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Les souliers bruns du quai Voltaire

Les souliers bruns du quai Voltaire

Titel: Les souliers bruns du quai Voltaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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du livre remis par erreur à Euphrosine et caché par ses soins dans la remise. Il brûlait d’impatience à la perspective de l’examiner à loisir. Il le montrerait à Victor ultérieurement. Il lui secoua le journal au nez.
    — Et ce macchabée sans caboche du quai Voltaire ? Vous êtes au courant, c’est donc que… Mon parrain n’est pas soupçonné ?
    Victor toussota.
    — Fulbert est dans la poisse. On a fourré le décapité à l’intérieur d’une de ses boîtes, c’était… impressionnant.
    — Vous vous êtes bien gardé de me raconter ça ! Mon parrain était lunatique au restaurant, mais jamais je ne me serais douté…
    — Pourquoi gâcher votre anniversaire ? Fulbert est bouche cousue, aussi pas un mot à votre mère, elle est assez chamboulée. Et puis c’est la reine des commères.
    — Je vous interdis de médire de maman.
    « Il a raison », pensa-t-il en talonnant Victor jusqu’à la table trônant au centre de la boutique. Machinalement, il saisit son plumeau et dépoussiéra les livres éparpillés sur le tapis vert protégeant le bois.
    — Mordez-vous la langue et ne répétez à quiconque ce que je viens de vous confier, les indiscrétions sont redoutables en période de crise.
    — Ces deux forfaits… Ils ont un rapport, selon vous ?
    — Je l’ignore, et je préfère ne pas chercher à en apprendre davantage. Valmy est sur le coup et il éprouve à mon égard une sympathie plus que modérée. Inutile de prendre trop de risques. Votre famille, la mienne…
    Victor atermoya et finalement décida d’avouer à Joseph que le corps du décapité était imprégné d’une odeur caramélisée.
    — Bravo ! Si vous omettez des détails de cette importance, comment espérer qu’on progresse ! protesta celui-ci, choisissant d’attaquer plutôt que d’admettre ses torts. Caramélisé… J’ai une idée pour mon futur roman, Mortel réveillon . Le héros serait un diabétique en manque de sucre !
    — C’est malin ! Au fait, est-ce vous qui m’avez parlé de la mort d’un libraire en chambre ?
    — Cela n’a pas eu l’air de vous enthousiasmer.
    — Il était ligoté avec de la ficelle, je ne me trompe pas ?
    — Oui, pourquoi ?
    — Auriez-vous conservé l’article ?
    — Il est dans mon calepin. Dites, vous croyez que…
    — Je ne crois rien, après avoir parcouru le compte rendu, je voulais être certain que ce Sosthène Larcher ne faisait pas partie de nos relations.
    Victor adopta une expression impavide tandis qu’il s’efforçait de tout remettre en ordre dans son mental.
    « Les pièces d’un jeu de patience, il n’y qu’à les assembler. »
    L’esprit de Joseph abritait deux Jojo en réduction. L’un exigeait qu’on se précipitât dans cette enquête au parfum de marmelade, son double tergiversait sous prétexte que deux braves pères de famille n’avaient pas le droit de côtoyer de nouveaux abîmes.
    — N’empêche, ce serait intéressant de s’enquérir des intimes de Mme Lacarelle. Selon ma mère, elle avait créé un club destiné aux amateurs de confitures, les Croque-Fruits.
    — Vous semblez détenir des informations que vous distillez au compte-gouttes.
    — Laissez-moi le temps. Ma mère connaissait deux des membres de ce club, une nommée Chantal, vendeuse dans une boulangerie, et une modiste.
    — Si vous ignorez leurs identités, je vous souhaite du plaisir.
    — J’avoue que les boulangeries, il y en a à foison, mais la modiste crèche rue de Paradis, elle pourra nous renseigner. Cessez de me considérer comme un bleu. Il faut que je vole à la rescousse de mon parrain, j’imagine à quel point il est inquiet. Qu’il ait festoyé avec nous hier soir ne lui procure hélas aucune protection puisque c’est dans la journée que la découverte du décapité a eu lieu. Il est bel et bien suspect ! En plus, ma mère a évoqué l’engouement de Philomène pour les bouquinistes, de là à supputer que Fulbert la fréquentait assidûment… Deux meurtres, vous réalisez !
    — Deux meurtres ! Mazette ! s’exclama Kenji, figé à mi-hauteur de l’escalier à vis.
    — Je causais de mon prochain feuilleton, répondit Joseph d’un ton désinvolte.
    — Vous me prenez pour un imbécile ? Le cadavre du décapité dans les boîtes de votre parrain fait la « une » de tous les canards. Qui est la première victime ?
    — Une femme.
    — Son nom ?
    — Je ne sais pas.
    — Un conseil, freinez

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