Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
tant pis pour ce qui en résultera pour lui – Gérald va trouver le kommandant du camp. « – Il y a un mort dans mon block. C’est un Français qui a demandé qu’on l’enterre comme en France. » Le S.S. est interloqué d’une pareille proposition   ; mais aussi droit qu’il peut se tenir, Gérald attend. À la surprise générale, il obtient satisfaction. Après le travail, on creusera la tombe et, à la nuit, on enterrera Méchin. L’heure venue, le cortège s’organise. La tempête fait rage. Gérald marche en tête. Sur les épaules de ses camarades, le léger squelette est porté nu sur une longue planche. Le fils Méchin et son cousin Brossard conduisent le deuil. Une sentinelle, mitraillette au côté et torche au poing, les suit « pour voir et se rendre compte ». Sur le bord de la tombe l’abbé récite lentement la prière du Seigneur   : « Notre Père… que votre volonté soit faite… Délivrez-nous du mal… »
    Promesse tenue.
    La semaine suivante.
    Un Russe s’affale sur le chantier. L’abbé Amyot l’allonge contre le fossé et le recouvre de son mince manteau. La sentinelle ordonne au prêtre de reprendre son manteau. Il refuse. Le S.S. enlève son imperméable et en recouvre le Russe.
    La semaine suivante.
    Jules Haas joyeux   :
    — J’ai trouvé des raisins de Corinthe.
    — Nous pourrons fêter Noël.
    En cette nuit de Noël 1944, une vingtaine de déportés se réunissent dans les lavabos. L’abbé courbé sur son bâton entre le dernier   :
    — Bonsoir frères… C’est chic hein   ? de se retrouver comme cela   ! C’est Noël, le Seigneur va venir avec nous tout à l’heure, comme à Bethléem… Il est chic aussi le bon Dieu… Nous sommes un peu comme des bergers, mais eux ne savaient pas, ne pouvaient pas connaître tout ce que nous comprenons. »
    La messe.
    La communion.
    La dernière messe.
    Gérald meurt d’épuisement le 27 janvier.
    *
    Frère Birin prie pour ses camarades russes qui, demain 10 mars 1945 vont être pendus. Les S.S. ont groupé les vingt déportés dans une même cellule. À 19 heures, les S.S. partent pour la cantine, abandonnant le bunker à la surveillance d’un seul gardien. Les Russes démontent la planche du lit.
    — Ils frappèrent (146) à la porte de la cellule comme s’il s’y passait quelque chose de spécial. Le S.S. vint ouvrir et fut assommé d’un coup de planche   ; malheureusement, il eut encore la force de tirer quelques coups de revolver qui donnèrent l’alerte. Les S.S. accoururent et tuèrent les détenus, sauf les cinq ou six seulement qui s’étaient échappés du couloir. Une chasse à l’homme commença dans le camp. Un seul ne fut jamais retrouvé. Au fur et à mesure que les fugitifs étaient ramenés au bunker, les S.S. les assommaient à coup de matraque dans le couloir. Vers 22 heures, les S.S. accompagnés de leurs chiens, entrèrent dans toutes les cellules et nous firent sortir en nous frappant. Ils firent déchausser tout le monde, prirent les chaussures et les couvertures, démontèrent la planche servant de lit, puis nous firent rentrer dans nos cellules à coups de cravache. Bientôt après, les S.S. réapparaissaient sous la conduite de Sanders, afin de choisir les otages. Treize détenus furent pris dans ma cellule   ; j’étais du nombre. On nous mit dans la bouche un morceau de bois lié très fort sur la nuque par un fil de fer. Nous étions placés par rangs de cinq et j’étais au troisième rang.
    — Au moment de passer à la potence, je fis signe que je voulais parler. Je fus aperçu par Sanders qui avait mené les interrogatoires du bunker. Il me fit sortir du rang en hurlant   : « Mais ce cochon n’a pas encore causé, il parlera d’abord et, ensuite, on le pendra. »
    — Je ne dus la vie qu’à un réflexe in extremis mais, hélas, à ma place, le S.S. qui me reconduisit en cellule prit le premier Russe qui lui tomba sous la main. Plus que jamais, le régime de terreur régna dans la prison, de ce jour jusqu’au 20 mars, date des dernières pendaisons russes. Sanders tint parole, il voulut me faire parler et c’est ainsi que je passai la nuit du 10 au 11 mars tantôt sous les coups, tantôt sous les douches. Malgré tout, j’eus le courage, grâce à Dieu, de ne point parler. Mon devoir était de ne compromettre personne. Heureusement, pour moi, l’avance des Américains fut rapide et j’échappai à d’autres interrogatoires d’où je ne

Weitere Kostenlose Bücher