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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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reverrais un jour. Puis le Dragon de Feu vira de bord, je
levai la tête vers le ciel et je pleurai. Des larmes de joie sans mélange.
    Il nous fallut trois
semaines pour parvenir à Lundene, où nous payâmes un octroi aux Danes qui
gardaient la rivière, puis deux jours jusqu’à Readingum, où nous échouâmes le Dragon de Feu et achetâmes des chevaux avec l’argent de Sverri. C’était l’automne,
les faucons étaient revenus des cieux où ils s’envolent pendant les mois d’été,
et les feuilles des chênes devenaient couleur de bronze.
    Nous partîmes pour Wintanceaster, car on nous
avait dit qu’Alfred y tenait cour. Mais lorsque nous arrivâmes, il était parti
pour l’un de ses domaines. Alors que le soleil se couchait sur les échafaudages
de la grande église que faisait bâtir Alfred, je laissai Ragnar à la taverne
des Deux Grues et me rendis à pied au nord de la ville. Je dus demander mon
chemin pour atteindre une longue ruelle boueuse entre la muraille et un mur de
bois, où était ménagée une petite porte marquée d’une croix. Deux cochons y
avaient élu domicile et des mendiants étaient accroupis dans la fange. Ils
étaient en loques, certains avaient perdu bras ou jambe, d’autres avaient des
ulcères, et une aveugle tenait un enfant apeuré dans ses bras. Tous s’écartèrent
à mon approche.
    Je frappai et attendis. Un petit judas s’ouvrit
et j’expliquai les raisons de ma venue, puis il se referma et j’attendis encore.
L’enfant pleurait et l’aveugle me tendait sa sébile. Deux femmes chargées de
fagots passèrent, suivies d’un homme menant une vache. Il inclina la tête
devant moi, car j’avais de nouveau l’allure d’un seigneur. Je portais une
cuirasse et une épée, mais ce n’était point Souffle-de-Serpent. Ma cape noire
était retenue par une lourde broche d’argent et d’ambre prise sur l’un des
hommes de Sverri ; c’était mon seul bijou, car je n’avais plus de
bracelets.
    La porte s’ouvrit et une petite femme me fit
signe d’entrer. Je me baissai pour la suivre par une cour, m’arrêtant seulement
pour essuyer la boue de mes bottes avant d’entrer dans une église. Elle s’effaça,
s’inclina en direction de l’autel en murmurant une prière, puis elle me désigna
une autre porte donnant dans une pièce nue aux murs de torchis, meublée seulement
de deux escabeaux. Je m’assis et elle ouvrit un volet pour laisser les derniers
rayons du soleil pénétrer dans la pièce. Une souris détala sur le sol, la
petite femme me laissa seul.
    J’attendis encore. Un freux croassa sur le
toit. Dehors, j’entendis le bruit régulier du lait qui gicle dans le seau de
traite. Une autre vache, mamelle pleine, attendait patiemment juste devant le
volet ouvert. La porte se rouvrit et trois nonnes entrèrent. Deux se placèrent
contre le mur opposé, tandis que la troisième me regardait en pleurant silencieusement.
    — Hild… dis-je en me levant pour l’étreindre.
    Elle leva la main pour me retenir de la
toucher. Elle continuait de pleurer, mais elle souriait à présent, puis elle se
cacha le visage dans les mains et resta ainsi pendant un long moment.
    — Dieu m’a pardonné, dit-elle finalement
entre ses doigts.
    — J’en suis heureux.
    Elle renifla, baissa les mains et me fit signe
de me rasseoir. Elle prit place en face de moi, et pendant un temps nous nous
dévisageâmes. Je songeai qu’elle m’avait manqué, non comme maîtresse mais comme
amie. J’avais envie de la prendre dans mes bras. Peut-être le sentit-elle, car
elle se redressa et prit un ton solennel.
    — Je suis désormais l’abbesse Hildegyth.
    — J’avais oublié que ton vrai nom était
Hildegyth.
    — Et il plaît à mon cœur de te voir, dit-elle
du même ton guindé. (Elle portait, comme ses deux compagnes plus âgées, une
robe grise et une ceinture de corde de chanvre, et un lourd capuchon
dissimulait sa chevelure. Elle porta la main à la croix de bois qui pendait à
son cou.) J’ai prié pour toi.
    — On dirait que tes prières ont été
exaucées, dis-je gauchement.
    — Et j’ai volé tout ton argent, ajouta-t-elle
avec un soupçon de malice.
    — Je te l’ai donné volontiers.
    Elle me raconta qu’elle avait bâti le couvent
avec l’argent du trésor et qu’il abritait désormais seize sœurs et huit laïques.
    — Nos existences sont vouées au Christ et
à saint Hedda. Sais-tu qui était Hedda ?
    — Je n’ai jamais entendu parler

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