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Les souliers bruns du quai Voltaire

Les souliers bruns du quai Voltaire

Titel: Les souliers bruns du quai Voltaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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général.
    Jeudi 6 janvier . Rendu le Traité des confitures à Euphrosine Pignot. Nous avons trinqué chez Moraille . Ce soir réunion des Croque-Fruits chez moi. Seront de la partie Chantal D., Annie C., Angélique F. Nous comparerons nos recettes, je leur distribuerai des cadeaux gustatifs qu’elles apprécieront. Miam, j’en salive à l’avance.
    Samedi 8 . Quai Voltaire. Croisé Angélique F. qui nous a évitées hier soir. Je lui ai passé un savon. Acheté une bricole à Moizan.
    Dimanche 9 . Grasse matinée. Rêvé que le général m’emportait à moitié dévêtue sur son palefroi. Déjeuné sur le pouce chez Moraille , andouillette frites. Sieste.
    Fiasco ? Non ! Inutile de céder à la panique. Ces échecs successifs résultaient d’un comportement erroné, trop de hâte, pas assez de réflexion. Les noms mentionnés… Il suffisait de repartir du bon pied, le combat serait livré jusqu’à son terme.
    1 - Voir Mystère rue des Saints-Pères , 10/18, n° 3505.

    2 - Paroles prononcées par Jeanne d’Arc le 12 juin 1429, à la bataille de Jargeau.

Chapitre V
    Mardi 11 janvier
     
    Attablé dans la cuisine de l’appartement de Kenji, Joseph repoussa son assiette garnie d’une énorme part de barbue sauce normande aux navets et se plongea dans la lecture de journaux périmés. Un fait divers du Passe-partout retint son attention.
    — Ah ça, Mélie, on se met à trucider des libraires, à présent ! On aura tout vu. Ça s’est passé quand ?… Mazette, la nuit de la Saint-Sylvestre !… Il y a onze jours… Ben, mon colon ! Je découpe et je colle dans mon carnet.
    Son imagination se mit à galoper.
    —  Meurtre à la Saint-Sylvestre . Non, on dirait une recette de cuisine. Noël sanglant , c’est mieux, ou encore Mortel réveillon . Oui ! Voilà un titre alléchant pour un futur feuilleton ! Cela pourrait commencer comme ça, écoutez, Mélie : « L’homme-sandwich ricana et marqua un temps d’arrêt au seuil de l’habitation ténébreuse… »
    — Oh ! quelle inventivité, m’sieu Joseph, j’en ai les poils de la nuque qui se dressent !
    — Ouais ! Il n’y a plus qu’à composer la suite.
    La porte s’ouvrit brutalement, Euphrosine s’encadra dans le chambranle.
    — Maman ! Tu m’as rapporté le Traité des confitures ?
    — Mange, mon minet, il faut que tu manges, tu ressembles à une endive !
    — Je déteste le poisson, ça grouille d’arêtes, je déteste les navets, c’est fadasse, ça me débecte. Maman, où est-il, ce traité ?
    — J’te jure que tu l’auras demain, mon minet. Et puis quelle idée de travailler autant, tu désertes ton foyer !
    — Ces messieurs font l’inventaire pour le catalogue de printemps de M. Mori.
    Euphrosine, l’œil en monocle, considéra Mélie qui feignait de récurer une casserole.
    — Vous, la bonniche, on vous a sonnée ? Cessez de chantonner en sourdine ! Je vous avais spécifié de mitonner des menus carnés !
    Mélie fit mine d’être captivée par les trous d’une écumoire.
    Afin de détendre l’atmosphère, Joseph enfourna une bouchée, puis il revint à l’assaut.
    — Nom d’un chien, maman, tu te rends compte de la situation où tu me mets ? Il me faut ce livre !
    — J’en ai assez de me faire gronder pour un oui pour un non ! Me crie pas dessus, j’ai de la fièvre, je n’en peux plus !
    — T’es malade ?
    — Je suis à l’agonie, et toi, toi… Jésus-Marie-Joseph ! Je vais claquer, tu seras tranquille.
    Mélie leva les yeux au ciel.
    — Si encore ça pouvait être vrai, murmura-t-elle en aparté.
    Et, haussant le ton :
    — Moins fort, vous deux, y a du monde en bas.
    Une voix de femme leur parvenait de la librairie.
    — C’est bizarre, on dirait qu’elle jappe, conclut-elle. Monsieur Joseph, sans vous commander, faudrait reconduire votre maman à son logis. Passez par l’immeuble, on ne vous verra pas.
     
    — Chérubin ! Belinda ! Voulez-vous bien ne pas mordiller le pantalon de M. Legris ! ordonna Raphaëlle de Gouveline à un schipperke mâle et à un bichon maltais femelle assiégeant l’escabeau sur lequel s’était juché Victor.
    Leur maîtresse enleva son manteau à épaulettes et plaqua contre sa robe les animaux moulés dans des tubes de fourrure.
    — Ah, cher ami, je suis soulagée de me réfugier un instant chez vous, quel bonheur qu’il n’y ait personne, j’ai tellement besoin de calme !
    — Vous avez de la chance

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