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Les templiers

Les templiers

Titel: Les templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Daillez
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Temple fut inspirée par une autre observance.
    On y trouve les grandes directives de la Règle de saint Augustin et, si le texte du Temple prévoit certains points particuliers, il ne s’en réfère pas moins à l’évêque d’Hippone. L’intention des premiers frères était de vivre en communauté dans un but déterminé, tout comme saint Augustin le désirait pour ses clercs. Ce point commun, qui est d’ailleurs la base de toute la vie monastique occidentale, et qui figure aussi dans la Règle de saint Benoît, s’explique par le fait que la vie de communauté était considérée comme l’école de la charité. Les Templiers seront, à ce sujet, d’une très grande sévérité. Dès le prologue de la Règle, saint Augustin fait de la charité un fondement. C’est l’amitié totale et permanente de sentiment, de pensée et d’adoration. Dès les débuts de l’Ordre, le frère du Temple perd sa qualification de riche ou de pauvre. On remet dans la caisse commune ce que l’on possède. Les richesses des uns deviennent le bien de l’ensemble. La vie de chacun est assurée par le dépouillement de tous. Ainsi, les barrières tombent, les préjugés sont anéantis, les masques jaloux, arrogants, hypocrites et usurpateurs sont arrachés.
    Dès la fin du XIIe siècle, les Templiers ajoutent à la Règle primitive, ce code juridique et disciplinaire à la fois, rude, mais épris de paix, de charité, à la lumière des grands législateurs et principalement de saint Augustin et de saint Benoît. Si l’évêque d’Hippone s’adresse uniquement à des clercs, le législateur templier s’adresse à tous. Les pauvres chevaliers du Christ s’installent dans une période de l’histoire couronnée par le triple fleuron ecclésiastique des abbayes, des cathédrales et des croisades. Saint Augustin fait œuvre de clerc   ; les Templiers, œuvre de laïcs. Là est l’important, et il en sera ainsi jusqu’à leur dissolution. Pas question de Règle secrète ou d’initiation stupide. Guillaume de Beaujeu le dit lui-même dans une lettre adressée au roi d’Angleterre, et Jacques de Molay le laisse sous-entendre dans la lettre adressée à Édouard d’Angleterre   : il est soumis au Chapitre Général de son Ordre et celui-ci se réunit à Montpellier. Le procès- verbal nous en est conservé.
    Néanmoins, malgré certains traits caractéristiques des deux législateurs, la Règle du Temple est beaucoup plus près de celle de saint Benoît. Les journées y sont ordonnancées avec autant de précision. Seule différence, le législateur des bénédictins s’appuie sur des préceptes contemplatifs tandis que le Temple, équilibrant la contemplation et l’action, se montre beaucoup moins liturgique, tout en conservant, à l’intérieur même des maisons, une observance monastique.
    Cet ensemble de règles prouve que les Templiers étaient des religieux à part entière. Au cours de sa brève histoire, l’Ordre du Temple, comme le dira Don Dinis, roi de Portugal, servira Dieu et la foi chrétienne.
    Le frère du Temple est donc, en premier lieu, un moine. Ensuite, un soldat qui sanctifie l’ordre militaire dont il garde et conserve le souvenir.
    Dans cette Règle, on ne retrouve pas l’inspiration des grands recueils des spiritualités d’Orient ou d’Occident. Les connaissances érudites font défaut. Le code disciplinaire est le reflet du moment, de l’époque.
    Malgré une grande abondance de détails, la Règle du Temple a une importante vertu   : la discrétion. Dans tous les cas, elle reste humaine et modérée. Le bon sens, la douceur donnent le sentiment qu’aucune austérité extraordinaire ne vient troubler la vie du Templier. Tout est prévu, le nécessaire du corps, une nourriture et un sommeil suffisant, compte tenu du rôle actif des frères. La Règle n’est pas conçue pour des champions de l’austérité et encore moins pour une élite intellectuelle. Le Maître doit, avant toute chose, tenir compte de la faiblesse humaine. Il dispose des frères, certes, mais il doit les traiter avec charité. D’ailleurs, le texte de la Règle ne dit-il pas   : « Mais le Maître qui doit tenir dans sa main le bâton et la verge – le bâton pour soutenir les faiblesses et les forces des autres, la verge de laquelle il doit corriger les vices de ceux qui fauteront – pour l’amour du droit, étudier la chose qu’il doit faire.   »
    La sagesse condamne donc l’exclusive et les rigueurs.

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