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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ce n’est pas vrai, sourit-elle.
    — Et si je prononce les paroles magiques,
continua Ragnar, ton cheval mangera de l’herbe.
    — C’est mon cheval, corrigea Edouard.
    — Les paroles magiques ? demanda
Æthelflæd, intéressée.
    — Il faut que tu poses le cheval dans l’herbe.
    Elle m’interrogea du regard, mais je haussai
les épaules et elle se tourna vers Ragnar, qui avait l’air fort grave. Elle
décida qu’elle avait envie de voir ce prodige et posa donc précautionneusement
le cheval dans l’herbe.
    — Et maintenant ?
    — Il te faut fermer les yeux, tourner
trois fois sur toi-même très vite et crier très fort « Havacar ».
    — Havacar ?
    — Prends garde ! la prévint-il, l’air
fort alarmé. On ne prononce pas les paroles magiques imprudemment.
    Elle ferma donc les yeux, tourna sur elle-même
par trois fois, et pendant ce temps Ragnar fit signe à Edouard qu’il pouvait
prendre le cheval et courir vers la nourrice. Le temps qu’Æthelfled, étourdie, ait
crié le mot magique, le cheval avait disparu.
    — Tu as triché ! accusa-t-elle
Ragnar.
    — Mais tu as appris une leçon, dis-je en
m’accroupissant auprès d’elle comme pour lui dire un secret. Ne fais jamais
confiance à un Dane, lui chuchotai-je.
    Cela la fit sourire. Elle avait appris à me
connaître durant le long hiver humide où sa famille était réfugiée dans les
marais du Sumorsæte.
    — Qu’est-il arrivé ? dit-elle en
touchant mon nez.
    — Un homme me l’a brisé.
    C’était Hakka, qui m’avait frappé à bord de La Marchande parce qu’il croyait que je lambinais à la rame.
    — Qu’est-il arrivé à l’homme qui l’a
brisé ?
    — Il est mort.
    — Tant mieux. Je vais me marier.
    — Vraiment ?
    — À Æthelred de Mercie, annonça-t-elle
fièrement.
    Elle se rembrunit en voyant ma grimace.
    — Mon cousin ? demandai-je.
    — Est-il ton cousin ?
    — Oui.
    — Je vais être son épouse et demeurer en
Mercie. Y es-tu déjà allé ?
    — Oui.
    — Est-ce joli ?
    — Tu aimeras.
    J’en doutais, si elle épousait mon prétentieux
morveux de cousin, mais je ne pouvais guère le lui dire.
    — Æthelred met-il les doigts dans son nez ?
    — Je ne crois pas.
    — Edouard le fait, et il mange ses
crottes. C’est sale.
    Elle se pencha, déposa un baiser sur mon nez
cassé et courut retrouver sa nourrice.
    — Jolie fille, dit Ragnar.
    — C’est la gâcher que donner sa main à
mon cousin.
    — Pourquoi ?
    — C’est un petit étron outrecuidant. (Il
avait amené une poignée d’hommes à Ethandun, mais cela avait suffi à le faire
entrer dans les bonnes grâces d’Alfred.) C’est parce qu’il sera ealdorman de
Mercie à la mort de son père ; avec la fille d’Alfred pour épouse, cela
unira la Mercie au Wessex.
    — Il y a trop de Danes en Mercie, dit
Ragnar. Les Saxons n’y régneront plus jamais.
    — Alfred ne gâcherait pas sa fille pour
la Mercie s’il ne pensait pouvoir y gagner quelque chose.
    — Pour gagner quoi que ce soit, il faut
être brave. On ne peut écrire et gagner, on doit prendre des risques. Et Alfred
est trop prudent.
    — Tu le penses vraiment ?
    — Bien sûr.
    — Pas toujours.
    Je n’achevai pas, me demandant si je devais
lui confier le fond de ma pensée. Mon hésitation éveilla sa curiosité. Je
cachais quelque chose.
    — Et ? demanda-t-il.
    J’hésitai, puis je jugeai qu’une vieille
histoire ne pouvait nuire à personne.
    — Te rappelles-tu cette nuit d’hiver à
Cippanhamm, quand Guthrum était là, que vous pensiez tous que le Wessex était
tombé et que nous avons bu ensemble dans l’église ?
    — Bien sûr que je m’en souviens.
    C’était l’hiver où Guthrum avait envahi le
Wessex, et apparemment gagné la guerre car l’armée saxonne était dispersée. Quelques
thanes avaient fui à l’étranger, beaucoup avaient fait la paix avec Guthrum, tandis
qu’Alfred se terrait dans les marais du Sumorsæte. Pourtant, Alfred, bien que
défait, n’était pas brisé ; il avait tenu à se déguiser en harpiste pour
se rendre secrètement à Cippanhamm espionner les Danes. Cela avait failli se
terminer en catastrophe, car Alfred n’était point de l’étoffe des espions. Je l’avais
sauvé ce soir-là, lorsque j’avais découvert Ragnar dans l’église royale.
    — Te rappelles-tu, continuai-je, que j’avais
avec moi un serviteur qui est resté assis au fond de l’église, son capuchon
rabattu sur

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