du Louvre !
    — Ma fille, ma propre fille, mon Pierre, maquerelle de
son propre frère ! Et meshui le cardinal ! poursuivit-elle en levant
au ciel ses petits bras. Le comble, véritablement ! La pire écharde dans
ma chair ! Le déshonneur de la famille ! L’indignité en robe
rouge ! La violence en plus, lui, le prêtre chrétien ! Ah ! le
beau cardinal que voilà ! Et combien l’Église de France et le pape doivent
à’steure être fiers d’un pareil archevêque !
    Ne sachant que répondre à cette harangue véhémente, je pris
une mine quasi confite, comme si c’eût été moi le coupable.
    Là-dessus, Monsieur de Réchignevoisin toqua à l’huis du
petit salon, parut et dit d’une voix qu’il tâchait en vain de rendre grave et
sonore :
    — Monseigneur le duc de Guise ! Monseigneur le duc
de Chevreuse !
    Et tandis que Madame de Guise, se souvenant enfin qui elle
était, se rasseyait vivement sur sa chaire à bras, les deux mains sur les
accoudoirs dans une attitude royale, le petit duc sans nez pénétra dans la
pièce, suivi de son cadet qui le dominait d’une bonne tête et tâchait toutefois
de témoigner par quelque nuance dans le port de tête qu’il cédait le pas au duc
régnant.
    L’un derrière l’autre, ils allèrent se génuflexer devant la
duchesse douairière de Guise, et tandis qu’ils baisaient dévotement sa main
chargée de bagues, vous eussiez cru qu’ils étaient les plus doux et les plus
obéissants des fils. Dès qu’ils se furent relevés, je fis quelques pas vers eux
et, me découvrant, les saluai l’un après l’autre à l’aune de leur respective
importance. Saluts auxquels Charles répondit avec une certaine distance –
en quoi il se montrait assez sot car cette distance, je n’aurais jamais rêvé la
raccourcir d’un pouce, sachant qu’il n’adorait que soi, ayant le cœur sec et la
fibre jalouse. Claude, en revanche, s’avançant vers moi, l’œil en fleur, me
donna une brassée véritablement fraternelle et deux forts baisers sur la joue
que, tout de gob, je lui rendis.
    Je l’aimais fort et dès l’instant que je l’avais rencontré
au bal de la duchesse de Guise, en ma quinzième année, alors qu’il n’était
encore que le prince de Joinville, titre de courtoisie et j’oserais dire de
comédie, car Joinville appartenait, en fait, à Charles. Assurément, c’était,
comme ses deux frères, un fol, mais un fol aimable. Il se paonnait puérilement
d’avoir cocué Henri IV avec la comtesse de Moret de prime, avec la
marquise de Verneuil ensuite : péché qui lui avait valu un long exil dans
le château de Marchais à la garde de son frère aîné. Ayant ainsi offensé le
père, il ne faillit pas d’offenser aussi le fils en coqueliquant avec l’épouse
du favori, adultère que notre pieux Louis n’était pas près de lui pardonner. La
seule excuse qu’il eût pu faire valoir après ces disconvenables conquêtes,
c’était que les dames, à le voir, avaient fait invariablement vers lui plus de
la moitié du chemin, car il était fort bel homme, hardi cavalier, brillant
bretteur et, à la guerre, la vaillance même.
    Dès lors qu’Henri IV s’était converti au catholicisme,
Claude l’avait servi fidèlement et après lui Marie de Médicis et meshui Louis,
ne se joignant jamais aux cabales et aux révoltes des Grands, cette fidélité,
autant que ses inouïes prouesses au siège de La Fère et d’Amiens, sous notre
Henri, lui ayant valu d’être nommé duc de Chevreuse, rare honneur pour un cadet
et, pour une fois, mérité, et par toute la Cour applaudi.
    Claude achevait à peine ces embrassements fraternels que
parut la princesse de Conti. Belle lectrice, bien savez-vous déjà que mon
étincelante demi-sœur n’entrait pas dans une pièce : elle y faisait son
entrée. Étant Bourbon par sa mère et Bourbon aussi par son défunt mari, elle
s’apensait qu’il n’y avait rien de plus haut qu’elle en ce royaume, hormis les
deux reines et Madame, et rien assurément de plus beau, seules Madame de
Luynes et Madame de Guéméné pouvant, sur ce chapitre, lui disputer la palme.
    Marchant droit à sa mère, avec un élégant balancement de son
corps, la princesse de Conti plongea en

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