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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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bon dans leur vie, mais le prince de
Joinville n’est pas un vaunéant, loin de là ! Il s’est battu comme un lion
sous notre Henri aux sièges de La Fère et d’Amiens, et en ce dernier siège,
quand il a sauvé Biron du milieu de ses ennemis et l’a ramené blessé, au camp,
sa vaillance a étonné le monde !…
    — C’est vrai, dit Madame de Guise. Claude est valeureux
à la guerre mais, je le répète, dans la paix il ne vaut rien ! Depuis
qu’il a dit adieu aux armes, l’avez-vous vu faire autre chose que de se battre
en duel et courir comme fol le cotillon ? Madame de Villars !
Angélique Paulet ! La maréchale de Fervacques ! La pauvre maréchale
de Fervacques, dont il a dilapidé la fortune ! Quant à sa vaillance, elle
a été fort bien payée, puisque la régente, à ma prière, l’a fait duc de
Chevreuse, son titre de prince de Joinville n’étant qu’un bijou creux, comme
vous le savez. Et au jour d’hui voilà Claude duc et pair ! Quel prodigieux
avancement pour un cadet !
    — Mais enfin, Madame, si vous n’avez rien d’autre à
reprocher au duc de Chevreuse que de courir le cotillon…
    — Le cotillon, certes  ! comme dirait votre
père ! Mais pas n’importe lequel ! Faut-il vous ramentevoir que du
vivant de mon cousin (par ces mots négligents elle désignait Henri IV) ce
fol de Claude a eu l’audace de coqueliquer avec la comtesse de Moret !
Faire cocu le roi de France ! Voilà qui paraissait sublime à ce
cocardeau ! Si je ne m’étais pas allée me jeter aux pieds d’Henri, il lui
aurait fait épouser la Bastille et ce jour d’hui, il récidive !
    — Il récidive, Madame, criai-je béant, qu’est
cela ? L’insolent aurait-il le front d’entreprendre…
    — La reine qui est encore pucelle ? Avez-vous
perdu le sens ? Madame de Luynes lui a suffi.
    — Madame de Luynes ! dis-je non sans quelque
émeuvement. Mais elle vient tout juste de se marier et n’a pas dix-huit
ans !
    — Croyez-vous que cela gêne cette dévergognée ? Et
savez-vous qui s’est entremis pour assurer le succès de cette belle entreprise
et qui, en un mot, a prêté son propre appartement du Louvre pour parfaire ce
beau fait d’armes ? Votre sœur, Monsieur ! La princesse de
Conti !
    — La princesse de Conti ! Mais c’est folie !
m’écriai-je. Et pourquoi diantre fit-elle cela ?
    — Par esprit de vengeance.
    — Par esprit de vengeance ? Et pourquoi ?
    — Parce que Luynes lui avait dit qu’étant plus âgée que
son épouse, elle eût dû l’empêcher de faire lire à la petite reine Le
Cabinet satyrique, lequel, comme vous savez, est un recueil de vers
piquants et gaillards tout à plein dégoûtants.
    — Eh bien ? dis-je, qu’y avait-il dans ce reproche
qui pût offenser à ce point Louise-Marguerite ?
    — L’expression « plus âgée ».
    — Mais elle est exacte ! Madame de Luynes a
dix-huit ans, et ma sœur en a trente.
    — Ce n’est point parce que l’expression est exacte
qu’elle est pour cela moins offensante ! dit Madame de Guise en haussant
les épaules. Vous n’entendez rien aux femmes, Monsieur, si vous n’entendez pas
cela ! Et de reste, comment le pourriez-vous, tout confiné que vous
demeurez dans le baldaquin de votre Allemande ? On me dit même que vous
lui êtes fidèle ! Est-ce vrai ?
    — Quasiment.
    — Quelle pitié !
    — Madame, vous ne pouvez reprocher à la fois au duc de
Chevreuse de courir le cotillon et à moi de ne le point courre.
    — Je ne vous reproche rien, Monsieur, sinon qu’il vous
serait plus à honneur et conviendrait mieux à votre rang d’être l’amant de
quelque haute dame de la Cour de France. Il en est que je connais qui vous
regardent d’un œil fort languissant, le savez-vous ?
    — Madame, de grâce, ne les nommez point ! On
pourrait vous accuser de vous entremettre !
    — Monsieur, dit-elle, une larmelette apparaissant tout
soudain dans son œil bleu pervenche, si vous osez faire l’impertinent avec moi,
je jure que je ne vous reverrai de ma vie !
    — Ah Madame, de grâce ! dis-je en me levant et
m’allant jeter à ses pieds, de grâce, ne pleurez pas ! Vous allez gâcher
votre teint !
    Et lui prenant les mains, je les couvris de baisers. Je ne
sais si ce fut l’agenouillement, ou les baisers, ou la crainte de gâter ses
fards, mais la larmelette disparut de son œil en un battement de cil.
    — Il faut bien avouer, dit-elle en me caressant le
cheveu

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