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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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étaient longs comme des serres et elle les agitait dans les
airs. Soudain, elle poussa un hurlement. Les chiens geignirent et tremblèrent
comme s’ils souffraient. Elle nous regarda : je vis ses yeux de démente et
la peur s’empara de moi, car elle s’accroupit soudain et tendit le bras vers
moi, les yeux flamboyants et remplis de haine.
    — Ragnar ! cria-t-elle. Ragnar !
    Elle prononçait ce nom comme une malédiction
et les chiens se retournèrent. Je compris qu’ils bondiraient sur moi si elle
leur parlait à nouveau.
    — Je suis Uhtred ! criai-je en ôtant
mon casque pour qu’elle voie mon visage. Uhtred !
    — Uhtred ? répéta-t-elle en me
regardant, l’air soudain lucide, presque surpris. Uhtred…
    Elle semblait tenter de se souvenir de mon nom.
Les chiens se détournèrent de nous, puis elle poussa un hurlement. Il n’était
pas destiné aux chiens, c’était un gémissement qu’elle adressait aux nuages, et
soudain elle tourna sa rage sur les bêtes. Elle se baissa, ramassa des poignées
de boue qu’elle jeta sur les chiens. Elle leur parlait dans une sorte de langue
qu’ils comprenaient, et ils lui obéirent, déferlant sur le mur de boucliers qui
venait d’être rassemblé à la porte. Elle suivit en hurlant la meute gagnée par
sa fureur, et la peur qui s’était emparée de moi disparut tandis que je criais
à mes hommes de la suivre.
    Ces chiens étaient effrayants. C’étaient des
fauves dressés à tuer, et Thyra les dirigeait de ses cris. Le mur de boucliers
se rompit avant qu’ils n’arrivent sur eux. Les hommes se dispersèrent en
courant, poursuivis par les chiens. Quelques-uns, plus braves que les autres, demeurèrent
à la porte, là où je voulais précisément aller.
    — La porte ! criai-je. Thyra ! Emmène-les
à la porte !
    Elle poussa un cri rauque et aigu, et les
chiens se dirigèrent docilement vers la porte. J’ai vu d’autres chasseurs
diriger leurs chiens aussi habilement qu’un cavalier mène son cheval à coups de
genoux. Thyra avait ce don.
    Les hommes de Kjartan eurent une mort atroce. Les
chiens déferlèrent sur eux et les déchirèrent. Je n’avais pas encore vu Kjartan
ni Sven, mais je ne les cherchai point. Je voulais seulement atteindre la porte
et l’ouvrir à Ragnar. Nous suivîmes donc la meute, mais l’un des cavaliers
reprit ses esprits et cria aux hommes effrayés de nous encercler. C’était un
homme de haute taille, dont la cotte de mailles était couverte d’une cape d’un
blanc sale. Son casque couvrait son visage, mais je fus certain que c’était
Kjartan. Il éperonna son cheval et une vingtaine d’hommes le suivirent, mais
Thyra poussa un cri et autant de chiens se précipitèrent sur les cavaliers. L’un
d’eux, cherchant désespérément à les éviter, tourna bride trop vivement et
tomba dans la boue. Une demi-douzaine de chiens s’en prirent à sa monture
tandis que les autres se jetaient sur l’homme. Je l’entendis crier et je vis un
chien la patte brisée par un coup de sabot. Le cheval hennissait de terreur. Je
courus sous la pluie et vis une lance jaillir des remparts. Les hommes qui y
étaient postés tentaient de nous arrêter. Ils décochèrent leurs lances sur la
meute qui s’acharnait encore sur les derniers hommes du mur de boucliers, mais
les chiens étaient trop nombreux. Nous n’étions plus qu’à une trentaine de
coudées de la porte. Thyra et ses chiens nous avaient permis de traverser
Dunholm et l’ennemi était en proie au désarroi, quand le cavalier à cape
blanche sauta de selle et cria à ses hommes d’abattre les chiens.
    Ils formèrent un mur et chargèrent, boucliers
en avant pour se protéger des bêtes qu’ils frappaient de leurs lances et de
leurs épées.
    — Steapa ! m’écriai-je.
    Il comprit ce que je voulais et appela d’autres
hommes. Clapa et lui furent les premiers à voler au secours des chiens, et je
vis sa hache s’abattre sur un casque tandis que Thyra lançait les chiens sur le
nouveau mur. Des hommes dévalaient des plates-formes. Je compris qu’il fallait
agir au plus vite, avant que les soldats de Kjartan aient décimé la meute et se
jettent sur nous. Je vis un chien bondir et refermer sa gueule sur le visage d’un
homme, un autre hurler, une épée plantée dans la panse. Thyra criait toujours
et Steapa retenait le rempart de boucliers, mais d’autres hommes venaient le
renforcer, et en peu de temps le mur se refermerait sur les hommes et

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