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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’elle, avouai-je.
    Les deux autres nonnes, qui me regardaient
jusque-là d’un air sévère, se mirent
à glousser. Hild sourit.
    — C’était un homme, expliqua-t-elle
gentiment. Un Northumbrien qui fut le premier évêque de Wintanceaster. On se le
rappelle comme un homme fort saint et bon, et je l’ai choisi parce que tu es de
Northumbrie et que c’est ta générosité involontaire qui nous a permis de bâtir
cette maison dans la ville où saint Hedda prêcha. Nous avons fait vœu de le
prier chaque jour jusqu’à ton retour, et maintenant nous le prierons chaque
jour pour le remercier de nous avoir exaucées.
    Je ne sus que répondre. Je me souviens avoir
pensé qu’elle forçait sa voix, comme pour se convaincre elle-même autant que
moi qu’elle était heureuse, mais je me trompais. Sa voix était tendue parce que
ma présence lui rappelait des souvenirs peu agréables, et plus tard j’appris qu’elle
était vraiment heureuse. Elle se rendait utile. Elle s’était réconciliée avec
son dieu. Après sa mort, on se la rappela comme une sainte. Il y a peu de temps,
un évêque me parla de la très sainte et bienheureuse sainte Hildegyth, qui
avait été un exemple de charité chrétienne et de chasteté, et je fus méchamment
tenté de lui répondre que j’avais autrefois troussé sa sainte parmi les boutons
d’or, mais je m’en retins. Il avait certainement raison pour sa charité. Hild
me conta que le couvent de saint Hedda n’était point seulement bâti pour prier
pour moi, son bienfaiteur, mais pour soigner les malades.
    — Nous sommes occupées tout le jour et
toute la nuit. Je ne doute point qu’il y ait maints pauvres qui attendent
devant notre porte en cet instant.
    — Il y en a, confirmai-je.
    — Ces pauvres sont notre raison d’être et
nous sommes leurs servantes. À présent, narre-moi ce que j’ai prié pour
entendre, sourit-elle. Raconte-moi tout.
    Je le fis mais ne lui dis pas tout ce qui
était arrivé, passant sur les souffrances de l’esclavage, disant seulement que
j’étais enchaîné et ne pouvais m’enfuir. Je lui parlai de nos voyages, des
lieux étranges et des peuples que j’avais vus. Du pays de glace et de feu, des
grandes baleines fendant l’immense océan, de la longue rivière serpentant entre
les bouleaux et la neige… Je conclus en déclarant que j’étais heureux d’être à
nouveau un homme libre et de le lui devoir à elle.
    Hild se tut. Le lait giclait toujours dans le
seau. Un moineau se percha sur le rebord de la fenêtre, lissa ses plumes et s’envola.
Elle m’avait dévisagé pendant tout ce temps comme pour éprouver la vérité de
mes paroles.
    — Était-ce pénible ? demanda-t-elle
enfin.
    — Oui, répondis-je après une hésitation.
    — Mais tu es de nouveau le seigneur
Uhtred, et j’ai ici tes biens. (Elle fit signe à l’une des deux nonnes qui
sortit.) J’ai tout conservé pour toi, s’anima-t-elle.
    — Tout ?
    — Sauf ton cheval, regretta-t-elle. Je n’ai
pu l’emmener.
    — Witnere.
    — Je crains qu’il n’ait été volé.
    — Vraiment ?
    — Le seigneur Ivarr l’a pris.
    Je ne répondis point, car la nonne était
revenue avec un encombrant fardeau. Elle déposa à mes pieds ma cotte de mailles,
mon casque, mes bracelets, Souffle-de-Serpent et Dard-de-Guêpe. Des larmes me
vinrent aux yeux quand je me baissai pour toucher la poignée de mon épée.
    — Ta cotte de mailles était abîmée, nous
l’avons fait réparer par l’un des armuriers du roi, expliqua Hild.
    — Je t’en remercie.
    — J’ai prié pour que tu ne cherches point
vengeance sur le roi Guthred.
    — Il m’a réduit à l’esclavage, répondis-je
durement.
    Je ne pouvais ôter ma main de l’épée. J’avais
connu tant de moments de désespoir
ces deux dernières années, où je pensais ne jamais plus toucher la moindre épée…
Et pourtant, Souffle-de-Serpent était là, et je refermai ma main sur sa poignée.
    — Guthred a agi au mieux pour son royaume,
dit-elle d’un ton sévère. Et c’est un chrétien.
    — Il a fait de moi un esclave.
    — Et tu dois lui pardonner, insista-t-elle,
comme j’ai pardonné à ceux qui m’ont fait du tort et comme Dieu m’a pardonné. J’étais
une pécheresse, une grande pécheresse, mais Dieu m’a sauvée et baignée de sa
grâce pour m’en pardonner. Jure-moi donc que tu épargneras Guthred.
    — Je ne ferai nul serment, grondai-je.
    — Tu n’es point un homme mauvais.

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