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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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d’une main légère, que de tous mes fils vous êtes le plus aimable et le
plus caressant.
    Et se peut pour ne point s’émouvoir davantage, elle ajouta,
passant du coq à l’âne :
    — Vous êtes fort bien coiffé. Qui vous a fait ces
larges boucles ?
    — Louison.
    — Ah voilà donc, murmura-t-elle entre ses dents,
l’explication de votre « quasiment ». On voit bien que votre Louison
a fait ces boucles avec amour. N’est-ce pas étonnant quand on y songe ?
poursuivit-elle en levant les sourcils, ces petites gens-là ont des sentiments,
tout comme nous…
    Je trouvai la phrase admirable et je souris.
    — Riez-vous de moi ? dit-elle d’un ton hautain.
    — Non, Madame.
    — Monsieur, reprit-elle d’un air d’autorité et de
décision, asseyez-vous. Nous avons encore à parler.
    Je repris place, mais dus attendre quelque peu la suite, car
à cet instant apparut un géantin laquais qui portait, odorant et fumant, un
plat de venaison auquel Madame de Guise voulut dire deux mots avant que de
poursuivre. Pour ma part, je n’en pris point, étant repu, n’ayant pourtant
avalé que le quart de ce qu’elle avait glouti. Toutefois, je n’eus pas long à
attendre. Ma bonne marraine travailla si bien qu’il ne lui fallut pas plus de
cinq minutes pour disposer d’un fort gros morcel qu’elle fit suivre tout à trac
d’une longue lampée de vin de Bourgogne.
    Après quoi, assurée de ne pas mourir de faim avant qu’advînt
l’heure du souper, elle reprit :
    — Monsieur, j’ai des questions à vous poser auxquelles
vous me paraissez apte à répondre, étant premier gentilhomme de la Chambre et
approchant le roi tous les jours. Ce que moi-même je ne peux faire, malgré mon
rang, Louis fuyant la femme.
    — Madame, pas toujours.
    — Oui, je sais, on l’a dit coiffé de Madame de Luynes.
Mais c’était une coiffe platonique ! Qu’attendre d’un homme qui, marié
depuis quatre ans, n’a pas encore réussi à mettre sa propre épouse au
montoir ?
    — Madame, ce propos est fâcheux.
    — Je tiens les propos que je veux ! dit Madame de
Guise avec hauteur. Je suis la reine en ma maison !
    — Madame, dis-je avec un petit salut, je n’en
disconviens pas.
    — Au lieu de me tabuster, répondez donc à mes
questions, effronté que vous êtes ! Si Monsieur de Luynes apprenait qu’il
est emberlicoqué par sa femme, irait-il appeler Claude sur le pré ?
    — Madame, vous savez comme moi que Luynes ne se bat
pas. Quand il a une affaire sur les bras, il se fait remplacer par un de ses
frères.
    — Le cas est différent. La chose ici le touche au plus
vif. Il s’agit de son honneur.
    — Luynes, Madame, n’a pas l’honneur si chatouilleux.
    — En êtes-vous assuré ?
    — Tout à plein.
    — La Dieu merci ! dit-elle, Claude n’aura donc
pas, en plus, à le tuer.
    Elle dit cela comme si la chose allait de soi et elle
n’avait pas tort, Claude étant un bretteur redoutable.
    — C’est déjà bien assez, reprit-elle, outrager le roi
que de cocuer son favori ! Faudrait-il encore qu’il l’occît ? Je tremble,
je dois vous dire, que Sa Majesté n’apprenne l’infortune de Luynes.
    — Mais, Madame, il la connaît déjà.
    — Comment ? dit-elle d’une voix tremblante. Qu’est
cela ? En êtes-vous assuré ? Qui vous permet de l’affirmer ?
    — J’ai vu de ces yeux que voilà, Madame, Louis
tronçonner Madame de Luynes de la façon la plus humiliante.
    — Ciel ! S’il le prend ainsi avec elle, que
va-t-il faire à Claude ?
    — Mais rien, Madame.
    — Rien ?
    — Je l’affirme. Le roi ne fera rien contre le duc de
Chevreuse, pour la raison qu’il appartient à une des plus puissantes familles
du royaume : la vôtre, Madame. Le roi est trop sage pour transformer une
pique privée en affaire d’État.
    — Mais ne va-t-il pas garder une fort mauvaise dent à
mon fils ?
    — Bien moins mauvaise que celle qu’il gardera désormais
à Madame de Luynes.
    — Pourquoi à elle plus qu’à lui ?
    — Parce qu’il en était amoureux. À sa façon, bien
entendu.
    — En somme, dit Madame de Guise dont l’œil s’alluma
d’une lueur amusée, Madame de Luynes l’a trahi…
    — Et il est horrifié par sa trahison. À ses yeux, c’est
une Dalila. Souvenez-vous qu’il est fort pieux et qu’il est peut-être le seul à
la Cour à respecter les dix commandements et le dixième en particulier.
    Mais le bel œil pervenche de ma bonne marraine

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