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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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montés… Soudain, la porte de la voiture s’ouvre, un jeune Jésuite que nous ne connaissions pas monte d’un bond, klaxonne, met plein gaz et démarre. Je ne fais qu’une prière   :
    — Seigneur, que tout aille bien   !
    Nous arrivons rapidement au premier cordon de sentinelles. Il se retire, car il avait vu l’auto entrer dans le camp   ; au bout de cent mètres nous traversons le second cordon de sentinelles. Nous sommes libres   !
    À toute vitesse, nous filons maintenant sur les routes, en pleine nuit.
    Au bout de dix minutes environ, notre chauffeur aperçoit dans le rétroviseur une auto de tourisme qui nous suit. Des S.S. qui nous poursuivent   ? Nous n’en savons rien. On pousse le camion tant qu’on peut finalement la voiture reste en arrière. Après un grand détour sur les routes bavaroises où nous rencontrons partout des troupes qui se cachent des Américains, nous atteignons vers une heure du matin le lac de Starnberg et une maison de notre Ordre. Après les premières salutations et le premier repas, nous tombons épuisés dans nos lits et nous nous endormons. Je ne me repose guère. En rêve, se poursuivent les événements des derniers jours. Nous marchons sur les routes, les morts s’entassent en montagnes à droite et à gauche   ; soudain, je suis assis dans une auto… ceux qui sont à notre poursuite s’approchent ils nous rattrapent, des coups de feu… nos pneus ont l’air d’avoir été atteints, la voiture ralentit, s’arrête, nous sautons dehors, alors les S.S. viennent sur nous avec le revolver, tirent un coup de feu… mais je me réveille… Le clair soleil du matin brille dans ma chambre. Où suis-je   ? Vers midi nous célébrons la messe dans nos chambres (nous devions encore rester cachés). C’est dimanche, la veille du 1 er  mai. Nous cœurs débordants font monter vers le trône de Dieu notre reconnaissance.
    Tandis que nous pouvions à peine concevoir notre bonheur, les jeunes Jésuites travaillent déjà à un nouveau plan. S’il réussit, ils auront vraiment réalisé un coup de maître. Ils repartent après minuit, ayant chargé dans le camion mille pains et dix bouteilles de schnaps. Hier, les S.S. les avaient arrêtés en route à l’aller et leur avaient commandé de charger sur leur voiture des Russes agonisants. Ainsi avaient-ils pénétré, pour ainsi dire, officiellement dans le campement. Cela réussirait-il une deuxième fois   ?… Vers 2 heures du matin, coup de klaxon à l’entrée du campement, la sentinelle S.S. bondit   :
    — Nous désirons parler au commandant du camp   !
    Au bout de quelque temps paraît le grand chef.
    — Heil Hitler   ! Nous venons de la part du commandement suprême des S.A., disent-ils, faisant le salut hitlérien et montrant le ciel comme il se devait.
    Ils désignent le camion   :
    — Nous apportons du ravitaillement pour le camp et voici quelque chose pour vous   !
    Ils lui mettent dans les mains trois bouteilles de schnaps.
    — Nous avons, en outre, l’ordre de mener les prêtres malades à l’hôpital secondaire de Pullach.
    Pullach était un collège de notre Ordre où, effectivement, un hôpital secondaire avait été placé depuis quarante-huit heures lorsque s’était retiré le quartier général qui se trouvait là. Le commandant, dans sa joie de toucher trois précieuses bouteilles, a-t-il compris cela   ?
    — Déchargez seulement le pain.
    Les rôles sont bien partagés   : l’un reste à s’entretenir avec le commandant afin d’étouffer dans l’œuf tout soupçon, un autre décharge lentement le pain   ; le chauffeur reste au volant prêt à partir de suite en cas de besoin. Cependant le quatrième cherche les prêtres allemands. Ce n’est pas une petite affaire parmi les huit mille hommes qui dorment. Il finit par en trouver un qui réveille les autres   ; ainsi peut-on en recueillir vingt. Tout paraît réussi lorsqu’arrive un S.S. qui, probablement, a dû tout observer de la forêt   :
    — Tonnerre   ! vous avez monté ça d’une façon géniale   ! Dans une demi-heure, je me « barre » aussi   !…
    Ils font un clin d’œil, sautent en voiture, démarrent, vive la liberté   !… Dieu nous a conservé la vie et nous en a fait don à nouveau   ; nous lui devons toute notre reconnaissance. Deo gratias   !
    *
    — Les 27 et 28 avril (243) arrivèrent dans le camp de Dachau deux convois de déportés venant de Buchenwald. Ils avaient enduré treize

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