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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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nous.
    — Je suis bien de cet avis, dit Claude.
    — Moi aussi, dit Louise-Marguerite qui parut comme
étonnée d’être pour une fois du même avis que son aîné.
    Comme je demeurai silencieux, la duchesse de Guise
m’envisagea alors avec attention.
    — Il n’empêche, dit-elle, que je voudrais bien savoir
de quoi il s’agit. Pierre-Emmanuel, pouvez-vous, vous qui assistez au Conseil
des affaires, m’éclairer là-dessus ?
    — Madame, dis-je, il n’est peut-être pas utile que je
dise de quoi il s’agit, puisque nous sommes tous convenus que Nevers doit avoir
tort.
    — Bien dit, Pierre-Emmanuel ! s’écria Claude en me
frappant gaillardement sur l’épaule.
    Louise-Marguerite, que la naïveté de Claude ébaudit, se mit
à rire.
    — Il n’y a pas de quoi rire, s’écria Charles.
    — Si ! dit-elle. Vous ne voyez donc pas que
Pierre-Emmanuel se gausse ?
    Le duc m’envisagea alors en sourcillant, mais comme, après
ma remarque, j’avais pris soin de prendre un air innocent, ce qui est facile
assez quand on a les yeux bleus et le teint clair, il décrût sa sœur.
    — Allons, dit-il, vous êtes folle !
    — Point tant que cela, dit Madame de Guise qui ne
faillait pas en féminine finesse. Allons, Pierre-Emmanuel, reprit-elle avec
quelque montre de sévérité. Foin de ces dérobades et de ces simagrées !
Parlez, si vous savez quelque chose !
    — Madame, il s’agit du prieuré de La Charité. La
Charité est une petite ville près de Nevers. Quiconque est abbé du prieuré est
aussi seigneur de ladite place, laquelle est importante, car elle possède un
pont sur la Loire. Le duc de Nevers a nommé le présent abbé du prieuré pour en
jouir en son nom. L’homme, cependant, vient d’être rappelé à Dieu et le prieuré
devenu vacant, Nevers se préparait à y nommer une autre de ses créatures, quand
Louis l’a revendiqué pour son propre candidat.
    — Et quel est ce candidat ? dit ma bonne marraine
en levant les sourcils.
    — Un des enfants de Charlotte des Essarts.
    — Ah ! Je hais cette embéguinée ! dit Madame
de Guise. Elle a la moitié plus de tétin qu’il n’en faut ! En outre, elle
est fort sotte.
    — Du moins doit-elle posséder quelques petits talents,
dit Louise-Marguerite, puisqu’elle a arrimé ce pauvre nigaud d’archevêque si
solidement à son bord depuis tant d’années. On conte même qu’il l’a épousée.
    — Mais c’est vrai, dis-je.
    — Comment, d’Orbieu ? dit Charles avec hauteur.
Que nous chantez-vous là ? Un cardinal marié ? C’est
impossible !
    — Il s’est marié avec Charlotte, quand il n’était
encore que cardinal-diacre. Comme vous savez, Monseigneur, il y a par toute
l’Europe et surtout en Autriche, des cardinaux-diacres qui sont en fait des
laïcs, n’ont pas le droit de célébrer la messe, mais votent, cependant, pour
élire le pape.
    — Je savais tout cela, dit Charles, qui de tout cela ne
savait pas un traître mot.
    — Un cardinal marié, dit Louise-Marguerite. Voilà qui
me ragoûte peu !
    — Ma chère, dit Charles, vous avez fait, dans votre
vie, des choses beaucoup moins ragoûtantes.
    — Paix là, Charles ! dit la duchesse de Guise,
comme elle l’aurait dit à un chien qui aboierait à contretemps.
    Charles rougit de colère qu’on osât le traiter ainsi devant
ses puînés et sa sœur, mais telle était l’autorité de la duchesse-douairière
qu’il ne pipa mot.
    — Et quel est le résultat de cette grande dispute entre
Nevers et le cardinal ? poursuivit-elle en se tournant vers moi.
    — Un procès, Madame.
    — Que Louis pourra gagner ?
    — Hélas, c’est à voir ! Le diocèse de Reims, sur
lequel règne Louis, est vraiment très, très éloigné de La Charité. Nevers a
pour lui et la proximité et des liens anciens de suzerain à vassal avec cette
place.
    — Eh quoi, d’Orbieu ! dit Charles. Donnez-vous
raison à Nevers en cette dispute ?
    — Nenni, Monseigneur, dis-je en le saluant. Un Nevers
ne saurait avoir raison contre un Guise.
    — À la bonne heure !
    — Charles, vous êtes un sot ! dit Louise d’un ton
égal.
    — Taisez-vous, ma fille, dit la duchesse en élevant la
voix. Un mot de plus et je ne vous reverrai de huit jours !
    Cette menace ne troubla guère ma demi-sœur, sa mère ne
pouvant se passer d’elle et elle-même, de sa mère. Louise-Marguerite la venait
voir tous les jours et quand elle demeurait souper à l’hôtel de Guise,

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