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Les spectres de l'honneur

Les spectres de l'honneur

Titel: Les spectres de l'honneur
Autoren: Pierre Naudin
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allons à lui sans qu’il le sache, nous le prendrons bien lui et ses gens en tel part et si dépourvu que nous en aurons l’avantage, et seront déconfits, je n’en doute mie. » Le conseil de messire Bertrand fut tenu et ouï. Et se partit ledit roi, sur un soir, de l’ost, en sa compagnie tous les meilleurs combattants par élection qu’il eut ; et laissa le demeurant de son ost en la garde du comte don Tello son frère 355 et puis chevaucha outre. Et avait ses espies allants et venants qui savaient et rapportaient soigneusement le convine du roi don Pèdre et son ost ; et le roi don Pèdre, ne savait rien du roi Henri, ni qu’ainsi il chevauchât contre lui ; de quoi il et ses gens en chevauchaient plus épars et en plus petite ordonnance. Et advint que sur un ajourner le roi Henri et ses gens durent encontrer le roi don Pèdre et ses gens qui cette nuit avaient couché en château assez près de là, appelé Montiel, et l’avait le sire de Montiel recueilli et honoré ce qu’il pouvait. Si en était au matin parti et mis au chemin, et chevauchait assez éparsement ; car il ne croyait mie être combattu en ce jour. Et vinrent soudainement à bannières déployées, et tous pourvus de leurs faits, le roi Henri, le comte Sanche, son frère, qui avait relenqui le don Pèdre, messire Bertrand du Guesclin par lequel conseil tous ils ouvrèrent, messire Le Bègue de Vilaine, le vicomte de Rocaberti, le vicomte de Rodez et leurs troupes, et étaient bien six mille combattants, et chevauchaient tous serrés de grand randon et s’en viennent férir de plein élan, de grande volonté et sans faire nul parlement ès premiers qu’ils encontrèrent en criant :
    « Castille au roi Henri et Notre-Dame-Guesclin ! »
    Si reculèrent et abattirent ces premiers roidement et merveilleusement qui furent tantôt déconfits et reboutés bien avant. Là y eut plusieurs d’occis et de rués par terre, car nul n’était pris à rançon ; et ainsi était ordonné du conseil messire Bertrand du Guesclin dès le jour devant, pour la grande quantité des mécréants, juifs et autres qui là étaient. Quand le roi don Pèdre entendit ces nouvelles, que ses gens étaient assaillis, envahis et reboutés vilainement de son frère le bâtard Henri et des Français, si fut durement émerveillé et vit bien qu’il était trahi et déçu et en aventure de tout perdre ; car ses gens étaient moult épars. Néanmoins, comme bon chevalier et hardi qu’il était et de grand confort et entreprise, il s’arrêta tout coi sur les champs et fit sa bannière développer et mettre avant pour recueillir ses gens et envoya dire à ceux de derrière qu’ils se hâtassent de marcher avant, car il se combattait aux ennemis. Donc s’avancèrent toutes manières de bonnes gens et se rendirent pour leur honneur devers la bannière du roi don Pèdre, qui ventilait sur les champs. Là eut grande bataille, dure et merveilleuse, et maint homme renversé par terre et occis du côté du roi don Pèdre ; car le roi Henri, messire Bertrand et leurs troupes les requéraient de si grande volonté que nul ne durait contre eux. Mais ce ne fut mie sitôt achevé ; car ceux du roi don Pèdre étaient si grande foison que bien six contre un ; mais tant y avait de mal pourvus qu’ils furent pris sur un pied que ce les déconfisait et ébahissait plus qu’autre chose.
    Cette bataille des Espagnols l’un contre l’autre et des deux rois et leurs alliés, assez près du château de Montiel, fut en ce jour moult grande et moult horrible. Et y firent du côté des Français maintes grandes apertises d’armes, et bien leur était besoin ; car ils trouvèrent contre eux gens assez étrangers, tels que Sarrazins et Portugais. Car les juifs qui là étaient tournèrent tantôt le dos, ni point se combattirent ; mais ce firent ceux de Grenade et de Ben-Marin, et portaient arcs et archigaies 356 dont ils savaient bien jouer et dont ils firent plusieurs grandes apertises d’armes de tirer ou de lancer. Et là était le roi don Pèdre, hardi homme durement, qui se combattait moult vaillamment et tenait une hache dont il donnait les coups si grands que nul ne l’osait approcher. Là s’adressa la bannière du roi Henri, son frère, devers la sienne, bien épaisse et bien pourvue de bons combattants, en écriant leurs cris et en boutant fièrement de leurs lances. Lors se commencèrent à ouvrir ceux qui delez le roi don Pèdre étaient et à ébahir
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